Sa vie dans un camp de réfugiés au sud de Beyrouth est marquée par la
violence, les pénuries et la pauvreté, mais pendant quelques jours
cette semaine, Rayane, Palestinienne de 11 ans, peut se détendre sur un
terrain de football, avec un entraîneur envoyé par le club anglais
Manchester City.
"Quand je joue au football, j’oublie tous mes problèmes", explique la
fillette dans un sourire, avant de s’élancer sur le terrain poussiéreux
où Alan Dixon, entraîneur d’un centre de formation aux couleurs de
Manchester City au Liban, dirige les sessions.
Rayane fait partie des 200 footballeurs en herbe palestiniens et
libanais âgés de 6 à 17 ans invités pendant quatre jours à s’initier aux
techniques des stars mais surtout à prendre le temps de s’amuser un
peu.
"Dans le camp de Burj el-Barajneh, il y a beaucoup de combats de
rue, et l’électricité est tout le temps coupée", raconte Rayane, qui
fait partie des 280.000 réfugiés palestiniens installés au Liban, selon
l’UNRWA, le bureau de l’ONU chargé de les soutenir.
Les enfants ont peu d’espaces de jeu dans ces camps crasseux, mais
Rayane doit aussi affronter un obstacle supplémentaire : "Certains
disent que les filles ne devraient pas jouer au football. Mais on s’en
fiche".
D’autres leur disent de ne pas se mêler aux enfants libanais, mais
"le football c’est pour tout le monde. C’est ça qui me plaît le plus",
assure-t-elle.
Sous un soleil qui tape, garçons et filles travaillent en petits
groupes sur des exercices destinés à améliorer leurs dribles et leurs
passes, avant de disputer un match. Ils apprennent aussi à jouer en
levant la tête pour garder un oeil sur le terrain, et à communiquer
rapidement pendant le jeu.
"Ce qui m’a impressionné, c’est que j’ai vu du très bon football ces
derniers jours", affirme Alan Dixon, ancien défenseur du club anglais
Oldham Athletic FC, pour qui les enfants sont en train d’apprendre
beaucoup plus que juste des techniques de football.
"On apprend beaucoup de choses de la vie à travers le football",
explique-t-il. "On fait partie d’une équipe, et on doit traiter avec des
personnes différentes. On a besoin de communiquer".
Pour l’entraîneur, le football donne aux enfants un sentiment de
confiance, qui manque souvent chez ceux qui grandissent dans des
situations marginales, stressantes.
"Les camps de réfugiés palestiniens au Liban sont privés de nombreux
droits fondamentaux", selon l’UNRWA, qui s’est associée avec Manchester
City pour cet entraînement.
Systématiquement marginalisés dans ce petit pays de la Méditerranée,
les Palestiniens "éprouvent de grandes difficultés dans leur vie
quotidienne", souligne l’Unrwa sur son cite internet.
Les conditions de vie sont "stressantes dans les camps, où beaucoup
de gens vivent dans des habitations surpeuplées", note Hoda el-Turk,
responsable de la communication à l’UNRWA. "En l’absence d’espaces de
récréation, les enfants n’ont aucun moyen de faire face au stress de
leur environnement".
Guy al-Haj, un joueur libanais qui entraîne aux côtés d’Alan Dixon,
explique que les enfants jouent bien, en raison notamment des
difficultés qu’ils affrontent dans leur vie de tous les jours.
"Ils ne craignent rien, ils jouent dur, ils se jettent au sol, et
font tout pour s’améliorer", affirme-t-il. "La plupart des stars du
football professionnel sont issus de milieux défavorisés",
remarque-t-il.
Même si cette activité ne dure que quelques jours, pour les enfants
c’est "un rêve devenu réalité", estime Iman Omaiss, mère de trois jeunes
footballeurs libanais de 14, 12 et 10 ans, qui arrivent sur le terrain
vêtus de t-shirts jaunes de l’équipe du Brésil.
"J’attendais cet entraînement depuis des mois", explique son fils Hussein, 12 ans.
"Nous avons appris à mieux jouer et nous nous sommes bien amusés, mais nous avons aussi appris à accepter la défaite".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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