L’ouverture de la sépulture de Yasser Arafat pour réaliser des
prélèvements sur sa dépouille, qui repose à Ramallah depuis sa mort en
2004, sera la prochaine étape décisive de l’enquête ouverte en France
après la plainte de sa veuve soupçonnant un empoisonnement au polonium.
La commission d’enquête palestinienne sur la mort d’Arafat a signifié
mercredi son "accord" à la venue des trois juges français chargés fin
août d’une enquête contre X pour assassinat.
Ces magistrats ont entrepris "les démarches nécessaires" pour se
rendre à Ramallah, afin que "des experts de la police scientifique
française" puissent "très prochainement" réaliser des prélèvements sur
la dépouille, selon un communiqué de la veuve du dirigeant palestinien,
Souha Arafat, transmis par son avocat parisien, Me Pierre-Olivier Sur.
L’objectif est que ce déplacement, dont les conditions précises
restent à déterminer, puisse avoir lieu avant Noël, selon une source
proche du dossier.
Les prélèvements sur la dépouille ne rencontreraient pas d’objection
religieuse a priori, le mufti Mohammad Hussein ayant assuré que "s’il
est nécessaire d’analyser un corps pour les besoins d’une enquête, et
qu’il faille en prélever tout ou partie, rien ne s’y oppose".
Reste à savoir si tout le clan Arafat est d’accord : le neveu, Nasser
al-Qidwa, président de la fondation Yasser Arafat et important
responsable palestinien, n’a donné son accord à des prélèvements que "si
nécessaire".
Parallèlement, les juges devraient procéder à des auditions, dont
logiquement celle de Souha Arafat, et recueillir le maximum d’éléments
sur l’état de santé et l’hospitalisation de Yasser Arafat à l’hôpital
militaire de Percy, à Clamart (Hauts-de-Seine), où il est décédé le 11
novembre 2004.
Ils demanderont sans doute communication des analyses réalisées par
l’Institut de radiophysique de Lausanne qui a trouvé "une quantité
anormale de polonium", substance radioactive hautement toxique, sur des
échantillons biologiques prélevés sur des effets personnels d’Arafat.
L’enquête judiciaire française se double d’un imbrioglio de demandes d’investigations côté palestinien et arabe.
Mercredi, Mme Arafat a souhaité que l’enquête française "prime sur
tout autre procédure", demandant à l’Autorité palestinienne et à la
Ligue Arabe "de suspendre toute initiative" sauf "à agir de concert"
avec la justice française.
Mais les ministres arabes des Affaires étrangères réunis au Caire ont
répondu en appelant l’ONU à ouvrir une enquête sur la mort d’Arafat.
Et le chef de la commission d’enquête palestinienne, Taoufiq Tiraoui,
en acquiesçant à la venue des juges français, a aussi signifié l’accord
donné par l’Autorité palestinienne pour que l’Institut de Lausanne se
rende en Palestine "afin de prélever des échantillons" sur le corps
d’Arafat pour les analyser.
Un porte-parole du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) de
Lausanne a exprimé mercredi auprès de l’AFP son "étonnement" après le
communiqué de Mme Arafat, ajoutant qu’il se tenait toujours à la
disposition des autorités judiciaires françaises et palestiniennes.
Côté français, il appartiendra aux juges de désigner les services
d’enquête et experts de leur choix pour garantir l’indépendance de leurs
investigations. Autrement dit, aucune indication ne permet à ce stade
de savoir si le CHUV y sera associé, ni comment.
Une fois franchie l’étape des prélèvements, des analyses seront
engagées afin d’établir si Arafat a ou non été empoisonné. Dans
l’affirmative, s’ouvrirait alors une phase d’enquête encore plus
complexe : établir les responsabilités.
Côté palestinien, les spéculations sur un empoisonnement désignent
Israël, récemment accusé par Nasser al-Qidwa d’avoir eu recours au
polonium.
Israël a répliqué en affirmant qu’"il n’était pas impliqué" dans la
mort d’Arafat, sans exclure "que des responsables palestiniens l’aient
éliminé".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire