vendredi 7 septembre 2012

Palestine : des prélèvements sur la dépouille d'Arafat, prochaine étape de l’enquête

L’ouverture de la sépulture de Yasser Arafat pour réaliser des prélèvements sur sa dépouille, qui repose à Ramallah depuis sa mort en 2004, sera la prochaine étape décisive de l’enquête ouverte en France après la plainte de sa veuve soupçonnant un empoisonnement au polonium.
La commission d’enquête palestinienne sur la mort d’Arafat a signifié mercredi son "accord" à la venue des trois juges français chargés fin août d’une enquête contre X pour assassinat.
Ces magistrats ont entrepris "les démarches nécessaires" pour se rendre à Ramallah, afin que "des experts de la police scientifique française" puissent "très prochainement" réaliser des prélèvements sur la dépouille, selon un communiqué de la veuve du dirigeant palestinien, Souha Arafat, transmis par son avocat parisien, Me Pierre-Olivier Sur.
L’objectif est que ce déplacement, dont les conditions précises restent à déterminer, puisse avoir lieu avant Noël, selon une source proche du dossier.
Les prélèvements sur la dépouille ne rencontreraient pas d’objection religieuse a priori, le mufti Mohammad Hussein ayant assuré que "s’il est nécessaire d’analyser un corps pour les besoins d’une enquête, et qu’il faille en prélever tout ou partie, rien ne s’y oppose".
Reste à savoir si tout le clan Arafat est d’accord : le neveu, Nasser al-Qidwa, président de la fondation Yasser Arafat et important responsable palestinien, n’a donné son accord à des prélèvements que "si nécessaire".
Parallèlement, les juges devraient procéder à des auditions, dont logiquement celle de Souha Arafat, et recueillir le maximum d’éléments sur l’état de santé et l’hospitalisation de Yasser Arafat à l’hôpital militaire de Percy, à Clamart (Hauts-de-Seine), où il est décédé le 11 novembre 2004.
Ils demanderont sans doute communication des analyses réalisées par l’Institut de radiophysique de Lausanne qui a trouvé "une quantité anormale de polonium", substance radioactive hautement toxique, sur des échantillons biologiques prélevés sur des effets personnels d’Arafat.
L’enquête judiciaire française se double d’un imbrioglio de demandes d’investigations côté palestinien et arabe.
Mercredi, Mme Arafat a souhaité que l’enquête française "prime sur tout autre procédure", demandant à l’Autorité palestinienne et à la Ligue Arabe "de suspendre toute initiative" sauf "à agir de concert" avec la justice française.
Mais les ministres arabes des Affaires étrangères réunis au Caire ont répondu en appelant l’ONU à ouvrir une enquête sur la mort d’Arafat.
Et le chef de la commission d’enquête palestinienne, Taoufiq Tiraoui, en acquiesçant à la venue des juges français, a aussi signifié l’accord donné par l’Autorité palestinienne pour que l’Institut de Lausanne se rende en Palestine "afin de prélever des échantillons" sur le corps d’Arafat pour les analyser.
Un porte-parole du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) de Lausanne a exprimé mercredi auprès de l’AFP son "étonnement" après le communiqué de Mme Arafat, ajoutant qu’il se tenait toujours à la disposition des autorités judiciaires françaises et palestiniennes.
Côté français, il appartiendra aux juges de désigner les services d’enquête et experts de leur choix pour garantir l’indépendance de leurs investigations. Autrement dit, aucune indication ne permet à ce stade de savoir si le CHUV y sera associé, ni comment.
Une fois franchie l’étape des prélèvements, des analyses seront engagées afin d’établir si Arafat a ou non été empoisonné. Dans l’affirmative, s’ouvrirait alors une phase d’enquête encore plus complexe : établir les responsabilités.
Côté palestinien, les spéculations sur un empoisonnement désignent Israël, récemment accusé par Nasser al-Qidwa d’avoir eu recours au polonium.
Israël a répliqué en affirmant qu’"il n’était pas impliqué" dans la mort d’Arafat, sans exclure "que des responsables palestiniens l’aient éliminé".

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