jeudi 6 septembre 2012

Liban : Nadjib Mikati prône l’unité du Liban face à la crise syrienne

Les différentes communautés libanaises sombreront toutes si elles se laissent gagner par le conflit syrien, a averti le Premier ministre libanais dans un entretien accordé à Reuters.
"Personne ne doit s’imaginer qu’il tirera un bénéfice et que l’autre partie sera en danger. Nous sommes tous dans le même bateau et s’il prend l’eau dans la violente tempête qui balaye la région, nous sombrerons tous", a déclaré Nadjib Mikati, interrogé mardi soir au Grand Sérail de Beyrouth, siège de son gouvernement, qui domine une centre-ville jadis dévasté par la guerre civile.
Le Premier ministre libanais s’efforce de préserver son pays de la contagion de la crise syrienne, mais les liens très anciens et très étroits entre Beyrouth et Damas, tout comme les divisions profondes qui affectent les différentes composantes de la société libanaise lui compliquent considérablement la tâche.
Beaucoup de sunnites libanais se sentent proches des Syriens qui se sont soulevés contre le régime de Bashar al Assad, membre de la minorité alaouite issue du chiisme. Les chiites sont, eux, plus proches de Damas, dont le Hezbollah libanais reste l’un des principaux alliés dans la région.
Des heurts entre sunnites et alaouites ont éclaté récemment à Tripoli, ville natale du Premier ministre, dans le Nord. Ces troubles, auxquels s’est ajoutée une série d’enlèvements et de tirs transfrontaliers, ont ravivé le spectre de la guerre civile qui a fait rage de 1975 à 1990.
Le Liban était alors le théâtre d’un vaste affrontement entre Israël, l’Iran, la Syrie et les Palestiniens.
"Nous nous sommes abstenus de toute ingérence en Syrie mais nous ne pouvons pas fermer les yeux sur les erreurs commises aux dépens des Libanais ni sur l’importation de la crise au Liban", poursuit Nadjib Mikati, qui dit avoir invité l’ambassadeur du Liban en Syrie à remettre cette semaine une protestation officielle à Damas au sujet de bombardements transfrontaliers.
Le président Michel Souleimane a quant à lui demandé des explications à Bashar al Assad après l’arrestation d’un ex-ministre libanais proche de Damas et de deux fonctionnaires syriens soupçonnés d’avoir fomenté des attentats destinés à attiser les tensions communautaires.
"Il est regrettable qu’on puisse instrumentaliser le Liban pour s’en prendre à d’autres", s’indigne le chef du gouvernement, évoquant les déclarations du ministre syrien de l’Information qui a affirmé que le Liban serait à son tour gagné par les violences si l’Arabie saoudite et le Qatar continuent à y acheminer des armes destinées aux rebelles syriens.
"Jusqu’ici, nous sommes parvenus à maintenir le Liban hors de la crise. J’espère que nous resterons capables d’empêcher les combats et la contagion de la crise au Liban. Ce ne sera pas possible sans l’unité des Libanais", ajoute Nadjib Mikati.

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