Les différentes communautés libanaises sombreront toutes si elles se
laissent gagner par le conflit syrien, a averti le Premier ministre
libanais dans un entretien accordé à Reuters.
"Personne ne doit s’imaginer qu’il tirera un bénéfice et que l’autre
partie sera en danger. Nous sommes tous dans le même bateau et s’il
prend l’eau dans la violente tempête qui balaye la région, nous
sombrerons tous", a déclaré Nadjib Mikati, interrogé mardi soir au Grand
Sérail de Beyrouth, siège de son gouvernement, qui domine une
centre-ville jadis dévasté par la guerre civile.
Le Premier ministre libanais s’efforce de préserver son pays de la
contagion de la crise syrienne, mais les liens très anciens et très
étroits entre Beyrouth et Damas, tout comme les divisions profondes qui
affectent les différentes composantes de la société libanaise lui
compliquent considérablement la tâche.
Beaucoup de sunnites libanais se sentent proches des Syriens qui se
sont soulevés contre le régime de Bashar al Assad, membre de la minorité
alaouite issue du chiisme. Les chiites sont, eux, plus proches de
Damas, dont le Hezbollah libanais reste l’un des principaux alliés dans
la région.
Des heurts entre sunnites et alaouites ont éclaté récemment à
Tripoli, ville natale du Premier ministre, dans le Nord. Ces troubles,
auxquels s’est ajoutée une série d’enlèvements et de tirs
transfrontaliers, ont ravivé le spectre de la guerre civile qui a fait
rage de 1975 à 1990.
Le Liban était alors le théâtre d’un vaste affrontement entre Israël, l’Iran, la Syrie et les Palestiniens.
"Nous nous sommes abstenus de toute ingérence en Syrie mais nous ne
pouvons pas fermer les yeux sur les erreurs commises aux dépens des
Libanais ni sur l’importation de la crise au Liban", poursuit Nadjib
Mikati, qui dit avoir invité l’ambassadeur du Liban en Syrie à remettre
cette semaine une protestation officielle à Damas au sujet de
bombardements transfrontaliers.
Le président Michel Souleimane a quant à lui demandé des explications
à Bashar al Assad après l’arrestation d’un ex-ministre libanais proche
de Damas et de deux fonctionnaires syriens soupçonnés d’avoir fomenté
des attentats destinés à attiser les tensions communautaires.
"Il est regrettable qu’on puisse instrumentaliser le Liban pour s’en
prendre à d’autres", s’indigne le chef du gouvernement, évoquant les
déclarations du ministre syrien de l’Information qui a affirmé que le
Liban serait à son tour gagné par les violences si l’Arabie saoudite et
le Qatar continuent à y acheminer des armes destinées aux rebelles
syriens.
"Jusqu’ici, nous sommes parvenus à maintenir le Liban hors de la
crise. J’espère que nous resterons capables d’empêcher les combats et la
contagion de la crise au Liban. Ce ne sera pas possible sans l’unité
des Libanais", ajoute Nadjib Mikati.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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