l y a un an, le journaliste Hadi al-Mehdi, célèbre pour ses diatribes
anti-gouvernementales, était assassiné à Bagdad. Depuis, l’enquête
piétine, et militants et observateurs déplorent une détérioration de la
liberté de la presse dans le pays.
Le 8 septembre 2011, Hadi al-Mehdi se trouve dans son appartement
lorsqu’en début de soirée, des inconnus font irruption chez lui et
l’abattent d’une balle dans la tête.
Sa mort provoque une onde de choc au sein de la société irakienne. Le
lendemain de son décès, ses amis organisent des funérailles symboliques
au cours desquelles un cercueil vide, recouvert du drapeau irakien, est
transporté jusqu’à la place Tahrir, au centre de Bagdad.
Mais, très vite, l’hommage tourne à la manifestation contre le
gouvernement de Nouri al-Maliki taxé d’incurie et d’incompétence. Les
autorités promettent, elles, l’ouverture d’une enquête.
Mais depuis, aucun suspect n’a été appréhendé. Contacté par l’AFP,
Adnan al-Assadi, vice-ministre de l’Intérieur, n’a pas souhaité
s’exprimer.
Cette semaine, Radio Demozy, où officiait Hadi al-Mehdi, a prévu une série d’émissions spéciales en son honneur.
"Hadi disait tout au haut ce que tout le monde pensait tout bas",
raconte Karnas Ali, directeur technique de la station sur les ondes de
laquelle le journaliste s’en prenait trois fois par semaine sur un ton
acerbe à l’incompétence et la corruption qui rongent la conduite des
affaires publiques.
"Son émission lui a valu beaucoup d’ennemis", soupire M. Ali.
Mais le meurtre de Hadi al-Mehdi a surtout cristallisé la colère des
défenseurs de la liberté de la presse qui dénoncent sans relâche depuis
un an une marge de manoeuvre de plus en plus réduite pour les
professionnels des médias.
"Jour après jour, la liberté de la presse régresse en Irak", regrette
Ziad al-Ajili, chef de l’Observatoire de la liberté de la presse. "Je
conseille à tous ceux qui affirment que la presse est libre de parler
avec les journalistes qui sont sur le terrain".
Dans son classement des pays où l’impunité pour les meurtres de
journalistes est la plus élevée, le Committee to Protect Journalists
(CPJ) classe l’Irak dans les tout premiers.
Cette ONG installée à New York affirme même que la totalité des
assassinats de journalistes sont restés impunis depuis 2003 et la chute
du régime de Saddam Hussein.
Et une batterie de nouvelles lois, adoptées ou en cours d’adoption au Parlement, menace davantage la liberté d’expression.
Les militants dénoncent notamment une législation censée protéger les
journalistes, une autre sur la cybersécurité et d’autres encore portant
sur un projet de redéfinition des contours de la liberté d’expression.
Les textes ont en commun de mettre hors la loi des délits mal définis
comme l’"atteinte à la morale" ou "l’expression de messages immoraux",
pour lesquels sont prévues des amendes et des peines de prison
particulièrement sévères.
"Ces termes vagues conjugués à des sanctions d’une extrême sévérité
pourraient bien paralyser la liberté d’expression en Irak", tonne un
diplomate occidental en poste à Bagdad, sous couvert d’anonymat.
Mais le gouvernement de Nouri al-Maliki ne voit rien d’alarmant à la situation des journalistes. Au contraire.
"Les journalistes irakiens jouissent d’une immense liberté", se
félicite Ali Mussawi, porte-parole du chef du gouvernement. "Les
médias ont fait d’énormes progrès. On ne peut pas comparer leur
situation avec celle qui prévalait sous le régime" de Saddam Hussein,
conclut-il.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire