L’opposition égyptienne a donné jusqu’à mardi au président islamiste
Mohamed Morsi pour qu’il quitte le pouvoir, le menaçant en cas de refus
d’une campagne de désobéissance civile, au lendemain de manifestations
monstres.
Lundi matin, des centaines d’Egyptiens étaient toujours sur
l’emblématique place Tahrir du Caire où la veille la foule conspuait le
chef d’Etat aux cris de "Le peuple veut la chute du régime", reprenant
ainsi le slogan déjà scandé en janvier 2011 par les protestataires à
l’adresse du pouvoir autoritaire de Hosni Moubarak.
Ces cortèges —d’une ampleur sans précédent— ont lancé "La révolution du
30 juin", affirmait lundi le quotidien indépendant Al-Masry al-Youm,
tandis qu’al-Tahrir titrait : "Vive le peuple".
A quelques kilomètres de Tahrir, dans le faubourg de Nasr City (est),
les partisans du premier président élu démocratiquement de l’histoire du
pays campaient également pour soutenir la "légitimité" de M. Morsi.
L’armée, qui a parlé de "millions" de manifestants hostiles à M. Morsi à
travers le pays, a estimé le chiffre des pro-Morsi à 25.000.
Après avoir récolté 22 millions de signatures pour une pétition
réclamant le départ du président, le mouvement Tamarrod (rébellion en
arabe) a posé un ultimatum à M. Morsi à l’issue de la journée de
mobilisation à laquelle il avait appelé à l’occasion du premier
anniversaire de sa prise de fonctions.
"Nous donnons à Mohamed Morsi jusqu’à mardi 2 juillet à 17H00 (15H00
GMT) pour quitter le pouvoir et permettre aux institutions étatiques de
préparer une élection présidentielle anticipée", affirme un communiqué
de Tamarrod publié sur son site internet. En cas de refus, "mardi 17H00
sera le début d’une campagne de désobéissance civile totale".
Avec le soutien de nombreuses personnalités et de mouvements de
l’opposition laïque, libérale ou de gauche, l’appel de Tamarrod a fait
déferler une véritable marée humaine.
Le mouvement appelle désormais l’armée, la police et l’appareil
judiciaire à "se positionner clairement du côté de la volonté populaire
représentée par (ces) foules".
La veille, un des principaux dirigeants de l’opposition, le nationaliste
de gauche Hamdeen Sabbahi, a ainsi appelé l’armée à "agir" pour "faire
respecter la volonté du peuple" si M. Morsi ne partait pas de lui-même.
Alors que le climat politique délétère et les heurts meurtriers
réguliers font craindre de nouvelles violences en Egypte, l’armée, qui
avait pris pour un an et demi les rênes de l’exécutif au départ de
M. Moubarak, s’est dite garante des institutions.
Dans une Egypte profondément divisée entre ses adversaires qui dénoncent
une dérive autoritaire du pouvoir destinée à instaurer un régime
idéologiquement et politiquement dominé par les islamistes et ses
partisans pour qui il puise sa légitimité des urnes, M. Morsi a une
nouvelle fois appelé dimanche soir au dialogue.
Une offre aussitôt rejetée par Tamarrod qui ne voit "pas d’autre
alternative que la fin pacifique du pouvoir des Frères musulmans et de
leur représentant, Mohamed Morsi".
Alors que six personnes ont été tuées dimanche dans des heurts entre pro
et anti-Morsi, selon le ministère de la Santé, et que des affrontements
similaires ont fait huit morts, dont un Américain, en milieu de semaine
dernière, l’armée et la police sont déployées dans le pays pour éviter
des dérapages graves, notamment autour des établissements vitaux.
Des manifestants avaient attaqué dimanche soir le siège cairote du Parti
de la liberté et de la justice (PLJ), vitrine politique des Frères
musulmans dont est issu M. Morsi. Des images diffusées par la télévision
ont montré l’immeuble en feu attaqué par des dizaines de personnes qui
lançaient des pierres et des cocktails molotov.
Des partisans de la puissante confrérie ont répliqué par des tirs de
chevrotine, a constaté un journaliste de l’AFP. Plus tard dans la nuit,
des tirs à l’arme automatique ont été entendus aux abords du bâtiment.
L’instabilité persistante en Egypte, pays le plus peuplé du monde arabe
avec plus de 80 millions d’habitants, pèse lourdement sur une économie
handicapée par une inflation et un chômage en hausse ainsi qu’une chute
de sa monnaie.
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Des manifestants attaquent le QG des Frères musulmans au Caire
Des manifestants égyptiens ont attaqué lundi le siège des Frères
musulmans, au lendemain de heurts meurtriers entre partisans et
opposants du président Mohamed Morsi, issu de la puissante confrérie, a
constaté un journaliste de l’AFP. Le bâtiment, dans le quartier du
Moqattam situé dans l’est du Caire, a été envahi et pillé par des
assaillants après avoir été en partie incendié. Certains ont jeté des
objets par les fenêtres, tandis que d’autres ont emporté des casques,
des gilets pare-balles, des postes de télévision, des meubles et des
documents.
Des témoins ont affirmé à l’AFP qu’aucun membre de la confrérie ne se
trouvait à l’intérieur, car ils avaient été conduits hors du bâtiment
avant l’attaque.
Aux abords de l’immeuble, des manifestants scandaient des slogans
hostiles au président Morsi et aux Frères musulmans sur fond de musique
patriotique.
L’Égypte est profondément divisée entre les adversaires de M. Morsi, qui
dénoncent une dérive autoritaire du pouvoir destinée à instaurer un
régime idéologiquement et politiquement dominé par les islamistes, et
ses partisans, pour qui il puise sa légitimité dans son élection, la
première démocratique dans le pays.
(01-07-2013)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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