L’accord de principe donné par Benjamin Netanyahu à la relance de
négociations entre Israël et les Palestiniens est accueilli avec
scepticisme ou mépris par certains membres de la coalition
gouvernementale, toujours tiraillée sur la question. John Kerry a
annoncé vendredi soir, au terme de sa sixième mission diplomatique au
Proche-Orient depuis son arrivée à la tête du département d’Etat en
février, qu’Israéliens et Palestiniens avaient jeté les bases d’un
accord sur une reprise des pourparlers de paix gelés depuis 2010. Mais
aucune date n’a été fixée, l’accord n’a pas encore été formalisé et les
termes de la discussion n’ont pas été rendus publics. Une réunion
pourrait avoir lieu la semaine prochaine à Washington. A la demande de
John Kerry, Benjamin Netanyahu et le président de l’Autorité
palestinienne Mahmoud Abbas se font discrets sur cette tentative de
relance des pourparlers. "Ces négociations ne seront pas faciles", a
déclaré le Premier ministre israélien dimanche en conseil des ministres,
des propos repris par les médias. "Mais nous les abordons avec
honnêteté et franchise dans l’espoir que ce processus sera géré de
manière responsable, sérieuse et réfléchie et je dois dire, au moins
durant les premières étapes, de manière discrète.
Benjamin Netanyahu a réaffirmé sa promesse de soumettre à référendum
tout accord avec les Palestiniens. Les sondages montrent qu’une majorité
d’Israéliens soutiennent le principe d’une solution à deux Etats avec
les Palestiniens, même s’ils sont moins nombreux à accepter le
démantèlement de colonies en Cisjordanie. Mais l’ancien ministre des
Affaires étrangères Avigdor Lieberman, partenaire de Netanyahu au sein
de l’alliance Likoud Beitenu au pouvoir, a relativisé l’idée de
pourparlers, estimant que la diplomatie ne servait qu’à "gérer" le
conflit israélo-palestinien. "Il est important de négocier, et encore
plus important que les négociations s’appuient sur des bases réalistes,
pas sur des illusions. Il n’y a pas de solution au conflit
israélo-palestinien, au moins pas dans les prochaines années", a-t-il
écrit sur sa page Facebook.
Le ministre des Transports Yisrael Katz, membre du Likoud, s’est moqué
quant à lui de la faible représentativité de Mahmoud Abbas, dont
l’administration contrôle seulement une partie de la Cisjordanie, alors
que la bande de Gaza est aux mains de ses adversaires du Hamas depuis
2007. "Abou Mazen (Abbas) a encore moins de pouvoir sur les Palestiniens
que (le président Bachar al) Assad en Syrie", a-t-il dit. "Tout comme
personne ne songerait à céder des territoires à Assad dans la situation
actuelle, personne ne songe sérieusement à céder des territoires à Abou
Mazen alors qu’il ne gouverne qu’une partie de la population
palestinienne."
Les ultranationalistes du Foyer juif, qui font partie de la coalition au
pouvoir, sont opposés à la création d’un Etat palestinien,
contrairement à Benjamin Netanyahu ou à la centriste Tzipi Livni, la
ministre de la Justice et négociatrice en chef avec les Palestiniens. Le
chef du Foyer juif, le ministre de l’Economie Naftali Bennett, a menacé
la semaine dernière de quitter le gouvernement si ce dernier devait
accepter le tracé des frontières antérieures à 1967 comme base de
discussions, ce que réclament les Palestiniens comme préalable à
l’ouverture de pourparlers. Il a semblé plus circonspect dimanche,
apparemment rassuré par les déclarations d’Israël excluant toute
condition préalable à la relance d’un dialogue, même si l’Etat juif a
promis de libérer des prisonniers palestiniens de longue date. Les
Palestiniens réclament également le gel des activités de colonisation en
Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
"Notre insistance à défendre nos principes a payé", a dit Naftali
Bennett dans un communiqué. "Quand débuteront les négociations, nous
insisterons sur la poursuite d’une vie normale et des constructions à
Jérusalem et en Judée et Samarie (Cisjordanie)." "Nous entamons ce
voyage avec prudence, les yeux grands ouverts. Nous ne sommes pas
naïfs", a-t-il ajouté. Les commentateurs politiques notent que le Foyer
juif, qui détient aussi le portefeuille du Logement, se plaint depuis
plusieurs mois d’un ralentissement des constructions dans les colonies
ordonné par Netanyahu. Si le parti ultranationaliste devait claquer la
porte du gouvernement, le Premier ministre israélien pourrait trouver du
soutien dans les rangs de l’opposition travailliste, qui s’est
félicitée de sa décision de tenter de relancer le dialogue. "Si, cette
année, il arrive un moment où nous sommes sur le point de conclure un
accord (avec les Palestiniens) et que nous voyons les partenaires
d’extrême droite quitter la coalition de Netanyahu, nous réexaminerons à
l’évidence la question d’entrer au gouvernement. Ce n’est pas de notre
fait que la paix sera perdue", a déclaré Shelly Yachimovich, la chef de
file du Parti travailliste.
(21-07-2013 - Assawra avec les agences de presse)
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