Elu à l’Assemblée nationale constituante (ANC), Mohamed Brahmi, âgé de 58 ans, était fondateur et ancien secrétaire général du Mouvement du peuple (Echaâb), une formation laïque et nationaliste.
Selon des témoins, il a été abattu par deux hommes à moto devant chez lui alors qu’il descendait de voiture.
"Il a été tué devant sa maison alors qu’il était avec sa fille handicapée", a déclaré Mohamed Nabki, membre lui aussi d’Echaâb.
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées devant le ministère de l’Intérieur à l’annonce de l’assassinat en exigeant la démission du gouvernement dominé par les islamistes.
"A bas le pouvoir islamiste !", criait la foule.
A Sidi Bouzid, des milliers de manifestants "très en colère" sont descendus dans les rues, ont bloqué plusieurs artères de la ville et mis le feu à des pneus, a rapporté un habitant.
Un jeune vendeur de fruits et légumes, Mohamed Bouazizi, s’était immolé par le feu en décembre 2010 à Sidi Bouzid pour protester contre la confiscation de son étal par la police.
Son décès début janvier avait suscité une intense émotion et déclenché une vague de manifestations qui avaient débouché sur le renversement du président Zine Ben Ali et inspiré les "printemps arabes" dans la région.
Membre de l’assemblée chargée d’élaborer la nouvelle Constitution, Mohamed Brahmi n’avait pas ménagé ses critiques envers le parti islamiste Ennahda au pouvoir.
Le président de l’ANC, Mustapha Ben Djaafar, a déclaré que vendredi serait "un jour de deuil national".
Le 6 février dernier, Chokri Belaïd, l’un des responsables de l’opposition laïque, avait lui aussi été abattu devant son domicile dans la capitale tunisienne, probablement par un membre d’un groupe salafiste radical, selon la police.
Sa mort avait provoqué à travers le pays les plus importantes manifestations depuis la chute de Ben Ali.
A Paris, le président François Hollande a condamné "avec la plus grande fermeté" l’assassinat de Brahmi et appelé "l’ensemble des forces politiques et sociales tunisiennes à faire plus que jamais preuve du nécessaire esprit de responsabilité pour préserver l’unité nationale et garantir la poursuite de la transition démocratique".
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