Les dirigeants israéliens et palestiniens étudiaient samedi les
modalités d’un retour à des négociations de paix, après un accord
arraché par le secrétaire d’Etat américain John Kerry ouvrant la voie à
une reprise des pourparlers, abandonnés depuis trois ans.
M. Kerry a annoncé vendredi à Amman "un accord qui établit la base d’une
reprise des négociations sur le statut final", renvoyant les détails à
des discussions la semaine prochaine à Washington avec le négociateur
palestinien Saëb Erakat et la ministre israélienne de la Justice Tzipi
Livni, en charge de de ce dossier.
"L’accord est en cours de finalisation, nous n’allons donc absolument
pas parler de ses éléments pour l’instant", a-t-il dit avant de conclure
son sixième voyage dans la région depuis sa prise de fonctions en
février.
Le ministre israélien des Relations internationales, Youval Steinitz, a
dévoilé samedi un premier volet de l’accord en annonçant la prochaine
libération de prisonniers palestiniens, dont certains détenus depuis
avant les accords de paix d’Oslo de 1993.
"Il y aura un nombre limité de libération de prisonniers" palestiniens, a
déclaré à la radio publique le ministre, sans préciser leur nombre,
soulignant qu’une partie d’entre eux ont passé jusqu’à 30 ans dans les
prisons israéliennes.
La chef du parti travailliste et de l’opposition, Shelly Yachimovich, a
salué "une occasion importante", laissant entendre une nouvelle fois
qu’elle serait prête à rejoindre le gouvernement du Premier ministre
Benjamin Netanyahu en cas de défection de ses alliés les plus à droite,
hostiles à la création d’un Etat palestinien.
"Nous ne devrions pas nous satisfaire d’une reprise des négociations,
mais tout faire pour oeuvrer à un véritable règlement", a-t-elle écrit
sur sa page Facebook, ajoutant que son parti était "prêt à soutenir
Netanyahu face aux éléments de la droite extrémiste de sa coalition".
Le ministre de l’Environnement Amir Peretz, membre du parti de
Mme Livni, a également appelé sur sa page Facebook "le parti
travailliste et tout le camp de la paix à soutenir ce mouvement et à le
renforcer".
Dès l’annonce, Mme Livni s’était félicitée que "quatre ans de marasme diplomatique touchent à leur fin".
Le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union
européenne, ONU) a salué dans un communiqué "un énorme succès du
secrétaire d’Etat Kerry et de son équipe".
"Nous espérons travailler avec les parties pour assurer la réalisation
du plein potentiel de deux Etats viables", a indiqué le Quartette,
appelé à mettre en oeuvre le volet économique du plan de M. Kerry.
Mais les observateurs se montraient plus critiques, soulignant les zones d’ombres de l’accord.
"C’est un gâteau à moitié cuit que Kerry a sorti du four. Il a convaincu
les Israéliens et les Palestiniens qu’il était comestible, et les deux
parties ont accepté de le manger", a résumé le commentateur politique de
la radio publique israélienne.
La présidence palestinienne a salué l’accord mais souligné qu’il restait des "détails à régler".
Lors des dernières rencontres entre MM. Kerry et Abbas, "des progrès ont
été réalisés qui ont rendu possible un accord sur des principes
permettant la reprise des négociations", a déclaré le porte-parole du
président Mahmud Abbas.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a demandé aux
dirigeants israéliens et palestiniens de faire preuve de "courage et de
responsabilité" dans les négociations de paix.
La chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE) Catherine Ashton a
"chaleureusement salué" l’annonce de M. Kerry, louant, elle aussi, le
"courage" des deux parties et le travail du secrétaire d’Etat américain.
Le Hamas, au pouvoir à Gaza, a en revanche rejeté "la reprise des
négociations", réaffirmant que "M. Abbas n’a aucune légitimité pour
négocier au nom du peuple palestinien sur des questions fondamentales".
M. Kerry avait enregistré mercredi le soutien d’une délégation du comité
de suivi arabe sur le processus de paix, jugeant que ses propositions
créaient "un climat convenable pour relancer des négociations sérieuses,
avec en particulier des éléments nouveaux sur le plan économique,
politique et de la sécurité".
Mais les instances dirigeantes palestiniennes avaient rejeté jeudi sa
proposition initiale de reprise des pourparlers prévoyant une "retenue"
dans la colonisation israélienne, uniquement hors des grands blocs
d’implantations et de Jérusalem-Est, au lieu du gel total qu’elles
exigent.
Elles réclamaient également une référence aux lignes antérieures au
début de l’occupation israélienne en juin 1967 comme base de
discussions.
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Paris se réjouit de l’accord de principe israélo-palestinien
Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, s’est réjoui de la
perspective d’une reprise des négociations israélo-palestiniennes
prévues par l’accord obtenu par le secrétaire d’État américain, John
Kerry, dans un communiqué publié dans la nuit. "Le secrétaire d’État
américain, John Kerry, m’a informé des termes de l’accord de principe
qu’il venait de conclure en vue d’une reprise des négociations
israélo-palestiniennes. Je lui ai dit que nous nous réjouissions de
cette perspective", a indiqué Laurent Fabius.
"Je salue le sens des responsabilités dont ont su faire preuve les
autorités israéliennes et palestiniennes", a-t-il ajouté. "La France
encourage les parties à mener effectivement ces négociations en créant
un climat de dialogue et de confiance, afin de parvenir à un accord." Le
ministre français a souligné qu’il est "dans l’intérêt de tous de
mettre fin au conflit par la création d’un État palestinien viable et
souverain, vivant en paix et en sécurité aux côtés d’Israël".
"La France, avec ses partenaires européens, ne ménagera aucun effort
pour faciliter les négociations et participer, le moment venu, à la mise
en oeuvre d’un accord de paix", a-t-il encore déclaré. John Kerry a
annoncé vendredi soir qu’une rencontre réunirait à Washington la semaine
prochaine des négociateurs israéliens et palestiniens, alors que les
discussions de paix directes sont au point mort depuis près de trois
ans.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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