Le chef de l’armée a appelé mercredi les Egyptiens à lui manifester leur
soutien vendredi pour "en finir avec le terrorisme", intensifiant
l’épreuve de force avec les islamistes qui veulent se mobiliser le même
jour en faveur du président destitué Mohamed Morsi.
Un dirigeant des Frères musulmans, Essam el-Erian, a rejeté les
"menaces" de l’armée, et assuré qu’elles ne dissuaderaient pas "des
millions de gens de continuer à manifester" pour le rétablissement de
M. Morsi.
Le camp pro-Morsi a aussi prévu des rassemblements vendredi "contre le
coup d’Etat", en référence à la déposition de M. Morsi par les
militaires le 3 juillet. Au Caire, des cortèges doivent partir d’une
trentaine de mosquées et des manifestations sont aussi prévues en
province.
Le groupe Tamarrod ("rébellion"), initiateur des manifestations monstres
contre le président déchu du 30 juin dernier, a exprimé un soutien
inconditionnel au chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Sissi,
appelant "le peuple à se masser sur les places d’Egypte vendredi pour
réclamer officiellement le jugement de Mohamed Morsi et soutenir les
forces armées égyptiennes dans leur guerre à venir contre le
terrorisme".
Ces déclarations martiales augurent d’une possible escalade, dans un
contexte de tensions politiques exacerbées depuis près d’un mois, qui
ont fréquemment dégénéré en violences meurtrières.
"J’appelle tous les Egyptiens honnêtes à descendre dans la rue vendredi
pour me donner mandat pour en finir avec la violence et le terrorisme", a
déclaré le général Sissi, en grand uniforme lors d’une cérémonie
militaire, une apparition qui a encore rehaussé son image d’homme fort
du pays.
Le général, également vice-Premier ministre et ministre de la Défense, a
exhorté la population à "descendre dans la rue pour montrer sa volonté
au monde, comme avant le 30 juin et le 3 juillet".
Il a réaffirmé n’avoir fait qu’accomplir la volonté du peuple en
déposant M. Morsi, dont il n’a pas prononcé le nom, le désignant
uniquement comme "l’ancien président". Le général Sissi lui a reproché
d’avoir systématiquement rejeté toute proposition de compromis avec les
opposants exigeant sa démission.
"On ne peut pas revenir sur la +feuille de route+" de transition, a-t-il
prévenu en référence à la révision de la Constitution et aux échéances
électorales -législatives et présidentielle- qui doivent suivre. Il
s’est aussi dit "prêt à des élections sous supervision internationale".
Le général Sissi a assuré que des proches du président avaient tenté de
le dissuader de le déposer en "disant qu’il y aurait beaucoup de
violence à cause des groupes armés".
Le nouveau pouvoir a assuré mardi qu’il ne laisserait pas le pays basculer dans la guerre civile.
"L’Egypte ne sera pas une deuxième Syrie et quiconque pousse dans cette
voie est un traître", a affirmé un porte-parole du président par intérim
Adly Mansour, Ahmed al-Maslamani, alors que des violences meurtrières
ont à nouveau eu lieu.
Deux soldats ont été tués mercredi dans une attaque dans le nord du Sinaï, frontalier d’Israël et de la bande de Gaza.
Un policier a été tué dans la nuit de mardi à mercredi et 28 autres
personnes blessées par un engin explosif devant le commissariat central
de Mansoura, dans le delta du Nil (nord), selon les services de santé.
L’attaque n’a pas été revendiquée, mais elle survient dans un contexte
d’affrontements souvent meurtriers depuis la déposition de M. Morsi, qui
ont fait quelque 170 morts, outre une quarantaine de tués - membres des
forces de l’ordre, civils, jihadistes - dans le Sinaï.
Les partisans du président déchu ont "condamné l’attentat criminel" de
Mansoura, réaffirmant leur engagement à "des manifestations pacifiques"
et "dénonçant les actes de violence".
Le Qatar, principal soutien des Frères musulmans égyptiens, s’est pour
sa part inquiété du "maintien en détention du président élu Mohamed
Morsi", appelant à "un règlement politique, fondé sur le dialogue".
Par ailleurs, la chaîne qatarie Al-Jazeera, accusée de couverture
favorable au président destitué, a dénoncé "une campagne de diffamation"
et "de pressions", outre "des menaces continues contre ses équipes de
travail", protestant contre la détention d’un de ses cameramen et "une
agression par des inconnus" contre un membre de l’équipe de production.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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