Israéliens et Palestiniens ont repris lundi soir à Washington leurs
négociations directes, gelées depuis trois ans, sous l’égide des
États-Unis qui les ont exhortés à trouver un "compromis raisonnable"
pour faire la paix. Dans un salon d’apparat du département d’État, la
ministre israélienne de la Justice Tzipi Livni était assise à côté du
négociateur en chef palestinien Saëb Erakat autour d’une table de neuf
personnes dressée pour le dîner de rupture de jeûne du ramadan, l’iftar,
offert par le secrétaire d’État John Kerry.
Au terme d’un repas d’un peu plus d’une heure, un responsable américain a
qualifié la rencontre de "constructive et productive" et qui s’est
déroulée dans un "bon état d’esprit". Tzipi Livni et Saëb Erakat ont
quitté le département d’État séparément sans dire un mot. Ce dîner
symbolique, que John Kerry a qualifié de moment "très, très
particulier", doit être suivi d’une réunion trilatérale mardi et d’une
déclaration à la presse.
Le secrétaire d’État, qui est l’artisan de cette reprise des contacts
directs entre Israéliens et Palestiniens, les avait poussés avant cette
rencontre symbolique à trouver un "compromis raisonnable" pour mettre un
terme à leur contentieux historique. Après plus de six décennies de
conflit et de multiples échecs de relance du processus de paix, le
département d’État avait prévenu dans la journée que ces négociations
pourraient durer "au moins neuf mois", tout en refusant de parler de
"date-butoir".
Dans un communiqué lundi matin, le président Barack Obama a salué un
moment "prometteur" tout en avertissant les deux camps qu’ils devront
faire des "choix difficiles" et qu’"il faudra travailler dur". "Le plus
dur reste à venir dans ces négociations et j’espère que tant les
Israéliens que les Palestiniens aborderont ces discussions de bonne foi,
avec détermination et une attention soutenue", a écrit Barack Obama.
Les dernières négociations de paix directes israélo-palestiniennes
avaient capoté en septembre 2010, au bout de trois semaines, en raison
de la poursuite de la colonisation israélienne à Jérusalem-Est et en
Cisjordanie. Le président des États-Unis, qui avait fait du règlement du
conflit au Proche-Orient la priorité de son premier mandat en janvier
2009, avant d’échouer, s’est dit "heureux" que le Premier ministre
israélien Benyamin Netanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas
aient accepté de reprendre langue et envoyé des négociateurs à
Washington.
Pour superviser les pourparlers, John Kerry a nommé comme émissaire
spécial un ancien ambassadeur en Israël, le très respecté Martin Indyk,
62 ans, qui s’est dit "convaincu depuis 40 ans que la paix était
possible". Avant d’arriver à Washington, Tzipi Livni avait toutefois
prédit des pourparlers "très difficiles et problématiques", mais
nécessaires. De fait, l’amorce de ce processus de paix reste fragile.
La décision du gouvernement israélien d’approuver la libération de 104
prisonniers palestiniens arrêtés avant les accords d’Oslo en 1993 a été
saluée par l’Autorité palestinienne et par Washington mais a provoqué de
vives réactions en Israël. "Il s’agit d’une étape importante et (nous)
espérons pouvoir saisir l’opportunité fournie par les efforts de
l’administration américaine pour parvenir à un accord de paix durable et
juste", avait dit le Palestinien Erakat.
Le quotidien israélien Yediot Aharonot l’a en revanche dénoncée, titrant
en une : "Les assassins vont être libérés." Mais aux yeux du Premier
ministre Netanyahou qui s’exprimait lors de son conseil des ministres
dimanche, "il y a des moments où on doit prendre des décisions
difficiles pour le bien du pays et c’est un de ces moments". Qadura
Fares, chef du club des prisonniers palestiniens, avait averti Israël
par avance qu’il n’y aurait aucune négociation avec l’État hébreu sans
la libération des 104 détenus.
Avant d’approuver l’élargissement du nombre de ces détenus, le Conseil
des ministres israélien avait adopté un projet de loi prévoyant un
référendum en cas d’accord de paix avec les Palestiniens. Selon ses
services, Benyamin Netanyahou a jugé "important que, pour de telles
décisions historiques, chaque citoyen vote directement". Le référendum
deviendrait ainsi la dernière étape nécessaire pour entériner un
éventuel accord de paix, après l’approbation du gouvernement puis celle
du Parlement.
Ce projet de loi est considéré comme un geste envers les ministres de
droite qui redoutent les concessions pouvant être demandées à Israël
lors des négociations. Ils craignent la cession de territoires sous
contrôle israélien, comme Jérusalem-Est, sur une simple décision du
cabinet.
(30-07-2013 - Assawra avec les agences de presse)
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