Bahreïn, confronté à une contestation chiite persistante, a durci les
sanctions contre les auteurs d’actes de violence, allant jusqu’à les
menacer d’un retrait de la nationalité, avant une grande manifestation
prévue à la mi-août.
Le Parlement de Bahreïn, boycotté par l’opposition chiite, s’est réuni
dimanche en session extraordinaire en pleines vacances parlementaires, à
la demande du roi Hamad ben Issa Al-Khalifa.
Il a recommandé au gouvernement de déchoir de leur nationalité les
Bahreïnis, "reconnus coupables d’actes terroristes" dans ce pays du
Golfe, théâtre depuis 2011 de troubles animés par des chiites,
majoritaires dans le pays et qui réclament une monarchie
constitutionnelle.
Selon la presse locale, le roi pourrait légiférer par décret pour traduire ces recommandations en lois.
Le retrait de la nationalité devrait concerner "tous les auteurs d’actes
terroristes et ceux qui y incitent", selon un compte-rendu officiel de
la séance parlementaire.
Cette mesure a été utilisée de manière très sélective dans le passé
contre des religieux chiites d’origine iranienne accusés d’avoir incité à
la violence dans cette petite monarchie du Golfe dirigée par une
monarchie sunnite.
Le Parlement a également recommandé d’"interdire les rassemblements,
marches ou attroupements dans la capitale" et d’imposer, en cas de
besoin, l’état d’urgence dans le pays.
Le ministère de l’Intérieur avait annoncé le 14 juillet qu’il
interdisait des manifestations le 14 août à l’appel d’un mouvement
Tamarrod (rébellion) local inspiré par l’Egypte.
Il avait adressé une sévère mise en garde à ceux qui y participeraient,
les avertissant qu’ils s’exposeraient à des poursuites judiciaires.
Le ministère n’a cessé ces dernières semaines de faire état d’"attaques
terroristes" visant en particulier les policiers et dont l’une a coûté
la vie à un agent des forces de l’ordre.
Le pouvoir s’est particulièrement indigné le 18 juin de l’explosion dans
le parking d’une mosquée d’une voiture piégée qui n’avait fait ni
victimes ni dégâts, en la qualifiant d’"attentat terroriste".
Selon des témoins, l’explosion s’était produite non loin des bureaux du
palais royal dans la localité de Refaa, située au sud de Manama habitée
notamment par des sunnites.
Dans ses recommandations, le Parlement a d’autre part demandé au
gouvernement d’engager des poursuites judiciaires contre les groupes
politiques "qui incitent ou soutiennent des actes de violence et de
terrorisme" ainsi que contre ceux qui utilisent les réseaux sociaux pour
"propager de fausses informations" sur la situation dans le pays.
Il a invité d’autre part "les ambassadeurs et représentants des pays
étrangers à ne pas s’ingérer dans les affaires internes de Bahreïn",
dans une allusion à l’Iran constamment accusé à Manama de soutenir
l’opposition chiite.
Dans une première réaction, des groupes de l’opposition, dont le
puissant mouvement chiite Al-Wefaq, ont exprimé leur "profonde déception
face aux discours incitant à tuer, torturer, arrêter et déchoir de leur
nationalité ceux qui revendiquent la démocratie et la défense des
droits de l’Homme".
Ils ont réaffirmé dans un communiqué leur détermination à poursuivre
leur action "pacifique (...) jusqu’à la réalisation des aspirations du
peuple à l’établissement d’un Etat démocratique", soulignant que
"l’option sécuritaire avait échoué".
L’opposition, dominée par les chiites, a toujours prôné des moyens
pacifiques pour faire aboutir ses demandes mais il existe dans le pays
des petits groupes d’opposants, qui sont plus radicaux et qui sont
derrière les heurts qui se produisent périodiquement entre forces de
l’ordre et manifestants dans les villages chiites.
Une conférence de dialogue national a été lancée en février pour tenter
de trouver une solution politique à la crise dans le pays, mais ses
travaux n’avancent pas et ont même été suspendus jusqu’à la fin août
pour les vacances d’été.
Selon la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), au
moins 80 personnes ont été tuées depuis le début de la contestation.
(29-07-2013 - Avec les agences de presse)
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