Fraîchement élu à la tête de la Coalition nationale syrienne, le nouveau
chef de l’opposition Ahmed Jarba effectue mardi et mercredi une visite
en France pour tenter de convaincre le président François Hollande de
livrer des armes à la rébellion.
Arrivé mardi à la mi-journée à Paris, M. Jarba est accompagné de deux
des trois vice-présidents de la Coalition, Suheir Atassi et Mohammed
Faruk Tayfur, et du chef de l’Armée syrienne libre, le général Selim
Idriss.
Ce dernier devrait présenter des demandes "en ligne avec ce qu’il avait
proposé aux onze pays du Groupe des amis de la Syrie à Ankara à la
mi-juin", selon une source diplomatique française. Des missiles
anti-chars et anti-aériens figuraient sur cette liste.
M. Jarba doit être auditionné dans la soirée par la Commission des
Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Il rencontrera François
Hollande mercredi après-midi et devrait ensuite se rendre avec une
partie de sa délégation au Nations unies à New York. Des visites en
Grande-Bretagne et en Allemagne sont en préparation.
Alors que les pays occidentaux redoutent de faire parvenir à
l’opposition syrienne des armes qui pourraient tomber dans les mains de
groupes liés à al-Qaïda, M. Jarba devrait tenter de les convaincre que
la Coalition qui a intégré des composantes laïques et des personnalités
indépendantes, est une structure sur laquelle ils peuvent compter.
"La priorité pour la Coalition, c’est de pouvoir trouver des armes pour
l’Armée libre non seulement parce que le régime de Bashar al-Assad
reçoit énormément d’armes de Russie et d’Iran et a repris l’initiative
sur quelques fronts mais aussi parce qu’il y a une nécessité de
renforcer l’Armée libre face à certains groupes jihadistes qui
s’installent de plus en plus dans le nord syrien", commente Ziad Majed,
professeur à l’Université américaine de Paris.
Côté français, on préfère insister de source diplomatique sur la
"perspective politique" de la visite des opposant syriens. "Avant tout,
ils viennent rencontrer le président pour expliquer qui ils sont, quelle
est leur stratégie, ce qu’ils veulent faire de la Coalition, ce qu’ils
veulent faire de l’opposition mais aussi de la Syrie, et de quelle
manière ils veulent représenter une alternative respectueuse des droits
de citoyens et démocratique", souligne cette source.
L’Armée syrienne libre est en mauvaise posture sur plusieurs fronts et
pour renverser la donne, le moment est d’autant plus critique que la
période des vacances des politiques occidentaux approche et n’est pas
propice à une mobilisation.
"Le régime syrien profite de cela", observe M. Majed qui poursuit : "le
problème c’est que les Russes et les Iraniens n’attendent pas et
continuent d’envoyer régulièrement des grandes quantités d’armes sur le
terrain afin que le régime puisse avancer sur plusieurs fronts et créer
un nouveau fait avant la rentrée".
La rébellion, en difficulté dans plusieurs faubourgs de Damas a, en
revanche, progressé dans la région d’Alep à Khan al-Assal, grâce, selon
Ziad Majed, à des armes venues de Turquie et livrées probablement par
l’Arabie saoudite.
La Grande-Bretagne a, comme la France, largement oeuvré pour la levée de
l’embargo européen sur les livraisons d’armes à l’opposition syrienne
fin mai, mais Londres comme Paris ne se sont pas résolus à passer à
l’acte.
"La France aide la Coalition nationale syrienne mais n’a pas livré
d’armes létales, n’estimant pas suffisantes les garanties. Nous livrons
du matériel non létal pour renforcer les capacités de l’opposition
armée, comme par exemple des moyens d’observation et de communication
sécurisés. Nous apportons également une assistance technique", a répété
mardi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Philippe
Lalliot.
"Le point vraiment important —et important aussi dans la perspective de
la visite de M. Jarba— c’était l’inscription du Hezbollah libanais sur
la liste des organisations terroristes de l’UE", dit-on de source
diplomatique. Ce classement de la branche armée du Hezbollah chiite,
dont les combattants se battent aux côtés des troupes de Bashar
al-Assad, était réclamé par la Coalition syrienne.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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