Une des pratiques les plus courantes de l’entité coloniale sioniste
consiste à démolir les maisons des Palestiniens, que ce soit dans les
territoires occupés en 1948 ou occupées en 1967. D’après les
statistiques palestiniennes, de différentes sources, plusieurs centaines
de milliers de maisons palestiniennes ont été démolies depuis
l’installation de la colonie, sans compter les villages entièrement
détruits lors de la Nakba.
Dans les territoires occupés en 1948, plusieurs milliers de maisons
sont encore sous la menace de la démolition, notamment dans les villages
non-reconnus du Naqab et d’al-Jalil, mais aussi dans les villes dites
"mixtes", c’est-à-dire dans les villes palestiniennes envahies par les
colons, comme al-Lid, al-Ramlé, Yafa, et Akka. Parmi ces milliers de
maisons, certaines existent avant même la formation de la colonie
sioniste.
Dans la ville d’al-Quds, 20.000 maisons palestiniennes sont à présent menacées de démolition par les colonisateurs.
Les officiels et non officiels sionistes, les médias de l’entité
coloniale et leurs écrivains et journalistes, les propagandistes de leur
ministère des AE, mais aussi leurs amis dans le monde, qu’ils soient à
la tête des Etats ou dans les partis politiques, tous protestent contre
l’assimilation de l’Etat colonial sioniste à la pratique de l’apartheid
sud-africain. Certains libéraux même, journalistes ou personnalités
politiques, mettent en garde leurs dirigeants de poursuivre leur
politique actuelle vis-à-vis des Palestiniens, politique qui conduirait
selon eux à une certaine forme d’apartheid. Mais ils visent, dans ces
mises en garde, la politique coloniale vis-à-vis des territoires occupés
en 1967, à l’exclusion de la ville d’al-Quds et des territoires envahis
en 1948.
Dans un court passage du film "The Skin" ( co-production britannique
et africaine du sud, 2008) qui décrit le système de l’apartheid en
Afrique du Sud, une terrible scène de destruction d’un village et des
maisons construites par les Africains sur des terrains dont veulent
s’emparer les colons blancs, nous plonge brutalement en Palestine
occupée.
La similitude des deux situations est flagrante, saisissante,
radicale, avec une légère différence toutefois (selon le film) : les
policiers de l’ancien régime raciste en Afrique du Sud préviennent les
habitants et leur laissent un semblant de temps pour prendre leurs
maigres effets personnels avant la démolition et le passage des
bulldozers..
Alors qu’en Palestine occupée, non seulement les policiers et l’armée
sioniste ne permettent souvent pas aux Palestiniens de rassembler leurs
affaires avant la destruction de leurs maisons, mais il arrive que des
colons viennent en camion pour s’en servir, comme cela a eu lieu
plusieurs années auparavant, lors de la destruction des maisons dans un
village non-reconnu du Naqab.
Autre différence : les propriétaires des maisons démolies, en
Palestine occupée, sont contraints de payer les frais de la démolition, y
compris l’essence de l’hélicoptère qui survole la zone, le déploiement
des services de la répression sioniste au moment de la démolition
(comment est-ce calculé ?) et le bulldozer qui démolit, mais aussi le
travail de nettoyage des gravas, après la démolition ; tout est à la
charge du propriétaire qui vient de perdre sa maison.
Pourquoi détruire les maisons des Palestiniens ? L’administration
coloniale prétend que ces maisons sont construites illégalement,
c’est-à-dire qu’elles n’ont pas reçu l’aval de cette même
administration, même si elles furent construites avant même la présence
de l’entité coloniale en 48, et dans les territoires occupés en 67,
avant même l’extension de cette administration sur ces territoires.
En réalité, pour l’administration coloniale en Palestine occupée, que
ces maisons datent d’avant l’occupation ou après, elles restent sous la
menace de la destruction, dans l’attente d’une planification "étatique"
de ce qui pourrait être construit sur les terrains où ces maisons
existent, au profit des colons juifs, exclusivement. En attendant leur
démolition, elles n’existent pas, aux yeux de l’administration, comme
n’existent pas la plupart des villages du Naqab. Ce ne sont que des
villages ou des maisons "en puissance" en attente de destruction et de
démolition.
Des centaines d’ordres de démolition sont délivrés tous les ans, aux
propriétaires de ces maisons, qui doivent vivre, dès la réception de ces
ordres, dans l’incertitude et l’inquiétude, mais aux yeux de
l’administration coloniale, ce ne sont que des Palestiniens « en attente
d’expulsion ». Selon l’idéologie sioniste, comme la Palestine fut en
attente de colonisation, avant l’arrivée des colons, les villages et les
maisons palestiniennes sont également en situation d’attente, tant que
l’administration coloniale n’a pas planifié que faire des terres sur
lesquelles ils se trouvent.
La destruction des villages en Palestine occupée depuis 1948 et la
démolition des maisons palestiniennes sont une pratique inhérente à
l’occupation sioniste. Même le système de l’apartheid en Afrique du Sud
n’avait pas atteint ce degré de barbarie, non par humanisme, mais parce
qu’il avait besoin de la main d’oeuvre africaine. Mais dans l’entité
sioniste, l’administration coloniale vise autre chose : la disparition
du peuple palestinien, le nettoyage ethnico-religieux. Pire que
l’apartheid.
L’Union européenne et la “communauté internationale”, l’ONU et ses
différents départements, sont complices de ces crimes, puisqu’il est
difficile de prétendre qu’ils n’en savent rien. Dénoncer verbalement ce
qui leur semble être des « excès » n’est que de la « poudre aux yeux »,
juste pour empêcher les révoltes et amadouer les faibles.
(26-07-2013 - Fadwa Nassar)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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