Des affrontements ont éclaté très tôt dimanche à Port-Saïd, à
l’embouchure du canal de Suez, entre partisans et opposants du président
égyptien déchu Mohamed Morsi, faisant un mort et une trentaine de
blessés, ont annoncé des sources de sécurité.
Les troubles ont commencé samedi soir tard lorsque des hommes armés ont
ouvert le feu sur une église de Port-Saïd, où se déroulaient les
funérailles d’une des victimes des violences du Caire, selon ces mêmes
sources.
Les opposants ont échangé des tirs de grenaille avant d’être séparés par l’armée.
Si Le Caire était calme dimanche, les violences qui ont ébranlé
Port-Saïd ont fait un mort, un jeune de 17 ans, et 29 blessés, a-t-on
déclaré de source proche des services de sécurité.
Soixante-cinq personnes ont été tuées samedi à l’aube dans les violences
au Caire, et neuf autres ont péri dans des affrontements à Alexandrie
dans la nuit de vendredi à samedi, selon un bilan rendu public samedi
soir par le ministère égyptien de la Santé.
Selon les Frères musulmans, ces personnes ont péri lors de
l’intervention des forces de sécurité égyptiennes contre les campements
installés dans le nord du Caire par des partisans du président déchu
Mohamed Morsi.
L’organisation Human Rights Watch (HRW) a estimé que ces assassinats
traduisaient une "volonté choquante" de la police et de certains hommes
politiques d’augmenter le niveau de violence à l’encontre de leurs
ennemis.
"Il est presque impossible d’imaginer qu’autant de meurtres aient pu
avoir lieu sans intention de tuer ou du moins sans mépris criminel pour
la vie des gens", a déclaré Nadim Houry, directeur adjoint du secteur
Proche-Orient et Afrique du Nord à HRW.
Des milliers de partisans des Frères musulmans se trouvaient toujours
près de la mosquée Rabaa al Adawiya dimanche, dans le nord du Caire, où
ils poursuivent le sit-in entamé depuis le 3 juillet, jour du
renversement de Mohamed Morsi.
"L’Egypte se trouve à un moment pivot", a déclaré samedi le secrétaire
d’Etat américain John Kerry. "A cette croisée des chemins, il est
essentiel que les forces de sécurité et le gouvernement de transition
respectent le droit de manifester dans le calme, y compris sous la forme
de sit-in", a-t-il estimé.
Le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, s’est par ailleurs
entretenu par téléphone avec le chef d’état-major de l’armée égyptienne,
le général Abdel Fattah al Sissi, également premier vice-Premier
ministre du gouvernement égyptien par intérim.
Mohamed Badie, guide suprême des Frères musulmans, a accusé les
responsables politiques égyptiens de ne pas avoir condamné les meurtres
de samedi.
"Malheureusement et honteusement, la responsabilité incombe à ceux qui
ont participé à la dissimulation, a-t-il déclaré dans un communiqué.
Signe de premiers craquements au sein du gouvernement de transition mise
en place après la chute de Mohamed Morsi, le vice-Premier ministre
chargé des questions économiques, Ziad Bahaa El Din a estimé que le
nouveau pouvoir ne devait pas copier "les méthodes d’oppression et
d’exclusion" de ses ennemis.
"Notre position ne doit pas varier quant à la nécessité de fournir des
garanties juridiques non seulement aux membres des Frères musulmans,
mais à tous les Egyptiens. Le recours excessif à la force ne doit pas
être autorisé", a écrit El Din sur Facebook.
Autre signe de malaise après les violences, le mouvement de protestation
Tamarod (Rebelle), qui avait mobilisé des millions de personnes contre
Mohamed Morsi et a pleinement soutenu l’action de l’armée le 3 juillet, a
tiré la sonnette d’alarme après l’annonce selon laquelle le ministre de
l’Intérieur, Mohamed Ibrahim, relancerait la police politique secrète
de l’ère Moubarak.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire