L’opposition laïque tunisienne, indignée par l’assassinat de deux
hommes politiques de ses rangs depuis février, a déclaré dimanche
qu’elle envisageait la mise sur pied d’un "gouvernement de salut"
alternatif, défiant le cabinet actuel, dominé par les islamistes
d’Ennahda.
"Nous allons nous réunir ce soir pour évoquer la création d’un nouveau
gouvernement de salut, et nous envisagerons de nommer un Premier
ministre destiné à remplacer ce gouvernement, qui a échoué", a déclaré
Djilani Hammami, l’un des dirigeants de la coalition du Front du salut,
par ailleurs à la tête du Parti des travailleurs.
"Il ne fait plus aucun doute qu’il (le gouvernement en place) a fait son temps et aurait dû s’incliner", a-t-il ajouté.
Si l’opposition s’accordait sur un tel gouvernement alternatif, cela
marquerait une escalade de la part du camp laïque, qui estime n’avoir
aucun intérêt à une quelconque réconciliation avec Ennahda.
Jeudi dernier, une personnalité de l’opposition de gauche laïque,
Mohamed Brahmi, a été assassiné, six mois environ après un autre
opposant du même bord, Chokri Belaïd, tué devant chez lui début février.
L’opposition impute l’assassinat de Brahmi à Ennahda et des
manifestations de colère ont éclaté dans la capitale Tunis ainsi que
dans des villes de province.
Le porte-parole de l’Assemblée nationale constituante, chargée de
rédiger une nouvelle Constitution, avait dit pourtant samedi que le
gouvernement envisageait un nouvel accord de partage du pouvoir avec ses
alliés laïques.
"La tendance est d’aller vers un élargissement de la base du pouvoir",
avait déclaré Mofdi Mseddi sur les ondes de la radio Shems FM.
En vertu d’un accord de partage du pouvoir conclu en novembre 2011, dix
mois après la chute du président Zine Ben Ali, les islamistes d’Ennahda
tiennent le gouvernement et deux partis de centre-gauche, le Congrès
pour la République et Ettakatol, occupent respectivement la présidence
et la présidence de l’Assemblée constituante.
L’assassinat de Chokri Belaïd en février avait débouché sur la démission
du gouvernement d’Hamadi Jebali et la formation de l’actuel
gouvernement dirigé par Ali Larayedh.
Le président du parlement, Moustafa Ben Jaafar, a appelé les députés qui
se sont retirés de l’assemblée constituante à revenir sur leur
décision.
"Il n’est pas rationnel de jeter l’éponge à quelques mètres de la ligne d’arrivée", a-t-il dit dans une allocution télévisée.
A la date de dimanche, le nombre de parlementaires qui ont claqué la
porte de l’assemblée constituante était de 70, sur un total de 217
sièges, selon une personnalité de l’opposition, Khamis Ksila.
Ils comptent observer un sit-in sur la place devant le parlement, bien que la police les en ait délogés samedi soir.
"Il s’agit d’un sit-in ouvert et nous ne partirons pas tant que nos
revendications n’auront pas été satisfaites. Nous tiendrons le
gouvernement pour responsable de toute agression nous visant, tout comme
du sang répandu", a ajouté Ksila.
Le sit-in a débuté à cet endroit samedi, après les obsèques de Mohamed Brahmi, qui ont attiré des milliers de personnes.
Dimanche, des manifestants pro- et anti-gouvernementaux, agitant des
drapeaux rouges tunisiens, se sont rassemblés à des bords opposés de la
place, que gardaient plusieurs dizaines d’agents des services de
sécurité en uniforme noir.
On ne signalait aucun acte de violence, mais le ministère de l’Intérieur
a demandé à l’un des deux groupes de s’éloigner d’un secteur afin
d’éviter tout débordement.
Plusieurs centaines de sympathisants de l’opposition ont entonné l’hymne
national et ont crié "Dégagez !" à leurs adversaires. Une foule plus
réduite, de quelques dizaines de partisans d’Ennahda, a riposté en
scandant : "Respecter la légitimité du gouvernement est un devoir !"
(28-07-2013 )
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