La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, en visite au
Caire, s’est déplacée dans la nuit pour voir le président islamiste
déchu Mohamed Morsi, détenu dans un endroit secret, dont les partisans
appellent à des manifestations massives mardi malgré les menaces du
pouvoir d’user de la force. Une marche de plusieurs milliers de
personnes en direction du quartier général de la sécurité nationale au
Caire s’est déroulée dans la soirée sans incident.
En revanche à Ismaïliya (est) des heurts entre partisans et adversaires
de Mohamed Morsi ont fait 18 blessés, selon les services de sécurité. De
grandes manifestations du camp pro-Morsi sont encore attendues mardi
après-midi pour réclamer son retour au pouvoir, dans un climat marqué
par la mort de dizaines de personnes lors d’affrontements avec la police
samedi matin au Caire.
Catherine Ashton s’est rendue sur le lieu où l’ancien président est
détenu au secret par l’armée depuis sa déposition par les militaires le 3
juillet. "Elle est partie le voir là où il est gardé. On en saura plus
quand elle reviendra", a déclaré un haut responsable égyptien sous
couvert de l’anonymat. Selon une autre source Catherine Ashton est
partie en hélicoptère. La représentante de la diplomatie de l’Union
européenne devait tenir une conférence de presse mardi en fin de
matinée.
Mohamed Morsi n’est pas apparu en public depuis son renversement et n’a
officiellement reçu aucune visite. Sa famille elle-même a déploré
récemment ne pouvoir le rencontrer. Lors de sa précédente visite au
Caire le 17 juillet, Catherine Ashton avait demandé la libération de
M. Morsi, et avait déploré n’avoir pu le rencontrer. La responsable
européenne a eu dans la journée de lundi des entretiens avec le
président par intérim Adly Mansour et son vice-président chargé des
relations internationales, Mohamed El Baradei. Elle a aussi rencontré le
nouvel homme fort de l’Égypte, le général Abdel Fattah al-Sissi, à la
fois chef de l’armée, ministre de la Défense et vice-Premier ministre.
Catherine Ashton a aussi eu des entretiens avec des membres de
formations islamistes proches de Mohamed Morsi. Le camp de l’ancien
président a une nouvelle fois, dans un communiqué publié après la
rencontre, affirmé qu’il ne pouvait y avoir de solution à la crise en
dehors d’un "retour du président" et d’un "rejet du coup d’État". Les
autorités ont poursuivi leurs avertissements envers le camp pro-Morsi,
promettant des "mesures décisives et fermes" s’ils "outrepassaient leur
droit à l’expression pacifique".
Les manifestations islamistes prévues mardi entendent notamment dénoncer
les violences qui ont fait, selon un dernier bilan, 82 morts - 81
manifestants et un policier - samedi matin à proximité de la mosquée
Rabaa al-Adawiya, où les pro-Morsi tiennent un sit-in depuis un mois. Le
ministère de l’Intérieur est vivement mis en cause par les islamistes,
de même que par des organisations de défense des droits de l’homme, pour
ces événements, les plus meurtriers survenus depuis la chute de Mohamed
Morsi.
La Maison-Blanche a condamné "avec force l’effusion de sang et les
violences" du week-end en Égypte, et a appelé les autorités à assurer le
respect du droit à manifester. L’armée a lancé par hélicoptère lundi
matin des tracts sur un campement des pro-Morsi au Caire, les appelant à
"ne pas s’approcher des installations ou unités militaires". Les
adversaires de Mohamed Morsi l’accusent d’avoir cherché à confisquer le
pouvoir au profit des islamistes, et estiment que les manifestations
monstres contre lui fin juin ont traduit sa perte de légitimité.
Mais les pro-Morsi se disent déterminés à défendre la cause du premier
président élu démocratiquement de l’histoire du pays. "Descendez (mardi)
dans la rue et sur les places pour reconquérir votre liberté, votre
dignité —usurpées par un coup d’État sanglant— et pour les droits des
martyrs assassinés par les balles" du nouveau pouvoir, a exhorté la
coalition islamiste favorable à l’ancien président. Cet appel à
manifester fait craindre une nouvelle flambée de violences alors que
plus de 300 personnes sont mortes dans les troubles en Égypte en un peu
plus d’un mois.
Dans la région du nord-Sinaï, en proie à une rébellion larvée, deux
policiers ont été tués lundi à al-Arich et un autre blessé à Cheikh
Zouweid. Un soldat a quant à lui été tué dans la nuit de dimanche à
lundi.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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