La commission d’experts nommée par le président par intérim Adly Mansour
devait commencer dimanche à travailler sur des amendements à la
Constitution, suspendue après l’éviction du président Mohamed Morsi,
dont les partisans ont lancé de nouveaux appels à manifester.
Alors que les nouvelles autorités s’efforcent de tourner la page de
l’ère Morsi, les partisans du président renversé réclament toujours son
retour au pouvoir, appelant à de nouvelles manifestations de masse après
la mort vendredi de trois manifestantes pro-Morsi, tuées dans la ville
de Mansoura.
Le ministre des Affaires étrangères du gouvernement transitoire, Nabil
Fahmy, a affirmé que la priorité de son action irait à "expliquer
clairement et honnêtement" la situation qui prévaut en Egypte, où les
heurts ont fait plus de 100 morts depuis que l’armée a écarté M. Morsi
le 3 juillet, à la suite de manifestations monstres réclamant son
départ.
Le pouvoir est également confronté à une nette détérioration de la
sécurité dans la péninsule du Sinaï (est), où sont implantés des groupes
armés.
Depuis le 3 juillet, 13 policiers et deux soldats y ont été tués, ainsi
que sept civils, selon un décompte de l’AFP. L’armée a lancé une
opération dans cette région, tuant dix jihadistes en deux jours a
rapporté selon l’agence officielle Mena rapporté jeudi.
Composée de quatre professeurs d’université et six magistrats nommés
samedi, la commission d’experts était prévue dans la "déclaration
constitutionnelle" publiée le 9 juillet dernier par M. Mansour pour
fixer le cadre de la transition politique et des échéances électorales.
Elle aura 30 jours pour élaborer des amendements à la Constitution, qui
seront ensuite présentés à une commission de 50 personnalités
représentant les diverses composantes de la société égyptienne (partis,
syndicats, dignitaires religieux, armée...).
Cette seconde commission disposera à son tour de 60 jours pour remettre
la version finale de la Constitution au président par intérim. Ce
dernier a alors 30 jours pour annoncer la date d’un référendum.
La précédente Constitution avait été adoptée par référendum en décembre
2012, sous la présidence de M. Morsi, par 64% des voix mais avec
seulement 33% de participation.
Ses travaux préparatoires avaient été houleux. L’opposition et les
représentants de l’Église s’étaient retirés de la commission
constituante, invoquant la domination des délégués islamistes.
Les arrestations de nombreux dirigeants des Frères musulmans, la mise au
secret par l’armée de M. Morsi, la mort de manifestants et les
incertitudes du calendrier politique à venir provoquent de nombreuses
inquiétudes à l’étranger.
L’Union africaine a notamment suspendu l’Égypte de ses travaux alors que
le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a
insisté samedi sur "la nécessité de la reprise du processus démocratique
en Egypte", lors d’un entretien téléphonique avec M. Fahmy.
Le Royaume-Uni est revenu sur des autorisations d’exportation
d’équipements militaires vers l’Égypte, de crainte qu’ils ne puissent
être utilisés contre les manifestants.
Mais d’autres pays ont clairement exprimé leur soutien aux nouvelles autorités dès la destitution de M. Morsi.
Trois pays du Golfe -l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le
Koweït- ont ainsi annoncé des aides au Caire s’élevant à 12 milliards de
dollars.
Et le roi Abdallah II de Jordanie a été samedi le premier chef d’État
étranger à se rendre en Egypte depuis la chute de M. Morsi.
La Jordanie avait été parmi les tout premiers pays à saluer les nouvelles autorités égyptiennes.
Les Frères musulmans jordaniens, principal groupe d’opposition dans le
royaume hachémite, avaient en revanche dénoncé la déposition du
président Morsi, issu des Frères musulmans d’Egypte.
Les nouvelles autorités égyptiennes ont déjà reçu la visite du
secrétaire d’Etat adjoint américain William Burns, de la représentante
diplomatique de l’Union européenne Catherine Ashton, et d’une importante
délégation gouvernementale des Emirats arabes unis.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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