L’opposition donne jusqu’à mardi à Morsi pour partir
Le mouvement Tamarrod, à l’origine de la contestation contre le
président égyptien Mohamed Morsi, a appelé lundi le chef de l’Etat à
quitter le pouvoir avant mardi menaçant d’engager un mouvement de
"désobéissance civile".
"Nous donnons à Mohamed Morsi jusqu’à mardi 2 juillet à 17H00 (15H00
GMT) pour quitter le pouvoir et permettre aux institutions étatiques de
préparer une élection présidentielle anticipée", affirme un communiqué
de Tamarrod publié sur son site internet. En cas de refus, "mardi 17H00
sera le début d’une campagne de désobéissance civile totale".
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Cinq personnes ont été tuées dimanche dans des heurts entre partisans
et adversaires du président islamiste égyptien Mohamed Morsi, hué lors
de manifestations monstres organisées dans tout le pays pour réclamer
son départ, un an jour après son investiture. Les cortèges, d’un ampleur
sans précédent depuis la révolte qui fit chuter Hosni Moubarak début
2011, ont défilé en scandant "dégage" et "le peuple veut la chute du
régime".
L’armée estime à "plusieurs millions" le nombre de manifestants
anti-Morsi descendus dans la rue, a déclaré à l’AFP une source
militaire. Il s’agit "de la plus grande manifestation de l’histoire de
l’Égypte", a ajouté cette source sous le couvert de l’anonymat.
Une personne a été tuée à Beni Suef et trois autres dans la province
d’Assiout, au sud du Caire, au cours d’affrontements qui ont aussi fait
des dizaines de blessés aux abords de locaux des Frères musulmans, selon
les services de sécurité.
Au Caire, le QG de la confrérie islamiste, dont est issu M. Morsi, a été
attaqué avec des cocktails Molotov et des tirs de chevrotine. Un homme
de 26 ans a été tué d’un tir dans la tête, et plusieurs dizaines
d’autres personnes blessées, selon une source médicale, dans ces heurts
très violents qui se sont poursuivis tard dans la nuit.
Sur la place Tahrir, site emblématique de la révolte contre Hosni
Moubarak, la foule a afflué en brandissant des cartons rouges à
l’adresse du président. "Je suis ici parce que Morsi, pour qui j’ai
voté, m’a trahi et n’a pas tenu ses promesses. L’Égypte va être libérée
une nouvelle fois à partir de Tahrir", affirmait Mohammed Samir, venu de
Mansourah, dans le delta du Nil, pour manifester dans la capitale. Les
manifestants se sont également massés sans incident aux abords du palais
présidentiel, dans le quartier d’Héliopolis, et sur d’autres places de
la capitale. Des manifestations anti-Morsi ont aussi eu lieu à
Alexandrie (nord), deuxième ville du pays, à Menouf et Mahallah, dans le
delta du Nil, ainsi qu’à Port-Saïd et Suez, sur le canal du même nom,
ou encore dans la ville natale de M. Morsi, Zagazig, au nord-est du
Caire.
La présidence a réagi en affirmant que "le dialogue était la seule façon
de parvenir à une entente" et qu’elle était "ouverte pour lancer un
véritable et sérieux dialogue national". Mais la principale coalition de
l’opposition égyptienne a appelé les manifestants à rester dans la rue
jusqu’à la démission du régime "dictatorial" du président Morsi, accusé
de gouverner au seul profit des islamistes et de laisser l’économie
s’effondrer.
Un des principaux dirigeants de l’opposition, le nationaliste de gauche
Hamdeen Sabbahi, a appelé l’armée à "agir" pour "faire respecter la
volonté du peuple" si M. Morsi ne partait pas de lui-même.
Les militaires se sont dits récemment prêts à intervenir si le climat
dégénérait, alors que des heurts ont déjà fait huit morts, dont un
Américain, dans les jours qui ont précédé les rassemblements de
dimanche. Redoutant de graves troubles, l’armée et la police se sont
déployées à travers le pays pour renforcer la protection des
installations vitales, notamment le canal de Suez.
Non loin du palais présidentiel, des militants islamistes campent depuis
vendredi dans le quartier de Nasr City pour défendre la "légitimité" du
premier chef de l’État égyptien librement élu. Ils étaient 25 000
dimanche soir, selon l’armée. Cette journée constituait le point d’orgue
de la campagne Tamarrod (rébellion en arabe), le mouvement à l’origine
des appels à manifester massivement pour réclamer le départ de M. Morsi
le jour même de l’anniversaire de son investiture. Tamarrod assure avoir
recueilli plus de 22 millions de signatures pour une présidentielle
anticipée, soit plus que le nombre d’électeurs de M. Morsi en juin 2012
(13,23 millions).
Après un an d’une présidence mouvementée, déjà marquée par plusieurs
crises, M. Morsi vit son "Jour du jugement", ont titré dimanche certains
journaux. Les adversaires de M. Morsi dénoncent une dérive autoritaire
du pouvoir destinée à instaurer un régime dominé par les islamistes,
ainsi que son incapacité à relancer l’économie.
Ses partisans en revanche soulignent qu’il puise sa légitimité dans la
première élection présidentielle libre de l’histoire de l’Égypte. Ils
accusent l’opposition laïque de faire le jeu des nostalgiques de
l’ancien régime.
L’instabilité persistante en Égypte, pays le plus peuplé du monde arabe
avec plus de 80 millions d’habitants, pèse lourdement sur une économie
handicapée par une inflation et un chômage en hausse ainsi qu’une chute
de sa monnaie.
Samedi, le président américain Barack Obama a demandé à M. Morsi et à
l’opposition d’engager un dialogue "plus constructif". Craignant des
dérapages, le département d’État américain a annoncé le départ d’une
partie de son personnel diplomatique et plusieurs pays, dont la France
et la Grande-Bretagne, ont diffusé des consignes de prudence à leurs
ressortissants.
(01-07-2013)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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