Les principaux pays soutenant l’opposition syrienne ont décidé samedi
d’intensifier leur aide à la rébellion pour inverser le rapport de
forces sur le terrain en sa faveur avant la tenue d’une conférence de
paix à Genève.
Réunis à Doha, les onze pays amis de la Syrie, dont les Etats-Unis, la
France ou la Grande-Bretagne, ont annoncé avoir décidé "une aide urgente
en matériel et en équipements" à la rébellion afin de lui permettre de
faire face aux "attaques brutales du régime".
Ils ont précisé que chaque pays fournirait une aide à la rébellion "à sa
manière", contournant ainsi l’épineuse question de l’aide militaire
directe que plusieurs pays occidentaux refusent de fournir. Jusqu’à
présent, le gros de l’aide militaire provient de l’Arabie saoudite et du
Qatar.
Les participants ont souligné dans un communiqué à l’issue de leur
réunion que "toute aide militaire sera canalisée" par le Haut conseil
militaire syrien relevant de l’Armée syrienne libre (ASL), principale
faction de l’opposition armée, afin qu’elle ne tombe pas entre les mains
des groupes extrémistes.
Laurent Fabius avait exclu jeudi que la France livre à la rébellion
syrienne des armes qui pourraient "se retourner" contre elle.
Il a annoncé samedi que Paris avait envoyé des traitements anti gaz sarin "qui peuvent protéger un millier de personnes".
Le chef de la diplomatie du Qatar, soutenant activement l’opposition,
cheikh Hamad ben Jassem Al Thani, a en outre affirmé que les
participants à la réunion avaient pris "des décisions secrètes" pour
modifier l’équilibre des forces sur le terrain.
Cheikh Hamad a indiqué que neuf des pays participants étaient d’accord
sur l’apport d’aide militaire à l’ASL, ne précisant pas quels étaient
les deux Etats réservés sur la question.
Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague avait
déclaré avant la réunion que son pays n’avait "pas pris la décision"
d’armer la rébellion syrienne.
Les Amis de la Syrie vont "chacun à sa façon, chacun choisissant son
approche, augmenter la portée et l’ampleur de leur assistance à
l’opposition politique et militaire", a déclaré le secrétaire d’Etat
John Kerry, sans préciser si son pays allait fournir des armes à la
rébellion.
Mais il a estimé que les rebelles avaient besoin d’un soutien accru
"afin de se rendre à Genève" et de renverser "le déséquilibre sur le
terrain", où le régime a récemment enregistré des progrès.
Il a souligné que son pays continuait d’appuyer une solution pacifique
et la tenue de la conférence internationale Genève 2 visant à trouver
une solution politique au conflit qui a fait en plus de deux ans quelque
93.000 morts selon l’ONU.
Les Etats-Unis soutiennent "la mise en place d’un gouvernement de
transition" prévue par l’accord de Genève "qui serait choisi par
consentement mutuel par le régime d’Assad et l’opposition", a-t-il dit.
De son côté, cheikh Hamad a estimé qu’un règlement politique "ne peut
être réalisé qu’en établissant un équilibre sur le terrain pour que le
régime accepte de négocier".
La rébellion syrienne avait indiqué fonder beaucoup d’espoirs sur cette réunion.
Selon une source diplomatique occidentale, le chef d’état-major de
l’ASL, le général Sélim Idriss, avait présenté "une liste de demandes
sur les armes".
Le porte-parole de l’ASL, Louaï Moqdad, avait annoncé vendredi à l’AFP
que l’ASL avait reçu récemment de l’étranger des quantités d’armes
"modernes" susceptibles de "changer le cours de la bataille", notamment
des armes anti-aériennes et anti-chars.
La rébellion réclame des armes lourdes pour protéger les zones civiles
de la puissance de feu du régime, qui tente actuellement de reconquérir
des poches rebelles à Damas et Alep (nord), après avoir repris début
juin avec l’aide du Hezbollah libanais la localité de Qousseir, bastion
rebelle stratégique.
Les Amis de la Syrie ont dénoncé "l’intervention des milices du
Hezbollah et des combattants d’Iran et d’Irak, qui aident le régime à
réprimer le peuple syrien".
Ils ont exigé "que ces combattants quittent la Syrie immédiatement" et
appelé le Hezbollah et l’Iran à "prendre des mesures pour arrêter les
tensions confessionnelles".
Samedi, trois enfants ont été tués dans l’est de Damas, pilonné pour le
quatrième jour consécutif par l’armée syrienne, selon l’Observatoire
syrien des droits de l’Homme (OSDH).
(22-06-2013 - Assawra avec les agences de presse)
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