dimanche 16 juin 2013

Syrie : plus de 93 000 personnes tuées dans la guerre civile, selon l’ONU

Plus de 93 000 personnes, dont au moins 6500 enfants, ont été tuées depuis le début de la guerre civile en Syrie en mars 2011, a annoncé jeudi l’ONU dans un rapport soulignant une forte augmentation du nombre de morts chaque mois.
"J’exhorte les parties à déclarer un cessez-le-feu immédiat, avant que des dizaines de milliers de personnes soient encore tuées ou blessées", a déclaré la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay.
"Les tueries incessantes se poursuivent à des niveaux outrageusement élevés, avec plus de 5000 décès documentés chaque mois depuis juillet et 27 000 décès supplémentaires depuis le 1er décembre", a-t-elle précisé, soulignant que le nombre réel de personnes tuées pourrait être beaucoup plus élevé.
Le plus grand nombre de décès documentés a été enregistré dans les régions de la périphérie rurale de Damas (17 800) et de Homs (16 400), suivi des régions d’Alep (11 900), d’Idlib (10 300), de Deraa (8600), de Hama (8100), de Damas (6400) et de Deir Ezzor (5700).
La très grande majorité des cas documentés par l’ONU sont des hommes, mais les experts n’ont pas réussi à établir une distinction entre combattants et civils.
L’âge des victimes ne figure pas dans environ trois quarts des décès signalés. Mais l’ONU a réussi à documenter les décès d’au moins 6561 mineurs, dont au moins 1729 enfants de moins de dix ans.
"Il y a aussi eu des cas bien étayés d’enfants torturés et exécutés, mais aussi de familles entières, y compris les bébés, massacrées. Ces cas et le bilan très élevé de décès sont un terrible rappel du tour particulièrement vicieux qu’a pris le conflit", a déploré Mme Pillay.
Cette dernière étude - qui est une mise à jour d’une précédente ayant permis de compiler quelque 60 000 décès documentés jusqu’au 30 novembre 2012 - a été réalisée en utilisant une liste combinée de 263 055 décès signalés et identifiés de façon complète, avec les noms des victimes ainsi que les dates et les lieux des décès.
Tous les décès signalés mais ne comprenant pas au moins ces trois éléments ont été exclus de la liste, qui a été ensuite compilée grâce à des ensembles de données issus de huit sources différentes dont le gouvernement syrien et l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Le 14 mai, l’OSDH avait d’ailleurs indiqué que la guerre en Syrie a fait au moins 94.000 morts depuis le début du conflit.
Pour sa part, l’analyse de l’ONU montre une nette augmentation du nombre moyen de décès documentés chaque mois depuis le début du conflit, avec plus de 5.000 morts par mois en moyenne depuis juillet 2012 contre environ 1000 morts par mois au cours de l’été 2011.
Depuis novembre 2012, les plus fortes augmentations de décès ont été enregistrées dans la périphérie rurale de Damas et à Alep.
"Ce chiffre extrêmement élevé de meurtres, mois après mois, est le reflet de la nette détérioration du conflit au cours de l’année écoulée", a estimé Mme Pillay.
Faisant référence au dernier rapport de la Commission d’enquête sur la Syrie, la patronne des droits de l’Homme à l’ONU a rappelé que "ce sont les civils qui sont les plus touchés par les attaques généralisées, violentes et souvent indiscriminées qui dévastent des pans entiers de grandes villes et les villages périphériques".

**

Golan : l’ONU en discussions avec la Suède pour une force de maintien de la paix
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a débuté des discussions avec la Suède pour qu’elle prenne éventuellement la tête d’une force de maintien de la paix renforcée sur le plateau du Golan, a indiqué jeudi un responsable israélien.
Les discussions sont "à un stade très préliminaire", a-t-il déclaré à l’AFP sous couvert de l’anonymat. "Il n’a pas encore été établi qui est d’accord pour cela, qui le souhaite. Les conditions ne sont pas claires".
Le quotidien israélien Haaretz a rapporté que le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt soutenait l’envoi de troupes au sein de la Force de l’ONU pour l’observation du désengagement(FNUOD) sur le Golan, sur la ligne de cessez-le-feu entre la Syrie et Israël, pour remplacer le contingent autrichien.
A la suite de combats entre l’armée syrienne et les rebelles pour le point de passage de Qouneitra ayant fait deux blessés légers parmi les Casques bleus, l’Autriche a annoncé le 6 juin son intention de retirer ses troupes. Mercredi, 67 Casques bleus autrichiens ont quitté la zone.
Haaretz a précisé que M. Bildt n’enverrait des troupes que dans le cadre d’une force nordique comprenant des forces finlandaises, norvégiennes et danoises.
"Les Suédois veulent renforcer le mandat de la FNUOD et la transformer en une force plus robuste qui serait mieux à même de se défendre si elle était attaquée", écrit le journal.
"Nous ne savons pas tout ce que les Suédois ont dit à Ban mais nous savons qu’il y a des indications dans cette direction", a déclaré le responsable israélien.
La Force est chargée depuis 1974 de faire respecter le cessez-le-feu sur le Golan, région du sud-ouest de la Syrie occupée en grande partie par Israël.
M. Ban a recommandé mercredi "de renforcer les capacités d’autodéfense" des Casques bleus, "y compris en portant son effectif à 1250 environ et en améliorant son équipement d’autodéfense".
La Force compte aujourd’hui 900 observateurs venus de trois pays (Autriche, Inde, Philippines) et équipés seulement d’armes de poing.
Le Conseil doit bientôt renouveler le mandat de la FNUOD, qui arrive à expiration le 26 juin. M. Ban recommande dans son rapport de le prolonger de six mois, "considérant la présence de la Force dans la zone comme essentielle". Les gouvernements israélien et syrien ont donné leur accord, précise-t-il.
Alors que l’ONU sollicite différents pays après le retrait autrichien, Fidji a fait part de son intention de fournir 500 soldats environ, selon des diplomates. D’ici fin juin, 170 soldats fidjiens vont ainsi être déployés pour remplacer les contingents croate et japonais. Ceux-ci s’étaient retirés il y a quelques mois, de même qu’un contingent canadien.
Moscou a également proposé d’envoyer des soldats russes pour remplacer les Autrichiens mais en principe l’accord de désengagement du Golan de 1974 ne le permet pas.

(13-06-2013)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire