Israël tente de mettre fin à la quasi impunité des auteurs d’actes
racistes anti-arabes qui se multiplient depuis des mois, en Cisjordanie
et sur son territoire.
Lundi, une trentaine de voitures ont été vandalisées et des graffitis
anti-arabes inscrits par des extrémistes juifs présumés à Abou Ghosh,
une localité arabe israélienne à l’ouest de Jérusalem.
Ces exactions ont fait d’autant plus scandale qu’Abou Ghosh fait figure
d’exemple de "cohabitation" entre une majorité arabe et une minorité
juive.
La veille, trois Palestiniennes, dont une de 75 ans, ont été battues par
des Israéliens lors de deux incidents à Jérusalem. Les victimes ont
dénoncé des agressions racistes, un mobile non confirmé par la police,
qui a annoncé l’arrestation d’un des auteurs présumés, un mineur en état
d’ébriété.
Des colons extrémistes ainsi que des activistes d’extrême droite
exercent, sous l’appellation du "Prix à payer", des représailles sur des
villageois palestiniens ou arabes israéliens, des lieux de culte
musulmans et chrétiens, des militants pacifistes israéliens, voire
l’armée, après des décisions gouvernementales qu’ils jugent hostiles à
leurs intérêts ou des actes attribués à des Palestiniens.
"Israël n’a pas encore décidé comment résoudre ce problème", a déclaré à
la radio militaire Menahem Landau, ancien responsable de l’unité
chargée des extrémistes juifs au Shin Beth, le service de sécurité
intérieure israélien, "mais si cela continue, il y aura des représailles
et des morts. Que dira-t-on alors ? Que ce n’était que des
graffitis ?".
Il préconise de poursuivre les auteurs de ces actes pour appartenance à
des organisations classés "terroristes", ce qui permettrait aux Shin
Beth de les combattre plus efficacement.
Mais si le cabinet de sécurité israélien a renforcé dimanche les
pouvoirs des forces de sécurité en classant les auteurs de ces actes
comme membres "d’organisations illégales", il s’est abstenu de les
désigner comme "terroristes", une mesure qualifiée de "blague" par une
spécialiste des question juridiques du quotidien Yediot Aharonot.
"Cette décision, qui contredit la position du procureur général, de la
ministre de la Justice et du chef du Shin Beth, traduit la lâcheté du
gouvernement actuel, qui, comme les précédents, a peur de l’extrême
droite", écrit-elle, se demandant "s’il faudra un grave attentat
d’extrême droite embrasant toute la région avant que le gouvernement
agisse vraiment".
"Le gouvernement doit décider de traiter le problème et définir une
catégorie juridique plus claire pour les auteurs de ces actes", a
également estimé Shlomo Aharonishki, ancien chef de la police, sur la
radio militaire.
Pour le député arabe d’opposition Mohammad Barakeh, "si ces
organisations étaient considérées comme terroristes, les forces de
sécurité auraient les moyens de les réprimer comme tout acte commis par
des Palestiniens, qu’elles qualifient de terroriste".
"Les ministres et les représentants de l’opposition ont clairement dit
que ces actes embarrassaient Israël face à la communauté
internationale", a-t-il expliqué à la radio officielle palestinienne.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a condamné les déprédations
d’Abou Ghosh comme "contraires au judaïsme, aux valeurs de notre peuple
et de notre État".
Un nombre infime d’auteurs d’actes relevant du "Prix à payer" sont
effectivement condamnés, notamment en raison du fait que la majorité des
suspects arrêtés sont mineurs, a indiqué à l’AFP une porte-parole de la
police, Louba Samri.
"Cela complique beaucoup le processus juridique", a-t-elle reconnu.
Le président de la "Coalition contre le racisme" en Israël, Nidal
Othmane, a précisé que lors d’une audition parlementaire, "des
représentants de l’unité spéciale israélienne en Cisjordanie ont fait
état d’une organisation secrète basée dans des colonies de Cisjordanie"
organisant ces actes.
"Tant que les rabbins extrémistes qui inspirent la haine motivant ces
crimes ne seront pas poursuivis, il sera impossible d’y mettre fin",
a-t-il déclaré à l’AFP.
"Il y a des rabbins provocateurs et des colonies sauvages qui favorisent
le hooliganisme et reçoivent des fonds du gouvernement", affirme
également un éditorialiste du quotidien Maariv.
"Les condamnations ne suffisent pas", souligne-t-il, appelant à "cesser
de financer les endroits où se développe l’incitation à la haine".
(20-06-2013 - Assawra avec les agences de presse)
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