dimanche 23 juin 2013

Liban : deux soldats tués face à des partisans d’un imam radical

Trois soldats libanais ont été tués dimanche lors de combats contre des partisans d’un imam sunnite radical, connu pour ses critiques virulentes du Hezbollah, près de Saïda (sud), a indiqué l’armée dans un communiqué.
"Un groupe loyal au cheikh Ahmed al-Assir a attaqué, sans raison, un barrage de l’armée libanaise dans la ville de Abra" dans la banlieue de Saïda, la principale ville du sud du pays, affirme le texte.
"Deux officiers et un soldat ont été tués, et plusieurs autres ont été blessés, tandis que plusieurs véhicules militaires ont été endommagés", poursuit le communiqué militaire.
Une source au sein des services de sécurité locaux avait auparavant affirmé à l’AFP que ces heurts avaient éclaté "après que des soldats postés à un barrage ont arrêté une voiture transportant des partisans du cheikh Assir".
Des mitrailleuses et des roquettes ont été utilisées lors de ces combats qui ont éclaté sur fond de tensions confessionnelles exacerbées au Liban par le conflit en Syrie voisine.
Des échanges de tirs avec différentes armes s’en sont suivis et se poursuivaient encore non loin de la mosquée où le cheikh Assir dirige la prière, à Abra. Ils étaient audibles jusqu’à Saïda, à deux kilomètres de là, a rapporté le correspondant de l’AFP sur place.
Des habitants fuyaient les environs, en voiture ou à pied, avec quelques affaires emportées à la hâte, tandis que des renforts militaires se déployaient.
les magasins ont fermé à Adra et dans les quartiers de Saïda proches.
"Les roquettes s’abattent sur nous et il y a des tirs nourris", a affirmé à l’AFP un témoin joint par téléphone, qui se trouve à proximité de la zone où se déroule cette guérilla urbaine.
La mosquée où officie le cheikh Assir fait depuis plusieurs mois l’objet de mesures de sécurité renforcées après plusieurs incidents avec l’armée ou des membres du Hezbollah, que l’imam accuse d’utiliser des appartements dans le secteur de Abra pour cacher des armes et des combattants.
Il avait alors menacé d’une action armée contre le mouvement chiite.
Dans l’après-midi, dans une vidéo envoyée sur les téléphones portables de ses partisans que l’AFP a pu consulter, le cheikh Assir appelle "ses partisans à travers le Liban à venir" pour prêter main-forte à ses hommes et "défendre notre religion et nos femmes".
Alors que des tirs sont audibles en fond sonore, il ajoute "nous sommes agressés par l’armée libanaise (...) confessionnelle et les miliciens de Hassan Nasrallah (chef du Hezbollah, ndlr) et de Nabih Berri (chef du parti chiite Amal)". Enfin, il appelle à "couper les routes" et exhorte "les nobles sunnites ou non-sunnites de l’armée à déserter".
Les tensions confessionnelles au Liban se sont exacerbées ces dernières semaines en raison du conflit en Syrie voisine, où le Hezbollah chiite est engagé au côté des troupes du président Bashar al-Assad face aux rebelles, en majorité sunnites.
Le Liban prône officiellement une politique de neutralité face au conflit syrien, mais celle-ci est mise à mal en raison de la profonde division du pays entre partisans et adversaires du régime de Damas, dominé par les alaouites, une branche du chiisme.
Fin avril, deux imams salafistes, dont Ahmed al-Assir, avaient appelé au jihad en Syrie pour défendre les sunnites de la région centrale de Homs, affirmant réagir à l’implication du Hezbollah au côté de l’armée syrienne.
Inconnu avant le début en 2011 du conflit en Syrie, le cheikh Assir a gagné sa notoriété en multipliant les critiques contre Damas et son allié au Liban, le puissant parti armé Hezbollah.

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