Trois soldats libanais ont été tués dimanche lors de combats contre des
partisans d’un imam sunnite radical, connu pour ses critiques virulentes
du Hezbollah, près de Saïda (sud), a indiqué l’armée dans un
communiqué.
"Un groupe loyal au cheikh Ahmed al-Assir a attaqué, sans raison, un
barrage de l’armée libanaise dans la ville de Abra" dans la banlieue de
Saïda, la principale ville du sud du pays, affirme le texte.
"Deux officiers et un soldat ont été tués, et plusieurs autres ont été
blessés, tandis que plusieurs véhicules militaires ont été endommagés",
poursuit le communiqué militaire.
Une source au sein des services de sécurité locaux avait auparavant
affirmé à l’AFP que ces heurts avaient éclaté "après que des soldats
postés à un barrage ont arrêté une voiture transportant des partisans du
cheikh Assir".
Des mitrailleuses et des roquettes ont été utilisées lors de ces combats
qui ont éclaté sur fond de tensions confessionnelles exacerbées au
Liban par le conflit en Syrie voisine.
Des échanges de tirs avec différentes armes s’en sont suivis et se
poursuivaient encore non loin de la mosquée où le cheikh Assir dirige la
prière, à Abra. Ils étaient audibles jusqu’à Saïda, à deux kilomètres
de là, a rapporté le correspondant de l’AFP sur place.
Des habitants fuyaient les environs, en voiture ou à pied, avec quelques
affaires emportées à la hâte, tandis que des renforts militaires se
déployaient.
les magasins ont fermé à Adra et dans les quartiers de Saïda proches.
"Les roquettes s’abattent sur nous et il y a des tirs nourris", a
affirmé à l’AFP un témoin joint par téléphone, qui se trouve à proximité
de la zone où se déroule cette guérilla urbaine.
La mosquée où officie le cheikh Assir fait depuis plusieurs mois l’objet
de mesures de sécurité renforcées après plusieurs incidents avec
l’armée ou des membres du Hezbollah, que l’imam accuse d’utiliser des
appartements dans le secteur de Abra pour cacher des armes et des
combattants.
Il avait alors menacé d’une action armée contre le mouvement chiite.
Dans l’après-midi, dans une vidéo envoyée sur les téléphones portables
de ses partisans que l’AFP a pu consulter, le cheikh Assir appelle "ses
partisans à travers le Liban à venir" pour prêter main-forte à ses
hommes et "défendre notre religion et nos femmes".
Alors que des tirs sont audibles en fond sonore, il ajoute "nous sommes
agressés par l’armée libanaise (...) confessionnelle et les miliciens de
Hassan Nasrallah (chef du Hezbollah, ndlr) et de Nabih Berri (chef du
parti chiite Amal)".
Enfin, il appelle à "couper les routes" et exhorte "les nobles sunnites
ou non-sunnites de l’armée à déserter".
Les tensions confessionnelles au Liban se sont exacerbées ces dernières
semaines en raison du conflit en Syrie voisine, où le Hezbollah chiite
est engagé au côté des troupes du président Bashar al-Assad face aux
rebelles, en majorité sunnites.
Le Liban prône officiellement une politique de neutralité face au
conflit syrien, mais celle-ci est mise à mal en raison de la profonde
division du pays entre partisans et adversaires du régime de Damas,
dominé par les alaouites, une branche du chiisme.
Fin avril, deux imams salafistes, dont Ahmed al-Assir, avaient appelé au
jihad en Syrie pour défendre les sunnites de la région centrale de
Homs, affirmant réagir à l’implication du Hezbollah au côté de l’armée
syrienne.
Inconnu avant le début en 2011 du conflit en Syrie, le cheikh Assir a
gagné sa notoriété en multipliant les critiques contre Damas et son
allié au Liban, le puissant parti armé Hezbollah.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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