François Hollande a salué samedi à Doha la déclaration du groupe des
amis de la Syrie qui permet, selon lui, de "renforcer" l’opposition au
régime de Damas, et entamé sa visite de 24 heures au Qatar en se
félicitant "des excellentes" relations avec ce pays "ami".
Arrivé peu après la réunion des onze pays soutenant la rébellion
syrienne, le président Français a jugé que "cette conférence avait pu
déterminer une ligne", celle "de soutenir l’opposition syrienne, de
renforcer encore les éléments qui, au sein de cette opposition, donnent
toute garantie pour préparer la transition, demander à certaines forces
étrangères de se retirer de Syrie et aller vers une conférence qui
permette de trouver une issue politique" à ce conflit qui a fait près de
100.000 morts.
Dans sa résolution finale, la réunion de Doha a "exigé", selon les
termes du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, que
l’Iran et le Hezbollah "cessent d’intervenir dans le conflit".
"C’est une guerre où un peuple se fait massacrer" avec "l’utilisation du
gaz pour détruire un certain nombre d’opposants", a-t-il souligné
devant la communauté française, réunie sur le site du lycée
franco-qatari Voltaire.
Le chef de la diplomatie française avait annoncé un peu plus tôt l’envoi
par Paris dans ses livraisons à l’opposition syrienne "de traitements
qui peuvent protéger un millier de personnes" du gaz sarin, un puissant
neurotoxique.
Sur le plan bilatéral, le président français s’est réjoui "des
excellentes relations" de la France avec le Qatar depuis l’indépendance
de l’émirat en 1971. "Tous les présidents successifs en France y ont
veillé avec leur tempérament, leur façon de faire mais pour nous c’est
une constante de l’action politique extérieure. Nous savons où sont nos
amis", a-t-il assuré évoquant "une estime réciproque, une compréhension"
entre les deux pays.
Même son prédécesseur Nicolas Sarkozy, dont les liens étroits avec le
Qatar ont souvent été décriés, a eu grâce à ses yeux pour avoir fait "un
pari d’une grande audace", en décidant l’agrandissement du lycée
Voltaire.
Alors que les importants investissements de l’émirat en France, 12
milliards d’euros en cinq ans, sont régulièrement sujets à polémique,
M. Hollande a affirmé que ces contributions financières étaient "les
bienvenues", mais sans "les réduire à l’immobilier et au sport", a-t-il
souligné, car "il y a bien des industries, bien des services" dans
l’hexagone qui pourraient bénéficier de cette manne.
En échange, il a assuré que la France était prête à "accompagner les
grands projets du Qatar pour les années qui viennent", et à lui apporter
"son expérience" pour l’organisation du Mondial 2022 de football
organisé dans l’émirat.
M. Hollande était convié dans la soirée avec sa compagne Valérie
Trierweiler, à un dîner privé avec l’émir cheikh Hamad Ben Khalifa
Al-Thani, sa deuxième épouse Moza et le prince héritier cheikh Tamim, à
qui l’émir se prépare à céder le pouvoir.
La deuxième partie de sa visite dimanche sera largement consacrée au
volet économique, avec la finalisation d’un fonds commun franco-qatari
entre la Caisse des dépôts et consignation et le fonds souverain Qatar
Investment authority (QIA). Ce fonds commun, doté de 300 millions
d’euros et destiné à financer des PME françaises, est créé en lieu et
place d’un projet très contesté de 50 millions d’euros d’investissements
qataris dans les banlieues françaises.
M. Hollande visitera notamment un gros chantier immobilier de Bouygues et interviendra devant un forum économique franco-qatari.
La France espère faire avancer quelques gros dossiers, comme le projet
de métro à Doha pour lequel le groupe Vinci est engagé à hauteur de 1,5
milliard d’euros, ou celui du tramway de la ville nouvelle de Lusail,
pour lequel Alstom est en lice. Alors qu’Airbus équipe déjà quasiment
toute la flotte qatarie, de nouveaux achats sont aussi espérés.
Le dossier du Rafale, considéré par Paris comme "d’importance
stratégique majeure", sera aussi évoqué. L’avion de combat français du
groupe Dassault Aviation est en concurrence avec l’Eurofighter construit
par BAE Systems, Finmeccanica et EADS.
Dimanche en fin de journée, M. Hollande gagnera la Jordanie où sa
rencontre avec le roi Abdallah II sera largement consacrée à la crise
syrienne.
(22-06-2013)
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