Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, 76 ans, est apparu pour
la première fois depuis son hospitalisation à Paris assis aux côtés de
ses collaborateurs, selon des photos diffusées mercredi par l’agence
APS.
Habillé d’une robe de chambre, il recevait mardi le Premier ministre
Abdelmalek Sellal et le chef d’état-major de l’armée Ahmed Gaïd Salah,
selon les photos visibles sur le site de l’agence nationale algérienne.
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Alger se veut rassurant sur Bouteflika, mais sa succession évoquée
Les autorités algériennes se veulent rassurantes sur la santé du
président Abdelaziz Bouteflika, hospitalisé à Paris depuis 47 jours,
face à un public dubitatif plus enclin à savoir ce qui se trame en
coulisses pour sa succession.
Une visite de dirigeants algériens, le Premier ministre Abdelmalek
Sellal et le chef d’état-major de l’armée Ahmed Gaïd Salah, au chevet de
M. Bouteflika été annoncée pour la première fois mardi à Alger.
Elle suit une offensive médiatique tous azimuts lancée il y a plusieurs
jours par les autorités pour présenter M. Bouteflika, 76 ans, comme
convalescent et gérant toujours les affaires de l’Etat qu’il dirige
depuis 14 ans.
M. Sellal a déclaré mardi que le président avait "très bien réagi et
(que) son état de santé semblait correct" durant la rencontre au cours
de laquelle les affaires de l’Etat avaient été discutées.
Peu auparavant, les "médecins accompagnateurs" du président à Paris
avaient publié un bulletin de santé indiquant que M. Bouteflika
observait une "période de réadaptation fonctionnelle" à l’Institution
des Invalides "en vue de consolider l’évolution favorable de son état de
santé".
Des sources à Paris et Alger indiquaient mardi que deux cameramen
avaient été vus entrer dans cet établissement. Mais pour l’heure, pas de
photo, pas d’image de la rencontre de mardi.
Le Soir d’Algérie résumait ainsi la situation : "le mystère demeure
entier, les craintes aussi, surtout qu’il n’y a pas de diffusion
d’images du président".
"Si on ne le montre pas, c’est qu’il est en très mauvais état", estime
le politologue Mohamed Hennad.
Pour Rachid Tlemçani, autre politologue, "le régime algérien ne se sent pas obligé de rendre des comptes au peuple".
Un expert du système politique algérien qualifiait en privé à l’AFP cette situation de "mascarade".
"Nous ne pouvons que décrypter, déplore M. Hennad, professeur à l’Ecole
nationale des Sciences politiques d’Alger. Nous ne sommes pas sortis de
la spéculation".
Pour lui, "la succession apparaît désormais dans l’ordre des choses",
alors que M. Bouteflika achève son troisième mandat en 2014. "La
constitution est claire : s’il y a empêchement, qu’on y procède", dit
M. Hennad.
Depuis des semaines, les appels se succèdent pour que le Conseil
constitutionnel décrète l’empêchement, tel que stipulé par l’article 88
de la constitution.
Dernier en date, un chef historique de la révolution algérienne, Mohamed
Mechati, qui s’est directement adressé à l’armée, aux "décideurs" comme
certains les appellent pudiquement en Algérie.
"Votre courage et votre patriotisme, dont nous ne doutons pas, doit vous
faire agir vite ; il y va de la survie de notre pays", lisait-on dans
son appel.
L’AVC dont a été victime le président le 27 avril "a bousculé l’enjeu du
4e mandat", estime M. Tlemçani. "L’enjeu fondamental est de gagner du
temps, trouver un consensus au sein des groupes de pression sur un homme
(le futur président) qui va renforcer le statu quo", souligne-t-il.
Il faut ensuite passer par l’empêchement pour accélérer l’élection du
successeur, et/ou tenir jusqu’à l’échéance électorale présidentielle
d’avril 2014, d’où les luttes de clan actuelles par presse interposée.
Pour M. Tlemçani, "le système de cooptation reste le même : le groupe sécuritaire décide".
En Algérie, on a tendance à parler du "système" comprenant les
différents clans, politiques et surtout la Sécurité Militaire, qui
gèrent le pays et ses très riches ressources en hydrocarbures.
Chafik Mesbah, politologue, ancien officier militaire, estime qu’"il faudra en venir à l’article 88, c’est fatal".
"Maintenir le statu quo jusqu’en 2014 me semble intenable. On ne peut
pas prendre ses concitoyens pour des imbéciles", a-t-il dit à l’AFP, en
référence aux nouvelles rassurantes continues émises de sources
officielles.
L’article 88 stipule qu’en cas de "maladie grave et durable" du
président, le Conseil constitutionnel propose à l’unanimité "au
Parlement de déclarer l’état d’empêchement", qui nécessite deux-tiers
des voix.
Le président du Sénat, actuellement Abdelkader Bensalah (70 ans), assure
ensuite l’intérim durant un maximum de 45 jours. Après, "il est procédé
à une déclaration de vacance par démission de plein droit" du chef de
l’Etat et le président du Sénat a 60 jours pour organiser la
présidentielle.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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