Au moins quatre personnes ont péri dans un attentat suicide qui a
frappé jeudi un quartier chrétien de Damas, nouvel épisode sanglant
d’une guerre civile dans laquelle le fossé entre besoins humanitaires et
aide distribuée ne cesse de s’accroître, selon la Croix-Rouge.
La télévision d’Etat a affirmé que l’attentat s’était produit dans le
quartier de Bab Tuma, dans la vieille ville de Damas, tandis que
l’agence officielle Sana a indiqué qu’il avait frappé le quartier
contigu de Bab Charqi.
Après cette attaque qui a eu lieu à proximité de l’église mariamite et
des locaux de l’association caritative Al-Ihsan, la police a fermé la
rue commerçante allant de la place de Bab Tuma à Bab Charqi, ont
indiqué des passants à l’AFP.
Un vidéaste de l’AFP sur place a vu un cadavre allongé sur la chaussée, ainsi que deux magasins partiellement démolis.
La télévision officielle d’information en continu al-Ikhbariya a montré
le corps d’un homme, le présentant comme "celui qui s’est fait exploser
et qui a eu les pieds amputés". Elle a également diffusé des images
montrant des restes humains qui pendaient d’un arbre.
En octobre, un attentat devant un commissariat de Bab Tuma avait fait 13 morts.
A quelques centaines de mètres du lieu de l’attentat, "deux obus de
mortier sont tombés dans le vieux-Damas près de la rue al-Amine sans
faire de victimes", a ensuite rapporté l’Observatoire syrien des droits
de l’Homme (OSDH).
Cette ONG basée en Grande-Bretagne et qui s’appuie sur un important
réseau de militants et de sources médicales civiles et militaires a
indiqué mercredi que le nombre de morts depuis le début en mars 2011 du
soulèvement contre le régime en Syrie avait franchi la barre symbolique
des 100 000.
Cette annonce est intervenue au moment où les Etats-Unis, pourtant à
l’origine, avec les Russes, de ce projet, ont dit douter de la tenue
prochaine d’une conférence de paix internationale sur la Syrie.
Alors qu’une solution politique semble de plus en plus éloignée, le
fossé entre les besoins de la population syrienne et l’aide distribuée
ne cesse de s’accroître, a déploré le président du Comité international
de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer.
Le CICR table désormais sur "un conflit prolongé" en Syrie, devenue sa
première opération en termes de dépenses, où il y a désormais "un
décalage énorme entre la capacité à répondre (...) et la vitesse
croissante avec laquelle les besoins augmentent", selon M. Maurer.
Le conflit a poussé un quart des 23 millions de Syriens à quitter leur
foyer, selon l’ONU. Plus de quatre millions sont déplacés dans leur
pays, tandis que plus d’un 1,6 million, dont plus de 800 000 enfants,
ont trouvé refuge au Liban, en Jordanie et en Turquie.
En l’absence d’issue diplomatique, les rebelles réclament à cors et à
cris des armes lourdes pour venir à bout du régime de Bachar al-Assad,
une demande à laquelle les pays "Amis de la Syrie" ont répondu en
promettant "une aide urgente en matériel et en équipements" afin de
redonner l’avantage aux rebelles sur le terrain.
Ils ont précisé que chaque pays aiderait la rébellion "à sa manière",
contournant ainsi l’épineuse question de l’aide militaire directe que
plusieurs pays occidentaux refusent de fournir.
La chancelière Angela Merkel a d’ailleurs exprimé jeudi sa
"compréhension" concernant les livraisons d’armes aux rebelles
envisagées par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni. Mais elle a
précisé que "l’Allemagne ne livre pas d’armes dans des régions en guerre
civile pour des raisons juridiques" et donc n’en livrera "pas non plus
en Syrie".
Autre inquiétude à l’étranger : l’arsenal chimique de Damas. Le ministre
turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu rencontrait d’ailleurs
jeudi à huis clos l’expert des Nations unies en charge de l’enquête sur
l’utilisation de telles armes, le Suédois Ake Sellstrom, dont l’équipe
n’a pu jusque-là entrer en Syrie.
La Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis affirment détenir des
preuves de l’utilisation d’armes chimiques par les troupes de Assad.
(27-06-2013)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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