Au moins cinq soldats ont été tués dans des combats opposant à
Benghazi, dans l’est de la Libye, les Forces spéciales à un groupe armé,
illustrant une lutte d’influence entre milices et forces régulières
pour le contrôle de la ville.
Ces heurts interviennent une semaine après des affrontements meurtriers à
Benghazi, berceau de la contestation qui a abouti à la chute du régime
de Muammar Kadhafi, entre des manifestants anti-milices et une brigade
pro-islamiste.
Ils se déroulent depuis vendredi soir et des échanges de coups de feu
nourris ainsi que des explosions étaient entendus depuis l’aube près du
QG des Forces spéciales de l’armée et dans le quartier al-Lithi sur la
route de l’aéroport, selon un journaliste de l’AFP et des témoins.
Sur leur page Facebook, les Forces spéciales ont indiqué que des
affrontements à l’arme légère les opposaient à un groupe de
"hors-la-loi" faisant également état de tirs de roquettes.
Elles ont dans un premier temps évoqué la mort de trois soldats
précisant que deux autres avaient été blessés et que les victimes
avaient défendu "la légitimité de l’Etat avec courage et honneur".
Plus tard, elles ont annoncé que deux autres soldats avaient été
"liquidés" par "un groupe d’apostats" faisant ainsi clairement allusion à
des islamistes extrémistes.
Elles ont prévenu que serait "pris pour cible quiconque tire sur leurs forces".
Le 8 juin, des affrontements entre des manifestants et des miliciens
avaient fait 31 morts et une centaine de blessés à Benghazi. Les
miliciens avaient été contraints de quitter leur QG, sous la pression de
la rue et des autorités.
Le chef d’état-major par intérim, Salem al-Konidi, a mis en garde, dans
la nuit de vendredi à samedi, dans une déclaration à la chaîne de
télévision Al-Aseema, contre un "bain de sang" et une "catastrophe" à
Benghazi.
"Si les forces spéciales sont attaquées, il y aura un bain de sang (...)
Il pourrait y avoir une catastrophe à Benghazi", a prévenu M. Konidi,
affirmant ne pas connaître les assaillants ni leurs motivations.
Vendredi en début de soirée, des dizaines d’hommes, se présentant comme
des manifestants pacifistes, ont délogé une brigade d’ex-rebelles, la
"Première brigade d’infanterie", de son QG à Benghazi, et ont incendié
deux de ses véhicules. Le chef d’état-major a affirmé avoir ordonné à
cette brigade de quitter son QG pour préserver des vies.
Selon un témoin sur place, des manifestants ont tiré en l’air et lancé
une roquette RPG sur le mur extérieur de la caserne, sans faire de
victimes.
La "Première brigade d’infanterie" est formée d’ex-rebelles ayant
combattu le régime de Muammar Kadhafi en 2011. Elle affirme obéir aux
ordres du ministère de la Défense.
Les assaillant ont attaqué par la suite un commissariat de police, des
bureaux des gardes-frontières et des installations ainsi qu’un autre
bâtiment administratif de la "Première brigade d’infanterie", selon des
témoins.
Le week-end dernier, "Bouclier de Libye", une brigade pro-islamiste, qui
affirme dépendre aussi du ministère de la Défense, a été attaquée par
des manifestants anti-milices et obligée d’évacuer son QG.
Les protestataires affirmaient vouloir déloger les "milices" armées de
leur ville, appelant les forces régulières à prendre le relais. Mais ces
activistes affirment ne pas prendre part aux affrontements de vendredi
soir et de samedi matin.
Ils accusent "Bouclier de Libye" et des groupes d’islamistes d’avoir
mobilisé leurs membres pour venger leur "défaite" du week-end dernier,
en s’attaquant aux forces régulières.
Les autorités, qui peinent à former une armée et une police
professionnelles, ont régulièrement recours à ces ex-rebelles pour
sécuriser les frontières ou s’interposer dans des conflits tribaux.
Le nouveau pouvoir en Libye n’a pas réussi à désarmer et à dissoudre les
groupes d’ex-rebelles qui font la loi dans le pays et tente de
légitimer certains d’entre eux malgré l’opposition d’une grande partie
de la population.
Benghazi, la deuxième ville de Libye d’où était partie en 2011 la
contestation qui a conduit à la chute du régime de Kadhafi, a été le
théâtre ces derniers mois de plusieurs attaques contre des intérêts
occidentaux et d’assassinats de responsables de la sécurité, attribués
souvent à des islamistes extrémistes dont le fief se trouve dans l’est
du pays.
(15-06-2013 )
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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