De plus en plus de ministres israéliens s’opposent ouvertement à la
création d’un Etat palestinien que tente de promouvoir le secrétaire
d’Etat américain John Kerry, de retour jeudi dans la région pour tenter
de relancer des négociations de paix.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu se dit favorable à "un accord
fondé sur un Etat palestinien démilitarisé qui reconnaît l’Etat juif et
des mesures de sécurité fermes, assurées par l’armée israélienne". Il a
déclaré au Washington Post être prêt à "s’installer sous une tente entre
Jérusalem et Ramallah pour négocier aussi longtemps que nécessaire"
avec l’Autorité palestinienne.
Mais les durs de son gouvernement n’hésitent pas le contredire, rejetant
même un Etat palestinien à ces conditions, pourtant jugées
inacceptables par l’Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas.
Le chef du Foyer Juif, un parti nationaliste religieux, et ministre de
l’Economie Naftali Bennett s’est illustré la semaine dernière en
comparant la présence des Palestiniens à "un éclat dans le postérieur
qu’il vaut mieux garder, quitte à en souffrir de temps en temps, plutôt
que de subir une opération risquée pour se le faire enlever", en
référence à un Etat palestinien.
"Nous n’opposerons pas un véto à des négociations, nous ne ferons pas
tomber le gouvernement pour cela", a néanmoins affirmé mardi M. Bennett à
la radio militaire, estimant qu’il ne "sortirait pas grand chose" du
cinquième voyage de M. Kerry dans la région depuis son entrée en
fonctions en février.
Au sein même du Likoud, le parti de droite nationaliste de M. Netanyahu,
les partisans de la colonisation juive dans les territoires
palestiniens occupés ont le vent en poupe.
Ainsi, le vice-ministre de la Défense Danny Danon s’est prononcé contre
un Etat palestinien et prône la construction dans un projet de
colonisation controversé qui couperait la Cisjordanie en deux,
compromettant la viabilité d’un Etat palestinien.
En raison des mauvais résultats des élections de janvier, "Netanyahu ne
contrôle plus le Likoud", constate Amit Segal, commentateur de la
deuxième chaîne de télévision.
L’ancien ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, chef du
parti Israël Beiteinou, a adopté une position encore plus tranchée,
affirmant que Mahmoud Abbas n’était pas un partenaire pour Israël.
Dans l’autre camp, Tzipi Livni, la ministre de la Justice chargée des
négociations de paix avec les Palestiniens gelées depuis trois ans, a
dénoncé la progression de ces idées au sein du gouvernement.
"Le Premier ministre doit décider s’il laisse le +danonisme+ (en
référence à M. Danon, NDLR) dominer le gouvernement", a prévenu
Mme Livni, très isolée, la seule ministre à avoir fait de la relance des
négociations avec les Palestiniens sa priorité.
Yaïr Lapid, le ministre des Finances et chef du deuxième parti de
coalition, Yesh Atid (centre droit), s’est pour le moment rangé du côté
du Premier ministre, mais il considère qu’il doit d’abord se concentrer
sur les questions économiques et sociales avant de peser sur la question
palestinienne.
Confronté à une telle cacophonie et aux pressions américaines,
M. Netanyahu doit louvoyer.
"La véritable épreuve de force avec l’aile droite de la majorité ne
s’engagera pas sur l’ouverture de négociations, mais sur des décisions
concrètes, telles qu’un éventuel gel total de la colonisation", exigé
par les Palestiniens pour reprendre les pourparlers, a expliqué à l’AFP
Hanan Crystal, commentateur politique de la radio publique.
Selon le quotidien Maariv, le Premier ministre pourrait consentir à des
"gestes de bonne volonté" comme la libération de prisonniers
palestiniens ou l’annonce d’un gel partiel de la colonisation.
Mais pour la radio militaire, il y a peu chances que M. Kerry parvienne à
impulser des négociations sérieuses. "Une nouvelle fois, Benjamin
Netanyahu et Mahmoud Abbas risquent de se livrer au petit jeu d’échanges
d’accusations", l’essentiel étant de ne pas porter la responsabilité de
l’échec des efforts américains.
(25-06-2013 - Assawra avec les agences de presse)
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