La Cour constitutionnelle du Koweït a invalidé dimanche les dernières
élections législatives et dissout le Parlement mais a approuvé un
amendement de la loi électorale vivement contesté par l’opposition.
La Cour, dont les décisions sont sans appel, a également appelé à un
nouveau scrutin législatif pour remplacer l’actuelle chambre dominée par
les partisans du gouvernement, a déclaré son président, Youssef
al-Matawa, au terme d’une audience de plusieurs heures.
Le Parlement sera ainsi dissous pour la deuxième fois en un an. En juin
2012, la Cour avait dissous la Chambre, dominée alors par l’opposition,
pour vices de forme.
La Cour constitutionnelle était appelée à se prononcer sur La
constitutionnalité d’un décret de l’émir en octobre modifiant la loi
électorale de 2006 et limitant le choix des électeurs à un seul
candidat, contre quatre auparavant.
Ce décret avait accentué une grave crise politique qui secouait l’émirat
depuis 2006, provoquant une vague de manifestations de rue parfois
violentes.
En invalidant le scrutin de décembre et en ordonnant de nouvelles
élections, la Cour a jugé inconstitutionnel un deuxième décret de l’émir
ayant institué la Commission nationale des élections, selon le texte de
l’arrêt publié dimanche.
La Commission a été créée pour la première fois en octobre par un décret
de l’émir. La Cour a jugé que ce décret violait la Constitution.
Mais elle a, en revanche, statué que le décret très controversé et ayant
amendé la loi électorale était "conforme à la Constitution".
Considérant ce décret comme anticonstitutionnel et le retour au choix
d’un seul candidat comme une mesure destinée à favoriser la manipulation
du scrutin, l’opposition a boycotté les législatives de décembre.
Des chefs de l’opposition avaient mis en garde contre les graves
conséquences d’une confirmation du décret, estimant qu’il nuirait au
système parlementaire dans l’émirat, première monarchie du Golfe à
s’être dotée dès 1962 d’un Parlement élu.
L’émir, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, qui s’était engagé à accepter la
décision de la Cour, devrait s’adresser à la nation plus tard dans la
journée, selon la presse officielle.
En décidant de la dissolution du Parlement, la Cour a confirmé que les
lois votées par la chambre depuis sa formation restaient valides.
Le président du Parlement dissous, Ali al-Rached, a déclaré que "les
prochaines élections seront tenues sur la base de l’amendement de la loi
électorale".
Les groupes de l’opposition avaient averti en mai qu’ils ne
participeraient à aucun scrutin qui ne soit pas organisé sur la base de
la loi de 2006. Ils ont réaffirmé cet engagement mercredi.
L’opposition devait se réunir dans la journée pour faire le point de la
situation après la décision de la Cour constitutionnelle.
Le Koweït a été longtemps considéré par ses voisins arabes du Golfe
comme un phare de la démocratie, avec le dynamisme de son Parlement et
sa liberté d’expression.
Mais cette image a été écorchée par des années de querelles à répétition
depuis le vote en 2006, sous la pression de la rue, d’une modification
de la loi électorale autorisant chaque électeur à choisir jusqu’à 4
candidats.
L’actuel Parlement de 50 sièges est composé uniquement de partisans du gouvernement.
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