mercredi 12 juin 2013

Syrie/Israël : les Casques bleus autrichiens entament leur retrait du Golan

Un premier groupe de 70 Casques bleus autrichiens a franchi mercredi le point de passage de Qouneitra pour pénétrer du côté israélien du Golan occupé (Al-Jawlan en arabe), après la décision de Vienne de retirer son contingent de la force de l’ONU déployée sur ce plateau, a constaté l’AFP.
Les soldats en uniforme arrivés à bord de jeeps et accompagnés par des véhicules blindés ont franchi le matin les contrôles syriens puis israéliens. L’Autriche a annoncé le 6 juin son intention de retirer son contingent de la Force de l’ONU pour l’observation du désengagement (FNUOD) déployée dans une zone-tampon entre la Syrie et Israël, en raison de l’extension du conflit syrien qui mettait, selon elle, en danger la sécurité de ses soldats.
Le retrait total du contingent autrichien (378 hommes) prendra "entre deux et quatre semaines", selon le ministre autrichien de la Défense, Gerald Klug.
Un haut responsable gouvernemental israélien avait cependant affirmé mardi que "la majorité des soldats autrichiens resteront en place jusqu’à ce que l’ONU ait trouvé un pays qui accepte d’envoyer des troupes pour les remplacer. Des négociations entre l’ONU et plusieurs pays sont en cours.
Tout ce processus devrait s’achever d’ici quatre à six semaines lorsque le nouveau contingent pourra être déployé sur le terrain".
L’Autriche est présente sur le Golan depuis la création de la FNUOD en 1974.
Le millier de "casques bleus", dont les trois pays fournissant les plus gros contingents sont l’Autriche, les Philippines et l’Inde, est chargé de faire respecter le cessez-le-feu entre Israël et la Syrie, théoriquement en état de guerre. Ils ne sont équipés que d’armes de poing défensives.
L’ONU a annoncé le 7 juin envisager de modifier le mandat de la Force, en augmentant notamment le nombre de soldats jusqu’au plafond autorisé de 1250 personnes au total.
Israël occupe depuis 1967 quelque 1200 km2 du Golan, qu’il a annexés, une décision jamais reconnue par la communauté internationale, environ 510 km2 restant sous contrôle syrien.

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Syrie : une soixantaine de villageois tués dans l’est
Une soixantaine de villageois ont été tués mardi dans l’est de la Syrie dont la capitale a été frappée par un double attentat, alors que les revers subis par les rebelles compliquent l’organisation d’une conférence internationale de paix.
"Des villageois chiites en armes ont attaqué hier (lundi) un poste des rebelles situé non loin de là et ont tué deux (rebelles). Aujourd’hui (mardi), les rebelles ont attaqué le village et en ont pris le contrôle, tuant 60 de ses habitants chiites, pour la plupart des combattants", a indiqué à l’AFP l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Les incidents sont intervenus dans le village à majorité sunnite de Hatlah, dans la province de Deir Ezzor (est).
Dans la matinée, un double attentat a visé un commissariat au coeur de Damas faisant au moins 14 morts au moment où les forces gouvernementales lançaient des attaques contre les rebelles à Alep, deuxième ville du pays.
"Le conflit est à un tournant", a estimé Paris qui, comme Washington, réfléchit aux moyens de renforcer les rebelles, "en perte de vitesse" d'après certains, notamment après la chute de leur bastion stratégique de Qusseir (centre-ouest) que les forces gouvernementales ont repris la semaine dernière avec l’aide de combattants du Hezbollah.
Dans la province d’Alep (nord), les troupes du régime ont lancé des attaques contre des positions rebelles, bombardant selon l’OSDH des secteurs de l’aéroport militaire de Mennegh que les rebelles ont en partie conquis lundi. "Les rebelles contrôlent toujours d’importantes parties" de cette base, a précisé l’OSDH. Une source militaire a affirmé à l’AFP que des affrontements avaient lieu sur la base pour la troisième journée consécutive, mais a démenti qu’une partie de l’aéroport soit sous contrôle rebelle.
Dans la ville même d’Alep, des dizaines de personnes ont manifesté pour demander l’arrestation et le jugement des rebelles, des islamistes radicaux, qui avaient exécuté dimanche par balles un adolescent, selon l’OSDH. L’exécution de l’adolescent, accusé de blasphème par les hommes armés, avait soulevé un tollé au sein de l’opposition syrienne.
Les derniers succès de l’armée face aux rebelles n’aident guère l’ONU, les Etats-Unis et la Russie dans leur tentative d’organiser une conférence internationale de paix, dite "Genève-2", dont la date n’a d’ailleurs pas encore été fixée.
"L’affaiblissement durable et profond d’une des parties ne favorise pas la tenue de Genève-2", a estimé le porte-parole des Affaires étrangères françaises Philippe Lalliot. "On est à un tournant de la guerre en Syrie", a-t-il lancé. "Que faire dans ces conditions pour renforcer l’opposition armée syrienne ? C’est une discussion qu’on a avec nos partenaires, avec les Américains, avec les Saoudiens, les Turcs, beaucoup d’autres... On ne peut pas laisser l’opposition dans la situation dans laquelle elle se trouve", a-t-il dit.
"La décision de livrer des armes "n’a pas été prise", mais "elle fait l’objet de réflexions (...) compte tenu de ce qui s’est passé à Qusseir", a-t-il ajouté.
A Washington, le président Barack Obama a demandé à son "équipe de sécurité nationale" "d’examiner toutes les options possibles qui nous permettraient de remplir nos objectifs pour aider l’opposition", a expliqué à l’AFP la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.
Son homologue russe Vladimir Poutine a regretté de son côté que le président syrien Bashar al-Assad n’ait pas engagé de réformes politiques, estimant que cela aurait évité la guerre civile, qui a fait plus de 94.000 morts et plus de 1,5 million de réfugiés.
"S’il avait agi différemment (en faisant des réformes), tout cela ne serait pas arrivé", a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne de télévision d’Etat RT.
M. Poutine, dont le pays livre des armes à Damas, a néanmoins affirmé qu’il restait absolument opposé à une intervention étrangère en Syrie.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry reçoit mercredi à Washington son homologue britannique William Hague pour parler de la Syrie, alors que les Etats-Unis peinent à organiser Genève-2, initiée avec Moscou et l’ONU, et devant réunir à une même table des représentants de Damas et de l’opposition.
"Nous n’allons pas faire de conférence simplement pour faire une conférence", a prévenu la porte-parole de la diplomatie américaine, Jennifer Psaki, disant "toujours viser juillet" pour ce rendez-vous international.
Par ailleurs, au Liban, pays profondément divisé entre pro et anti-Assad, neuf roquettes ont atterri près de la frontière syrienne, dans l’est, faisant trois blessés, selon l’armée.
A Vienne, le ministère de la Défense a annoncé que les premiers casques bleus autrichiens quitteraient le Golan mercredi, après sa décision de retirer son contingent de cette zone contact entre la Syrie et Israël, en raison de l’extension du conflit syrien qui mettait selon elle en danger la sécurité de ses troupes.

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