dimanche 23 juin 2013

Syrie : Les rebelles affirment avoir reçu des "armes modernes"

Les rebelles syriens ont affirmé vendredi avoir reçu récemment de l’étranger des quantités d’armes "modernes" susceptibles de "changer le cours de la bataille", au moment où l’armée du régime de Bashar el-Assad intensifiait ses opérations à Damas et ses environs. L’Armée syrienne libre (ASL), principale force d’opposition armée, a reçu récemment "des quantités d’armes modernes, dont certaines (...) susceptibles de changer le cours de la bataille sur le terrain", a indiqué Lowaï Moqdad, coordinateur politique et médiatique de l’ASL. Il a dit s’attendre à ce que le groupe des Amis de la Syrie, réuni samedi à Doha pour coordonner l’aide, y compris militaire, à apporter à la rébellion, annonce "officiellement" la décision d’armer les rebelles. "C’est ce que nous espérons, c’est ce à quoi nous nous attendons."
Le porte-parole a précisé que les armes ont commencé à être distribuées sur les fronts et qu’elles se trouvaient "entre les mains d’officiers professionnels et de combattants de l’ASL", a-t-il ajouté, assurant que "ces armes seront utilisées dans un seul objectif, celui de combattre le régime de Bashar el-Assad". "Il s’agit d’armes antiaériennes et antichars ainsi que de munitions", a ajouté Lowaï Moqdad, sans plus de précision, rappelant que la rébellion a réclamé un "arsenal de dissuasion". Jeudi, il avait évoqué notamment des missiles sol-air à courte portée Manpad, des missiles antichars, des mortiers, des munitions. D’autres armes "arriveront au fur et à mesure, dans les prochains jours", a souligné Louaï Moqdad.
La rébellion n’a cessé de réclamer des armes lourdes pour protéger les zones civiles de la puissance de feu du régime, qui tente actuellement de reconquérir des poches rebelles à Damas et Alep. Jusqu’à présent, les pays occidentaux étaient très réticents à l’idée de fournir des armes aux rebelles, par crainte qu’elles ne tombent aux mains d’extrémistes, mais l’avancée de l’armée syrienne, appuyée par le puissant Hezbollah chiite libanais, a convaincu ces pays de revoir leurs plans. À Doha, sont notamment annoncés les chefs de la diplomatie américaine John Kerry, française Laurent Fabius, allemande Guido Westerwelle, britannique William Hague, et italienne Emma Bonino. Aucune indication n’a été donnée sur la présence de l’opposition syrienne.
Les forces du régime bombardaient vendredi le quartier de Qaboun, dans l’est de la capitale, et des combats intenses entre soldats et rebelles ont lieu en périphérie de ce secteur, indique l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les forces du régime ont également bombardé plusieurs quartiers d’Alep, la grande ville du Nord. Le conflit qui a fait au moins 93 000 morts depuis mars 2011, selon l’ONU, continue de faire tache d’huile dans la région. Au Liban, une personne a été tuée jeudi soir dans un échange de tirs entre l’armée et des manifestants qui ont coupé des routes dans l’est du Liban sur fond de tensions confessionnelles liées au conflit syrien. Et le festival international de Baalbeck, qui se déroule chaque année dans le célèbre temple romain dans l’est du Liban, a dû changer de lieu cet été en raison des violences liées à la guerre en Syrie.
En Jordanie voisine, 1 500 personnes ont défilé à Amman, conspuant le président Assad et le Hezbollah libanais, détournant son nom en arabe, "parti de Dieu", en "parti du diable", dans une allusion à son chef Hassan Nasrallah qui a récemment affirmé que son mouvement resterait engagé aux côtés des troupes syriennes. À l’approche de l’été, l’ONU a averti que les températures élevées en Syrie, accompagnées de conditions d’hygiène passablement dégradées, risquaient de mettre à mal la santé de quelque 4 millions d’enfants affectés par le conflit.

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Syrie : l’été met en danger 4 millions d’enfants
Les températures estivales élevées en Syrie, accompagnées de conditions d’hygiène passablement dégradées, risquent de mettre à mal la santé de quelque 4 millions d’enfants affectés par le conflit, a averti vendredi l’ONU. Les températures cet été en Syrie devraient se situer entre les 40 et 50 °C, a expliqué une porte-parole du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), Marixie Mercado, lors d’un point presse. Or, l’eau potable s’est largement raréfiée depuis le début du conflit, a-t-elle dit. L’eau potable qui est désormais disponible ne représente en effet plus qu’un tiers du volume disponible avant le conflit, selon Unicef. Sans compter que les 4,25 millions de Syriens déplacés dans leur pays vivent dans des abris surpeuplés.
Dans les camps de réfugiés aussi, la situation est très difficile. Ainsi le camp de Domiz en Irak, censé accueillir environ 25 000 personnes, en compte déjà le double, donne en exemple Unicef dans un communiqué. Au Liban aussi, les familles de réfugiés s’entassent dans de petits appartements ou dans des abris qu’elles ont elles-mêmes construits et manquent cruellement d’eau et d’accès à des conditions d’hygiène adéquates. "Sans eau potable et sans un assainissement suffisant, la probabilité que les enfants en Syrie et ceux qui vivent comme réfugiés dans la région attrapent la diarrhée et d’autres maladies va certainement augmenter", a déclaré la directrice régionale de l’Unicef pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Maria Calivis, citée dans le communiqué.
Pour sa part, Marixie Mercado a signalé que la Jordanie avait enregistré son premier cas de rougeole depuis 1994. Médecins Sans Frontières a fait état mardi d’au moins 7 000 cas de rougeole dans les districts nord de la Syrie et s’est engagé dans des campagnes de vaccination en dépit des difficultés. Unicef a besoin de plus de 200 millions de dollars (151 millions d’euros) pour mener à bien d’ici la fin de l’année ses programmes sanitaires, d’hygiène et d’eau en Syrie, Liban, Jordanie et Irak.

(21-06-2013)

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