dimanche 2 décembre 2012

Tunisie : l’armée s’est retirée de Siliana, pourparlers sur la crise à Tunis

L’armée s’était retirée samedi matin, quelques heures après son arrivée, de la ville tunisienne de Siliana, où des violences opposent manifestants et policiers depuis mardi, alors que des pourparlers entre le gouvernement et des syndicalistes sont attendus.
"L’armée a proposé de venir et assurer la sécurité pendant quelques jours, mais le ministère de l’Intérieur a refusé", a expliqué un policier à l’AFP, des propos confirmés par deux de ses collègues.
Les militaires étaient arrivés tard vendredi sous les hourras de la foule, alors que l’UGTT, la principale centrale syndicale, annonçait que l’armée assurerait la sécurité dans la ville et que la police, accusée d’exactions et de violences, allait se retirer.
De nouveaux rassemblements sont prévus en début d’après-midi dans cette ville située à 120 km au sud-ouest de Tunis.
Par ailleurs, le gouvernement a annoncé dans un communiqué que des pourparlers allaient avoir lieu samedi pour négocier une sortie de crise.
Les manifestants réclament le départ du gouverneur, la fin des agressions par les policiers contre les protestataires, des aides à cette région sinistrée économiquement et le départ des renforts des forces de l’ordre.
Les autorités ont pour leur part affirmé qu’elles ne cèderaient pas au chantage de la violence, accusant les protestataires d’avoir les premiers attaqué la police, déclenchant cette crise qui a fait quelque 300 blessés depuis mardi.
Enfin, le Premier ministre Hamadi Jebali n’avait pas réagi samedi matin à l’appel lancé par le président Moncef Marzouki pour former un gouvernement restreint "de compétence" à même de stabiliser le pays, théâtre de violences à répétition.

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L’armée à Siliana, le président veut un nouveau gouvernement
L’armée tunisienne s’est déployée vendredi soir à Siliana, où des heurts opposent depuis quatre jours policiers et manifestants, et le président a réclamé la formation d’un gouvernement restreint à même d’endiguer l’instabilité du pays.
Après plusieurs heures d’affrontements entre les forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes, et les manifestants, armés de pierres et de cocktails Molotov, l’armée a été déployée sous les hourras de la foule, ont constaté les journalistes de l’AFP.
"Un accord est intervenu entre les syndicats et des responsables de l’armée pour le retrait de la police et la prise en charge (de la sécurité) par les militaires", a affirmé Néjib Sebti, secrétaire général régional de l’UGTT, le principal syndicat tunisien.
Mais vers 20H00 GMT, des tirs de gaz lacrymogènes ont à nouveau été effectués alors que des manifestants cherchaient à s’approcher d’un important poste de police. Les policiers et gardes nationaux effectuaient des patrouilles.
La Tunisie est sous le régime de l’état d’urgence depuis la révolution de janvier 2011.
Lors d’une allocution télévisée, le président Moncef Marzouki s’est vivement inquiété du risque d’instabilité dans le pays après la vague de violences qui a fait quelque 300 blessés à Siliana, ville déshéritée dont les habitants réclament, comme à l’époque de la révolution, de meilleures conditions de vie.
Il a appelé à la formation d’un gouvernement restreint, alors que les manifestations d’habitants excédés par la misère dégénèrent en violences régulièrement.
"L’intérêt de la Tunisie nécessite aujourd’hui un gouvernement restreint et efficace regroupant les compétences", a-t-il dit à la télévision.
"Nous n’avons pas une seule Siliana (...) j’ai peur que cela se reproduise dans plusieurs régions et que cela menace l’avenir de la révolution", a-t-il dit, notant le décalage entre les "attentes immenses" de la population et "le rendement du gouvernement".
M. Marzouki n’a pas le pouvoir de remanier le gouvernement, une décision qui revient au Premier ministre, Hamadi Jebali, issu du parti islamiste Ennahda, majoritaire à l’Assemblée nationale constituante (ANC).
Des habitants de Siliana ont par ailleurs prévu d’aller manifester samedi, toujours pour obtenir le limogeage du gouverneur et un plan de développement régional. Une vaste manifestation avait rassemblé dans le calme vendredi matin des milliers de personnes pour une marche "symbolique".
La lutte contre la pauvreté et la fin de l’arbitraire policier étaient déjà les revendications phares de la révolution tunisienne.
A l’étranger, les diplomates ont exprimé de premières inquiétudes. La France a fait part de sa "préoccupation" face au "nombre élevé de blessés", tandis que le Haut commissariat de l’ONU pour les droits de l’Homme a condamné "le recours excessif et disproportionné à la force" par les policiers, en référence aux tirs de chevrotine qui ont fait des dizaines de blessés mercredi.
Ces nouvelles confrontations interviennent à l’approche du deuxième anniversaire, le 17 décembre, du début de la révolution tunisienne, déclenchée par l’immolation d’un vendeur ambulant de Sidi Bouzid excédé par la misère et le harcèlement des policiers.
Outre les manifestations sociales, les attaques menées par des groupuscules salafistes se sont multipliées ces derniers mois en Tunisie. Parallèlement, le pays est plongé dans une impasse politique, sans aucun compromis en vue sur la future Constitution.

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