Le projet de nouvelles implantations israéliennes à Jérusalem-Est et
en Cisjordanie porterait un "coup presque fatal" au processus de paix
israélo-palestinien censé établir deux Etats côte à côte, a affirmé
dimanche le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.
"Les colonisations sont illégales au regard du droit international et si
(ce projet) venait à se concrétiser, cela porterait un coup presque
fatal aux dernières chances de garantir une solution à deux Etats", a
rappelé M. Ban, cité par son porte-parole Martin Nesirky dans un
communiqué.
Israël a annoncé vendredi son intention de construire 3.000 logements en
Cisjordanie et à Jérusalem-est, au lendemain du vote à l’Assemblée
générale de l’ONU accordant à la Palestine un statut d’Etat observateur
non membre aux Nations unies.
Dans une déclaration au ton particulièrement sévère pour le gouvernement
israélien, M. Ban souligne que ce projet "risque de couper totalement
Jérusalem-est du reste de la Cisjordanie".
"C’est avec une grande inquiétude et une profonde déception que le
secrétaire général a appris l’annonce par Israël" de ces nouvelles
implantations, indique le communiqué.
Comme il l’avait fait juste avant le vote à l’ONU jeudi, M. Ban "appelle
une nouvelle fois toutes les parties concernées à reprendre les
négociations et à redoubler d’efforts pour obtenir une paix complète,
juste et durable et (il) leur demande instamment de s’abstenir de toute
action provocatrice".
"Dans l’intérêt de la paix", Israël doit "renoncer à son projet", conclut M. Ban.
La décision israélienne a suscité de vives critiques au sein de la
communauté internationale, notamment de la part des Etats-Unis, du
Royaume-Uni et de l’Union européenne.
Le gouvernement israélien a aussi annoncé dimanche qu’il bloquait le
transfert des taxes collectées par Israël au profit de l’Autorité
palestinienne, toujours en représailles au vote de l’ONU sur la
Palestine.
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Netanyahu balaie les condamnations, rejette le vote de l’Onu
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a rejeté dimanche les
condamnations internationales sur les projets d’expansion dans des
implantations juives de Cisjordanie et à Jérusalem-Est annoncés après la
reconnaissance à l’Onu du statut d’Etat non membre de l’Autorité
palestinienne.
"Nous continuerons de construire à Jérusalem et dans tous les endroits
qui figurent sur la carte des intérêts stratégiques d’Israël", a déclaré
le chef du gouvernement israélien lors du conseil des ministres.
Les autorités israéliennes ont parallèlement annoncé dimanche qu’elles
suspendaient ce mois-ci le versement des taxes qu’elles prélèvent au nom
de l’Autorité palestinienne, soit une somme de 100 millions de dollars
(près de 80 millions d’euros), au motif que les Palestiniens doivent 200
millions de dollars à la compagnie israélienne d’électricité.
L’Autorité palestinienne, qui exerce une souveraineté très limitée sur
la Cisjordanie toujours occupée par Israël, dépend en grande partie de
l’argent des taxes collectées pour payer ses fonctionnaires.
Dans le cadre de conventions de paix provisoires conclues entre Israël
et les Palestiniens, l’Etat juif collecte une centaine de millions de
dollars par mois de taxes et droits pour le compte de l’Autorité
palestinienne et qu’elle lui rétrocède ensuite.
Pour Yasser Abed Rabbo, haut responsable de l’Autorité palestinienne, cette décision relève "de la piraterie et du vol".
Piqué au vif par la large majorité qui s’est formée jeudi à l’Assemblée
générale des Nations unies pour accorder à l’Autorité palestinienne le
statut d’Etat non-membre observateur, Israël a annoncé vendredi le
projet de constructions de 3.000 logements neufs à Jérusalem-Est et en
Cisjordanie, notamment à Maale Adoumim.
Un responsable israélien a ajouté que le gouvernement avait également
ordonné des "travaux préliminaires de zonage et de planification" dans
le bloc E1, proche de Jérusalem.
Ces projets auraient pour conséquence de diviser en deux la Cisjordanie,
entamant davantage encore la continuité territoriale qu’espèrent les
Palestiniens, déjà coupés entre Cisjordanie et bande de Gaza.
En conseil des ministres, Benjamin Netanyahu a souligné que
"l’initiative unilatérale prise par les Palestiniens à l’Onu constitue
une grave violation des précédents accords signés avec Israël" dont le
gouvernement, a-t-il ajouté, "rejette le vote de l’Assemblée générale".
L’annonce d’une nouvelle expansion dans les implantations juives a été
condamnée par les Etats-Unis, l’Union européenne, la France et la
Grande-Bretagne.
"La reconnaissance de la Palestine comme un Etat change beaucoup de
réalités, et vise à en établir de nouvelles", a déclaré de son côté le
président palestinien Mahmoud Abbas, de retour à Ramallah où une foule
en liesse l’attendait.
"Mais nous devons reconnaître que notre victoire a provoqué les
puissances de la colonisation, de la guerre et de l’occupation", a-t-il
ajouté.
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Israël retient des fonds destinés à l’Autorité palestinienne
Israël a annoncé dimanche qu’elle conserverait les fonds qu’elle devait
transmettre ce mois-ci à l’Autorité palestinienne, trois jours après la
reconnaissance implicite d’un Etat palestinien souverain à l’Onu.
Dans le cadre de conventions de paix provisoires conclues entre Israël
et les Palestiniens, l’Etat juif collecte une centaine de millions de
dollars par mois (près de 80 millions d’euros) de taxes et droits pour
le compte de l’Autorité palestinienne et qu’elle lui rétrocède ensuite.
Mais Israël affirme désormais qu’avec le vote de jeudi à l’Onu par
lequel l’Autorité palestinienne a demandé de façon unilatérale le statut
d’Etat observateur non membre, les conventions de transfert ont été
violées.
En outre, dit-on de source autorisée en Israël, l’Autorité palestinienne
doit 200 millions de dollars à la compagnie israélienne d’électricité,
somme qui sera déduite des transferts prévus.
L’Autorité palestinienne, qui exerce une souveraineté très limitée sur
la Cisjordanie toujours occupée par Israël, dépend en grande partie de
l’argent des taxes collectées pour payer ses fonctionnaires.
Israël est coupable de "vol et de piratage" en refusant de rétrocéder
les fonds, a déclaré le secrétaire général de l’Organisation de
libération de la Palestine (OLP), Yasser Abed Rabbo.
Israël a déjà eu recours au gel des versements lors de périodes de
tensions diplomatiques accrues et suscité alors la réprobation de la
communauté internationale. Cela a été le cas quand l’Unesco a accordé le
statut de membre à part entière à l’Autorité palestinienne il y a un
an.
"Je n’ai pas l’intention ce mois-ci de transférer les fonds aux
Palestiniens. Dans la période qui vient, j’ai l’intention d’utiliser
l’argent en déduction des dettes de l’Autorité palestinienne envers la
Compagnie israélienne d’électricité et d’autres entités", a déclaré le
ministre des Finances, Yuval Steinitz à la radio israélienne.
Quelques heures après le vote de l’Assemblée générale des Nations unies
jeudi, Israël a annoncé l’autorisation de 3.000 nouvelles habitations de
colons juifs en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Cette décision a été
critiquée par les Etats-Unis, puis par la France et le Royaume-Uni.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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