Les Koweïtiens ont voté samedi pour un nouveau Parlement lors
d’élections boycottées par l’opposition, qui accuse le pouvoir de
vouloir constituer une assemblée à sa solde dans ce riche émirat
pétrolier du Golfe.
Le taux de participation était faible, en particulier dans les zones
tribales, ont affirmé des personnalités de l’opposition et des
activistes, alors qu’aucune estimation officielle n’était encore
disponible après la fermeture des bureaux de vote à 17H00 GMT.
L’affluence, qui était timide dans la plupart des bureaux de vote, s’est
animée en début de soirée mais elle est apparemment restée beaucoup
plus faible que lors des précédentes élections.
Les chefs de plusieurs tribus bédouines ont appelé au boycott, à
l’instar des dirigeants de l’opposition islamiste, nationaliste et
libérale, qui contestent un amendement de la loi électorale prévoyant
que chaque électeur choisisse désormais un seul candidat, alors qu’il
pouvait auparavant désigner jusqu’à quatre candidats.
Le seul enjeu de ce scrutin, le deuxième en 10 mois, est le taux de
participation : l’opposition s’attend à un taux d’abstention de 70%
alors que les candidats pro-gouvernementaux espèrent mobiliser plus de
50% des électeurs.
Quelques heures avant la fin du scrutin, l’ancien député Faisal
al-Muslim, éminente figure de l’opposition, a annoncé sur Twitter un
taux de participation provisoire de 17%.
D’autres opposants ont dénoncé des fraudes, indiquant que certains
électeurs s’étaient vu confier deux bulletins de vote au lieu d’un seul.
Mais le ministre de l’Information, cheikh Mohamed Abdallah Al-Sabah, a
rappelé que la Commission nationale des élections était la seule
autorité habilitée à annoncer les résultats, et que des observateurs
koweïtiens et internationaux surveillaient le scrutin.
Dans la matinée, le bureau de vote de Salwa, dans une zone tribale au sud de la capitale, était quasiment désert.
"Le gouvernement et l’émir nous donnent de bons salaires, des services
publics quasiment gratuits, des aides au logement, pourquoi
devrions-nous boycotter ?", a affirmé Mahmud Abdedine, un fonctionnaire
de 47 ans.
L’affluence était plus importante dans le secteur voisin de Rumeithiya, à
dominante chiite, les figures de cette communauté ne s’étant pas
prononcées pour le boycott.
"Je ne soutiens pas entièrement le gouvernement, mais je suis en faveur
du nouveau système électoral", a déclaré Fatma Ahmad, une institutrice,
après avoir glissé son bulletin dans l’urne.
L’opposition, qui disposait de 36 des 50 sièges de la Chambre dissoute
en juin mais n’a présenté aucun candidat au nouveau scrutin, estime que
le fait de ne choisir qu’un seul candidat favorise les achats de vote et
permettra au pouvoir d’obtenir une assemblée à sa solde.
Quelque 422.000 électeurs étaient appelés à participer au vote. Hommes
et femmes votent séparément, et les premiers résultats sont attendus
dans la nuit.
Le scrutin est le cinquième depuis mi-2006 dans ce pays, première
monarchie du Golfe à s’être dotée d’un Parlement élu en 1962 et secoué
par des crises politiques à répétition. Durant la même période, neuf
gouvernements ont démissionné.
L’opposition réclame des réformes démocratiques de fond pour réduire
l’emprise de la famille régnante sur les rouages de l’Etat, avec un
gouvernement issu de la majorité parlementaire et une meilleure lutte
contre la corruption, mais elle n’a jamais contesté le règne de la
dynastie Al-Sabah, au pouvoir depuis plus de 250 ans.
Les différends politiques ont entravé le développement de l’émirat, qui
détient pourtant des réserves en devises de plus de 400 milliards de
dollars, tirées de ses recettes pétrolières.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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