dimanche 2 décembre 2012

Koweït : Les Koweïtiens ont élu leur Parlement, boycott de l’opposition


Les Koweïtiens ont voté samedi pour un nouveau Parlement lors d’élections boycottées par l’opposition, qui accuse le pouvoir de vouloir constituer une assemblée à sa solde dans ce riche émirat pétrolier du Golfe.
Le taux de participation était faible, en particulier dans les zones tribales, ont affirmé des personnalités de l’opposition et des activistes, alors qu’aucune estimation officielle n’était encore disponible après la fermeture des bureaux de vote à 17H00 GMT.
L’affluence, qui était timide dans la plupart des bureaux de vote, s’est animée en début de soirée mais elle est apparemment restée beaucoup plus faible que lors des précédentes élections.
Les chefs de plusieurs tribus bédouines ont appelé au boycott, à l’instar des dirigeants de l’opposition islamiste, nationaliste et libérale, qui contestent un amendement de la loi électorale prévoyant que chaque électeur choisisse désormais un seul candidat, alors qu’il pouvait auparavant désigner jusqu’à quatre candidats.
Le seul enjeu de ce scrutin, le deuxième en 10 mois, est le taux de participation : l’opposition s’attend à un taux d’abstention de 70% alors que les candidats pro-gouvernementaux espèrent mobiliser plus de 50% des électeurs.
Quelques heures avant la fin du scrutin, l’ancien député Faisal al-Muslim, éminente figure de l’opposition, a annoncé sur Twitter un taux de participation provisoire de 17%.
D’autres opposants ont dénoncé des fraudes, indiquant que certains électeurs s’étaient vu confier deux bulletins de vote au lieu d’un seul.
Mais le ministre de l’Information, cheikh Mohamed Abdallah Al-Sabah, a rappelé que la Commission nationale des élections était la seule autorité habilitée à annoncer les résultats, et que des observateurs koweïtiens et internationaux surveillaient le scrutin.
Dans la matinée, le bureau de vote de Salwa, dans une zone tribale au sud de la capitale, était quasiment désert.
"Le gouvernement et l’émir nous donnent de bons salaires, des services publics quasiment gratuits, des aides au logement, pourquoi devrions-nous boycotter ?", a affirmé Mahmud Abdedine, un fonctionnaire de 47 ans.
L’affluence était plus importante dans le secteur voisin de Rumeithiya, à dominante chiite, les figures de cette communauté ne s’étant pas prononcées pour le boycott.
"Je ne soutiens pas entièrement le gouvernement, mais je suis en faveur du nouveau système électoral", a déclaré Fatma Ahmad, une institutrice, après avoir glissé son bulletin dans l’urne.
L’opposition, qui disposait de 36 des 50 sièges de la Chambre dissoute en juin mais n’a présenté aucun candidat au nouveau scrutin, estime que le fait de ne choisir qu’un seul candidat favorise les achats de vote et permettra au pouvoir d’obtenir une assemblée à sa solde.
Quelque 422.000 électeurs étaient appelés à participer au vote. Hommes et femmes votent séparément, et les premiers résultats sont attendus dans la nuit.
Le scrutin est le cinquième depuis mi-2006 dans ce pays, première monarchie du Golfe à s’être dotée d’un Parlement élu en 1962 et secoué par des crises politiques à répétition. Durant la même période, neuf gouvernements ont démissionné.
L’opposition réclame des réformes démocratiques de fond pour réduire l’emprise de la famille régnante sur les rouages de l’Etat, avec un gouvernement issu de la majorité parlementaire et une meilleure lutte contre la corruption, mais elle n’a jamais contesté le règne de la dynastie Al-Sabah, au pouvoir depuis plus de 250 ans.
Les différends politiques ont entravé le développement de l’émirat, qui détient pourtant des réserves en devises de plus de 400 milliards de dollars, tirées de ses recettes pétrolières.

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