Les Etats-Unis et plusieurs pays européens ont exhorté lundi Israël à
revoir sa décision de construire de nouveaux logements dans des
colonies, mais le gouvernement hébreu a confirmé son intention d’aller
au bout de ses projets.
Washington a sommé le gouvernement israélien "de réexaminer ces
décisions unilatérales et de faire preuve de retenue, car ces actes sont
contre-productifs et rendent plus difficile la reprise des négociations
directes entre Israël et Palestiniens", selon le porte-parole de la
Maison Blanche, Jay Carney.
Les Etats-Unis rejoignent ainsi le concert de protestations venu de
plusieurs capitales européennes et de Moscou contre cette décision.
L’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert a estimé qu’Israël
n’avait aucune raison de s’opposer à l’octroi du statut d’Etat
observateur à l’ONU à la Palestine.
"Pour être honnête avec vous, je ne suis pas sûr qu’il y avait une
raison de s’opposer à la demande de l’Autorité palestinienne", a dit
Ehud Olmert lundi soir à New York.
La Russie a jugé "illégaux" les nouveaux projets d’Israël, appelant l’Etat hébreu à "reconsidérer" sa décision.
Les ambassadeurs israéliens à Paris, Londres, Stockholm, Copenhague et
Madrid ont été convoqués lundi par les ministères des Affaires
étrangères de leurs pays hôtes qui entendaient leur signifier leur
"préoccupation" et leur "désapprobation".
Mais le gouvernement israélien ne reconcera pas à son projet en dépit
"des pressions internationales", a affirmé à l’AFP une source du bureau
du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
"Israël insiste toujours sur ses intérêts vitaux, même sous les
pressions internationale et il n’y aura pas de changement à la décision
qui a été prise", a déclaré cette source sous couvert de l’anonymat.
Le ministère israélien de l’Intérieur a enfoncé le clou lundi, en
indiquant qu’il envisageait de relancer la construction de 1.600
logements à Ramat Shlomo, dans Jérusalem-Est, un projet déjà condamné
par Washington en 2010.
Cette construction avait été gelée après avoir déclenché une grave crise
diplomatique entre les Etats-Unis et Israël pendant une visite à
Jérusalem du vice-président américain Joe Biden en mars 2010.
Par ailleurs, le président français François Hollande a espéré que les
décisions de construction ne seraient "pas appliquées", tout en rejetant
"une logique de sanctions" envers l’Etat hébreu.
Nouveau signe des différences d’approche européennes sur le
Proche-Orient, Berlin s’est seulement dit lundi "très inquiet", mais
sans convoquer l’ambassadeur israélien.
Israël a annoncé vendredi son intention de construire 3.000 logements
supplémentaires à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, notamment dans la
zone dite E1, particulièrement controversée.
Située entre Jérusalem et la colonie de Maalé Adoumim, où Israël s’était
engagé auprès des Etats-Unis à ne pas bâtir, cette zone, si elle est
construite, rattacherait Maalé Adoumim aux quartiers de colonisation de
Jérusalem Est, compromettant la viabilité d’un futur Etat palestinien.
Cette annonce a été faite en représailles au vote, jeudi, de
l’Assemblée générale de l’ONU, qui a accordé à la Palestine un statut
d’Etat observateur non membre aux Nations unies et contre lequel ont
bataillé en vain Israël et son allié américain.
Parmi les 193 pays de l’Assemblée générale, la France, la Suède et le
Danemark avaient voté en faveur de la résolution tandis que la
Grande-Bretagne et l’Allemagne s’étaient abstenues.
Pour les pays européens, les nouvelles constructions annoncées
compromettent une solution à deux Etats prônée depuis des décennies pour
résoudre le conflit au Proche-Orient.
Londres a estimé que le projet rendait "potentiellement de plus en plus
difficile à atteindre une solution basée sur deux Etats avec Jérusalem
en capitale partagée".
La "convocation" de l’ambassadeur israélien Yossi Gal visait à lui
exprimer "la très vive préoccupation de la France", a expliqué le
ministère français des Affaires étrangères.
Dans un communiqué à Paris, l’ambassade israélienne a précisé que Yossi
Gal avait expliqué "qu’il était impossible de s’attendre à ce qu’Israël
reste les bras croisés après la démarche unilatérale palestinienne à
l’ONU".
Paris et Londres n’ont cependant pas confirmé envisager le rappel pour
consultations de leurs ambassadeurs en Israël, qui constituerait un
précédent dans les relations diplomatiques avec l’Etat hébreu, comme
l’affirmait le quotidien israélien de gauche Haaretz.
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Pour Olmert, Israël a eu tort de s’opposer à la demande palestinienne à l’ONU
Israël n’avait aucune raison de s’opposer à l’octroi du statut d’État
observateur à l’ONU à la Palestine, a déclaré lundi soir à New York
l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert.
"Pour être honnête avec vous, je ne suis pas sûr qu’il y avait une
raison de s’opposer à la demande de l’Autorité palestinienne", a dit
Ehud Olmert. "Il était sûr", a-t-il ajouté, que l’annonce de la
construction de nouveaux logements dans une zone sensible occupée par
Israël allait "offenser" les États-Unis après leur soutien à l’État
hébreu opposé à la demande palestinienne. "J’ai été totalement surpris
que, le lendemain de la décision de l’ONU, le gouvernement israélien
décide de faire la seule chose qui était certaine d’offenser les
dirigeants politiques américains", a poursuivi l’ancien Premier
ministre.
Ehud Olmert a d’autre part affirmé qu’il annoncerait mercredi s’il
allait ou non participer aux élections législatives du 22 janvier
prochain en Israël et dont l’actuel Premier ministre, Benyamin
Netanyahou, est le grand favori. L’ex-premier ministre israélien cherche
à rebondir après les accusations de corruption qui l’avaient forcé à
démissionner en 2008.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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