Le secrétaire d’État américain, John Kerry, a assuré mardi que les
États-Unis et la Russie ne renonçaient pas à la conférence
internationale sur la Syrie, même si elle devrait souffrir de nouveaux
délais et se tenir après le mois d’août. Les États-Unis et la Russie
"estiment que la conférence devrait se tenir le plus tôt possible",
a-t-il déclaré à l’issue d’une entrevue avec son homologue russe,
Sergueï Lavrov, en marge d’une réunion de pays d’Asie-Pacifique au
Brunei.
Washington et Moscou ont pris en mai l’initiative de tenter d’organiser
une conférence de paix pour ouvrir des négociations entre les
belligérants syriens, mais celle-ci semble encore très improbable au vu
de l’ampleur des divergences et de la guerre qui ne connaît aucun répit.
Cette conférence, dite Genève 2, devait initialement être convoquée en
juin. Elle n’aura pas lieu non plus en juillet en raison des
consultations entre les États-Unis et la Russie destinées à régler leurs
différends sur le sujet, et "août est très difficile pour les Européens
et d’autres", a affirmé John Kerry, faisant implicitement allusion aux
congés estivaux.
La conférence de Genève est voulue par Washington et Moscou pour tenter
d’ouvrir des négociations entre régime et opposition en Syrie après plus
de deux ans de conflit. Mais son organisation se heurte, entre autres, à
des différends entre les deux pays, Moscou souhaitant notamment
associer l’Iran aux pourparlers. La Russie et l’Iran sont les principaux
soutiens au régime du président syrien, Bashar el-Assad, et certains
pays voisins craignent une contagion du conflit opposant des rebelles
principalement sunnites à un régime dirigé par les alaouites (branche du
chiisme).
John Kerry a réaffirmé l’accord entre Washington et Moscou sur une
transition politique avec la formation d’un gouvernement composé à la
fois de membres du régime et de l’opposition. "Nous sommes fermement,
plus que fermement résolus à (poursuivre) le processus de Genève",
a-t-il assuré.
En juin 2012, la première conférence de Genève avait
rassemblé les chefs de la diplomatie des cinq membres permanents du
Conseil de sécurité (États-Unis, Chine, Russie, France et
Grande-Bretagne), des représentants de l’Irak, du Koweït, du Qatar, de
la Turquie, et des responsables de l’ONU et de l’Union européenne.
Depuis le début en mars 2011 du conflit en Syrie, qui a débuté par un
soulèvement populaire pacifique et s’est militarisé face à la répression
menée par le régime, plus de 100 000 personnes ont péri, selon une ONG
syrienne. Il s’agit du premier contact à ce niveau entre les États-Unis
et la Russie depuis la décision du président Barack Obama en juin
d’augmenter l’aide aux rebelles pour combattre le régime d’Assad,
soupçonné d’utiliser des armes chimiques.
Barack Obama résiste toutefois aux pressions de parlementaires
américains favorables à un engagement militaire plus fort des États-Unis
en Syrie dans un conflit à forte connotation confessionnelle. "Une
victoire militaire per se" ne suffirait pas à maintenir à terme l’unité
de la Syrie, a souligné John Kerry. "Nous avons une obligation d’oeuvrer
à une résolution pacifique, parce qu’une solution pacifique est le
meilleur moyen de sauver l’État en Syrie et de minimiser les dégâts" sur
ses institutions, a-t-il affirmé. Les rebelles syriens affrontent
depuis lundi à Homs (centre) une nouvelle offensive de l’armée et des
combattants du mouvement chiite libanais Hezbollah, selon l’Observatoire
syrien des droits de l’homme (OSDH).
Surnommée début 2012 "capitale de la révolution" par les militants
anti-régime, Homs relie le nord et le sud du pays, et contrôle ainsi les
principales routes d’approvisionnement. Dans le même temps, l’armée
poursuit ses bombardements dans et autour de Damas, selon l’OSDH, qui
s’appuie sur un vaste réseau de militants et sources médicales. La
principale cible était le camp palestinien de Yarmuk, dans le sud de la
ville, Qabun, dans l’est, et Daraya, dans le sud-est.
**
Un bombardement de l’armée tue 14 personnes près de Damas
Au moins 14 personnes ont été tuées mardi dans un bombardement de
l’armée contre un village rebelle près de Damas, alors que la violence
fait rage à Damas et Homs, selon une ONG. "Le nombre des tués par un
bombardement par le régime sur Kafar Batna a atteint 14, dont 3 femmes
et 2 enfants", a affirmé l’Observatoire syrien des droits de l’homme
(OSDH). La localité de Kafar Batna est située à l’est de Damas, une
région tenue par les rebelles. Ce bombardement survient au lendemain de
l’explosion d’une voiture piégée à Kafar Soussé, dans le sud-ouest de
Damas, a indiqué l’OSDH.
Par ailleurs, la télévision syrienne a affirmé que l’armée syrienne
avait "rétabli la sécurité et la stabilité dans la plus grande partie de
Jobar", un quartier dans l’est de la capitale pris par les rebelles il y
a quelques mois.
La troupe a bombardé aussi Qabun, dans le
nord-est, et Barzé, dans le nord, selon l’Observatoire, qui s’appuie sur
un large réseau de sources médicales et de militants. Dans le centre de
la Syrie, le régime a tenté pour la quatrième journée de pénétrer dans
les quartiers du centre de Homs, en "se concentrant sur Bab Houd et la
rue du Caire à Khaldiyé, sans toutefois réussir", a affirmé le militant
sur le terrain Yazane al-Homsi, joint par Internet. L’armée a bombardé
ces quartiers qui se limitent à 1 ou 2 km2, alors que la ville de Homs
s’étend sur 40 km2.
Selon l’OSDH, il y a eu des blessés de part et d’autres parmi les
adversaires. La ville de Homs, qui se trouve au centre de la Syrie,
comptait avant le début du conflit 800 000 habitants environ, dont 25 %
d’alaouites, confession du chef de l’État, 65 % de sunnites, 8 % de
chrétiens et 2 % de chiites et ismaéliens. C’est dans cette ville que
les conflits confessionnels ont été les plus sanglants.
Depuis le début en mars 2011 du conflit en Syrie, qui a débuté par un
soulèvement populaire pacifique et s’est militarisé face à la répression
menée par le régime, plus de 100 000 personnes ont péri, selon l’OSDH.
La violence a fait 82 morts lundi dans tout le pays, selon l’OSDH, dont
22 civils, 33 rebelles et 27 soldats.
(02-07-2013)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire