mercredi 3 juillet 2013

Syrie : Washington et Moscou ne renoncent pas à Genève 2

Le secrétaire d’État américain, John Kerry, a assuré mardi que les États-Unis et la Russie ne renonçaient pas à la conférence internationale sur la Syrie, même si elle devrait souffrir de nouveaux délais et se tenir après le mois d’août. Les États-Unis et la Russie "estiment que la conférence devrait se tenir le plus tôt possible", a-t-il déclaré à l’issue d’une entrevue avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, en marge d’une réunion de pays d’Asie-Pacifique au Brunei.
Washington et Moscou ont pris en mai l’initiative de tenter d’organiser une conférence de paix pour ouvrir des négociations entre les belligérants syriens, mais celle-ci semble encore très improbable au vu de l’ampleur des divergences et de la guerre qui ne connaît aucun répit. Cette conférence, dite Genève 2, devait initialement être convoquée en juin. Elle n’aura pas lieu non plus en juillet en raison des consultations entre les États-Unis et la Russie destinées à régler leurs différends sur le sujet, et "août est très difficile pour les Européens et d’autres", a affirmé John Kerry, faisant implicitement allusion aux congés estivaux.
La conférence de Genève est voulue par Washington et Moscou pour tenter d’ouvrir des négociations entre régime et opposition en Syrie après plus de deux ans de conflit. Mais son organisation se heurte, entre autres, à des différends entre les deux pays, Moscou souhaitant notamment associer l’Iran aux pourparlers. La Russie et l’Iran sont les principaux soutiens au régime du président syrien, Bashar el-Assad, et certains pays voisins craignent une contagion du conflit opposant des rebelles principalement sunnites à un régime dirigé par les alaouites (branche du chiisme).
John Kerry a réaffirmé l’accord entre Washington et Moscou sur une transition politique avec la formation d’un gouvernement composé à la fois de membres du régime et de l’opposition. "Nous sommes fermement, plus que fermement résolus à (poursuivre) le processus de Genève", a-t-il assuré.
En juin 2012, la première conférence de Genève avait rassemblé les chefs de la diplomatie des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, Chine, Russie, France et Grande-Bretagne), des représentants de l’Irak, du Koweït, du Qatar, de la Turquie, et des responsables de l’ONU et de l’Union européenne.
Depuis le début en mars 2011 du conflit en Syrie, qui a débuté par un soulèvement populaire pacifique et s’est militarisé face à la répression menée par le régime, plus de 100 000 personnes ont péri, selon une ONG syrienne. Il s’agit du premier contact à ce niveau entre les États-Unis et la Russie depuis la décision du président Barack Obama en juin d’augmenter l’aide aux rebelles pour combattre le régime d’Assad, soupçonné d’utiliser des armes chimiques.
Barack Obama résiste toutefois aux pressions de parlementaires américains favorables à un engagement militaire plus fort des États-Unis en Syrie dans un conflit à forte connotation confessionnelle. "Une victoire militaire per se" ne suffirait pas à maintenir à terme l’unité de la Syrie, a souligné John Kerry. "Nous avons une obligation d’oeuvrer à une résolution pacifique, parce qu’une solution pacifique est le meilleur moyen de sauver l’État en Syrie et de minimiser les dégâts" sur ses institutions, a-t-il affirmé. Les rebelles syriens affrontent depuis lundi à Homs (centre) une nouvelle offensive de l’armée et des combattants du mouvement chiite libanais Hezbollah, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Surnommée début 2012 "capitale de la révolution" par les militants anti-régime, Homs relie le nord et le sud du pays, et contrôle ainsi les principales routes d’approvisionnement. Dans le même temps, l’armée poursuit ses bombardements dans et autour de Damas, selon l’OSDH, qui s’appuie sur un vaste réseau de militants et sources médicales. La principale cible était le camp palestinien de Yarmuk, dans le sud de la ville, Qabun, dans l’est, et Daraya, dans le sud-est.

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Un bombardement de l’armée tue 14 personnes près de Damas
Au moins 14 personnes ont été tuées mardi dans un bombardement de l’armée contre un village rebelle près de Damas, alors que la violence fait rage à Damas et Homs, selon une ONG. "Le nombre des tués par un bombardement par le régime sur Kafar Batna a atteint 14, dont 3 femmes et 2 enfants", a affirmé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). La localité de Kafar Batna est située à l’est de Damas, une région tenue par les rebelles. Ce bombardement survient au lendemain de l’explosion d’une voiture piégée à Kafar Soussé, dans le sud-ouest de Damas, a indiqué l’OSDH.
Par ailleurs, la télévision syrienne a affirmé que l’armée syrienne avait "rétabli la sécurité et la stabilité dans la plus grande partie de Jobar", un quartier dans l’est de la capitale pris par les rebelles il y a quelques mois.
La troupe a bombardé aussi Qabun, dans le nord-est, et Barzé, dans le nord, selon l’Observatoire, qui s’appuie sur un large réseau de sources médicales et de militants. Dans le centre de la Syrie, le régime a tenté pour la quatrième journée de pénétrer dans les quartiers du centre de Homs, en "se concentrant sur Bab Houd et la rue du Caire à Khaldiyé, sans toutefois réussir", a affirmé le militant sur le terrain Yazane al-Homsi, joint par Internet. L’armée a bombardé ces quartiers qui se limitent à 1 ou 2 km2, alors que la ville de Homs s’étend sur 40 km2.
Selon l’OSDH, il y a eu des blessés de part et d’autres parmi les adversaires. La ville de Homs, qui se trouve au centre de la Syrie, comptait avant le début du conflit 800 000 habitants environ, dont 25 % d’alaouites, confession du chef de l’État, 65 % de sunnites, 8 % de chrétiens et 2 % de chiites et ismaéliens. C’est dans cette ville que les conflits confessionnels ont été les plus sanglants.
Depuis le début en mars 2011 du conflit en Syrie, qui a débuté par un soulèvement populaire pacifique et s’est militarisé face à la répression menée par le régime, plus de 100 000 personnes ont péri, selon l’OSDH. La violence a fait 82 morts lundi dans tout le pays, selon l’OSDH, dont 22 civils, 33 rebelles et 27 soldats.

(02-07-2013)

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