Le mouvement Tamarod, cette rébellion qui a enflammé en quelques
semaines une bonne partie de la population égyptienne, est né grâce à
l’action de six jeunes nationalistes : Moheb Doss, Walid al-Masri,
Mohamed Abdel-Aziz, Mahmoud Badr, Hassan Chahine, Mohamed Eid. C’est
Moheb Doss, un futur juriste âgé de 25 ans, qui a eu l’idée de cette
révolte. "Je milite pour la liberté et la démocratie depuis le 25
janvier 2011. Mais les Frères musulmans nous ont volé notre victoire et
ont commencé à islamiser l’Égypte. J’ai pensé qu’il fallait réclamer le
départ de Mohamed Morsi, et organiser une élection présidentielle
anticipée. J’ai agi avec un groupe d’amis de mon âge qui partage mes
convictions."
Ensemble, ils rédigent un formulaire intitulé Tamarod, qui énumère les
échecs de Mohamed Morsi et exige une élection présidentielle anticipée.
Ils le publient et le distribuent. Il fallait tout juste le signer.
Cette pétition connaît un immense succès. Les partis politiques et des
millions de citoyens participent à sa diffusion. L’ambition de
recueillir 15 millions de signatures est largement dépassée. Le 30 juin
2013, Tamarod compte 22 millions d’adhérents.
Entretien.
Le 30 juin, Tamarod a lancé un ultimatum à Mohamed Morsi. Il
devait quitter le pouvoir le 2 juillet avant 17 heures. Il n’en a pas
tenu compte. Qu’allez-vous faire ?
Moheb Doss : Nous allons organiser un sit-in devant le palais
présidentiel jusqu’au départ de Morsi. Mais notre arme véritable sera de
proclamer la désobéissance civile. Nous allons paralyser le pays de
façon pacifique.
Comment ?
Nous allons lancer un appel à la grève générale. Si les fonctionnaires,
ou tout au moins une bonne partie d’entre eux, n’allaient pas à leur
travail, comment fonctionnerait l’administration ? Nous espérons aussi
que les entreprises privées répondront à notre appel, les magasins, les
taxis...
Êtes-vous en contact avec les forces armées ?
Oui. Quelques jours avant le 30 juin, nous avons étudié avec des
officiers les moyens de sécuriser les manifestations. (Doss refuse de
citer les noms des officiers et les lieux de rencontres.)
Êtes-vous toujours en contact avec les militaires ?
Oui, mais nous aurons désormais un dialogue officiel puisque les forces armées vont diriger la période transitoire.
Vous parlez de période transitoire, mais Mohamed Morsi, soutenu par la Confrérie, refuse la proposition des militaires.
Mohamed Morsi sera obligé de quitter le pouvoir. Il ne peut pas affronter l’armée et la police.
L’armée pourrait-elle envoyer des tanks en direction du
palais présidentiel ? Les Frères musulmans parlent déjà d’un coup d’État
militaire ?
Les moyens de pression sont nombreux.
Comment concevez-vous votre relation d’avenir avec l’armée ?
Nous sommes persuadés que l’armée va nous aider. Nous allons
probablement participer à la feuille de route et nous aurons un rôle
politique.
Pouvez-vous donner des précisions sur ce rôle ?
Nos revendications sont simples. Nous voulons qu’un gouvernement d’union
nationale supervise cette élection présidentielle anticipée. Nous ne
recherchons aucun poste.
Quel homme souhaitez-vous avoir pour président ?
Simplement un homme compétent, conscient de ses responsabilités et
soucieux de faire de l’Égypte un pays moderne et démocratique. Un pays
qui respecte les libertés.
Quelle est votre marge d’espoir ?
La volonté populaire.
(02-07-2013 - Propos recueillis par Denise Ammoun)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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