mercredi 3 juillet 2013

Égypte : A l’origine du mouvement "Tamarod" (Denise Ammoun)

Le mouvement Tamarod, cette rébellion qui a enflammé en quelques semaines une bonne partie de la population égyptienne, est né grâce à l’action de six jeunes nationalistes : Moheb Doss, Walid al-Masri, Mohamed Abdel-Aziz, Mahmoud Badr, Hassan Chahine, Mohamed Eid. C’est Moheb Doss, un futur juriste âgé de 25 ans, qui a eu l’idée de cette révolte. "Je milite pour la liberté et la démocratie depuis le 25 janvier 2011. Mais les Frères musulmans nous ont volé notre victoire et ont commencé à islamiser l’Égypte. J’ai pensé qu’il fallait réclamer le départ de Mohamed Morsi, et organiser une élection présidentielle anticipée. J’ai agi avec un groupe d’amis de mon âge qui partage mes convictions."
Ensemble, ils rédigent un formulaire intitulé Tamarod, qui énumère les échecs de Mohamed Morsi et exige une élection présidentielle anticipée. Ils le publient et le distribuent. Il fallait tout juste le signer. Cette pétition connaît un immense succès. Les partis politiques et des millions de citoyens participent à sa diffusion. L’ambition de recueillir 15 millions de signatures est largement dépassée. Le 30 juin 2013, Tamarod compte 22 millions d’adhérents.  

Entretien.
Le 30 juin, Tamarod a lancé un ultimatum à Mohamed Morsi. Il devait quitter le pouvoir le 2 juillet avant 17 heures. Il n’en a pas tenu compte. Qu’allez-vous faire ?
Moheb Doss : Nous allons organiser un sit-in devant le palais présidentiel jusqu’au départ de Morsi. Mais notre arme véritable sera de proclamer la désobéissance civile. Nous allons paralyser le pays de façon pacifique.

Comment ?
Nous allons lancer un appel à la grève générale. Si les fonctionnaires, ou tout au moins une bonne partie d’entre eux, n’allaient pas à leur travail, comment fonctionnerait l’administration ? Nous espérons aussi que les entreprises privées répondront à notre appel, les magasins, les taxis...

Êtes-vous en contact avec les forces armées ?
Oui. Quelques jours avant le 30 juin, nous avons étudié avec des officiers les moyens de sécuriser les manifestations. (Doss refuse de citer les noms des officiers et les lieux de rencontres.)

Êtes-vous toujours en contact avec les militaires ?
Oui, mais nous aurons désormais un dialogue officiel puisque les forces armées vont diriger la période transitoire.

Vous parlez de période transitoire, mais Mohamed Morsi, soutenu par la Confrérie, refuse la proposition des militaires.
Mohamed Morsi sera obligé de quitter le pouvoir. Il ne peut pas affronter l’armée et la police.

L’armée pourrait-elle envoyer des tanks en direction du palais présidentiel ? Les Frères musulmans parlent déjà d’un coup d’État militaire ?
Les moyens de pression sont nombreux.

Comment concevez-vous votre relation d’avenir avec l’armée ?
Nous sommes persuadés que l’armée va nous aider. Nous allons probablement participer à la feuille de route et nous aurons un rôle politique.

Pouvez-vous donner des précisions sur ce rôle ?
Nos revendications sont simples. Nous voulons qu’un gouvernement d’union nationale supervise cette élection présidentielle anticipée. Nous ne recherchons aucun poste.

Quel homme souhaitez-vous avoir pour président ?
Simplement un homme compétent, conscient de ses responsabilités et soucieux de faire de l’Égypte un pays moderne et démocratique. Un pays qui respecte les libertés.

Quelle est votre marge d’espoir ?
La volonté populaire.

(02-07-2013 - Propos recueillis par Denise Ammoun)

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