Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a rencontré
jeudi à Ryad ses homologues des monarchies du Golfe pour les informer
de ses négociations nucléaires avec l'Iran et évoquer les différents
conflits du Moyen-Orient.
M. Kerry est arrivé dans la nuit dans la capitale saoudienne en
provenance de Suisse où il a eu trois jours d'entretiens avec son
homologue iranien Mohammad Javad Zarif sur le dossier nucléaire iranien
controversé.
Les monarchies sunnites du Golfe sont inquiètes des conséquences d'un
éventuel accord entre le groupe 5+1 (Grande-Bretagne, Chine, France,
Russie, Etats-Unis, Allemagne) et Téhéran, et du rapprochement entre
l'Iran chiite et Washington.
Avec les crises en Syrie, en Irak, en Libye et au Yémen, les entretiens
de M. Kerry à Ryad devaient porter sur "ce qui pourra être fait ensemble
pour renforcer le cadre commun de notre sécurité", a déclaré un
porte-parole du département d'Etat à la presse.
Le secrétaire d'Etat qui doit être reçu par le roi Salmane qu'il avait
déjà rencontré après la mort en janvier de son prédécesseur Abdallah,
veut assurer les alliés arabes que son pays reste préoccupé par
l'expansionnisme régional de l'Iran.
"En ce qui concerne toutes les objections que des pays ont quant aux
activités iraniennes dans la région (...), le premier pas consiste à
empêcher l'Iran de parvenir à une arme nucléaire. Sans accord, l'Iran
aura la capacité d'aller de l'avant avec son programme nucléaire, nous
en sommes sûrs", a-t-il dit avant son arrivée à Ryad.
L'Iran s'est impliqué dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat
islamique (EI) en Syrie et en Irak, et est accusé de soutenir la milice
chiite des Houthis au Yémen qui s'est emparée du pouvoir dans la
capitale Sanaa.
A Washington, la porte-parole de la diplomatie a tenu à rassurer : "nous
ne lions pas (...) la réussite d'un accord nucléaire à un réchauffement
plus large des relations" avec Téhéran car cela "ferait fi des graves
inquiétudes que nous avons sur les droits de l'homme, le terrorisme, la
Syrie, le Hezbollah".
Plusieurs monarchies du Golfe, l'Arabie saoudite en tête, participent
avec les Etats-Unis à la coalition internationale pour combattre l'EI
qui contrôle de larges pans de territoire en Irak et en Syrie.
Ryad a lancé ses premiers raids anti-EI en Syrie en septembre, mais une
source diplomatique occidentale a indiqué que les sorties saoudiennes
actuelles "ne sont plus aussi nombreuses qu'auparavant".
Le royaume a convenu avec les Etats-Unis de prendre en charge la
formation et l'équipement de membres de l'opposition syrienne armée
modérée, dans le cadre des efforts déployés pour lutter contre les
jihadistes de l'EI.
Ces jihadistes et l'Armée syrienne libre (ASL) sont en guerre contre le
régime de Bashar al-Assad, soutenu par le Hezbollah chiite libanais, un
allié de l'Iran.
Ryad, qui soutient la rébellion syrienne, a été irrité par la
possibilité d'une action unilatérale des Etats-Unis pour une solution
politique en Syrie.
Mais un haut responsable du département d'Etat a souligné que, sur la
Syrie, "nous travaillons étroitement avec nos partenaires dans le Golfe
pour faire face non seulement à l'EI mais aussi pour dire (...) que nous
ne verrons pas la paix et la sécurité en Syrie sans un changement de
régime à Damas".
La situation au Yémen, pays frontalier de l'Arabie saoudite, est
également source d'instabilité régionale depuis le coup de force des
Houthis. Les monarchies du Golfe soupçonnent ces miliciens chiites de
vouloir placer le Yémen dans l'orbite de l'Iran.
Les Etats-Unis ont fermé début février leur ambassade à Sanaa, qu'ils
cherchent à baser provisoirement à Jeddah, en Arabie saoudite,
contrairement aux monarchies du Golfe qui ont déplacé les leurs à Aden,
dans le sud du Yémen, où s'est réfugié le chef de l'Etat.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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