Les dirigeants palestiniens tiraient parti de l’anniversaire mercredi
de la "Naksa"(*), la défaite arabe de juin 1967, pour pousser leur
revendication d’une référence aux lignes antérieures au début de
l’occupation israélienne dans toute future négociation de paix.
"Cela fait 46 ans que l’occupation israélienne a commencé", a déclaré le
négociateur palestinien Saëb Erakat, lors d’une visite de trois
villages de Cisjordanie vidés de leur population et détruits lors de la
guerre des Six-Jours de juin 1967, à l’occasion de l’anniversaire de la
"Naksa" (défaite, en arabe).
"Ce qui est arrivé aux 5.000 Palestiniens chassés de ces villages
continue", a-t-il estimé au cours d’une halte sur le site du village de
Yalou, qui donne sur la colonise israélienne de Mevo Horon, citant les
démolitions de maisons par l’armée israélienne, qui expulsent chaque
année de leur foyer des centaines de familles palestiniennes.
"Pourquoi ont-ils démoli ces trois villages, pourquoi ont-ils détruit le
quartier des Maghrébins à Jérusalem-Est ? Parce qu’ils ne pensaient pas
que l’occupation durerait 46 ans, ils voulaient simplement les
accaparer. Et ce qui est arrivé à Imwas, Yalou et Beit Nouba se passe
aujourd’hui à Jéricho, Naplouse et partout ailleurs", a déploré
M. Erakat.
"Pourquoi les Israéliens ont-ils chassé ces gens en 1967 ? Tout
simplement parce qu’ils voulaient dicter les frontières", a-t-il ajouté,
réitérant l’exigence palestinienne d’un gel de la colonisation et d’une
référence aux lignes de 1967 comme base de discussions pour reprendre
des pourparlers de paix.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu appelle de son côté à
des négociations immédiates sans "conditions préalables", en allusion à
ces revendications qu’il récuse.
"Après 46 années d’occupation illégale de la terre historique de
Palestine, la catastrophe humanitaire et politique continue et domine
toujours la vie de notre peuple, où qu’il soit, en Palestine comme en
exil", a déclaré dans un communiqué Hanane Achraoui, membre du comité
exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
"Le peuple palestinien n’acceptera pas une nouvelle Nakba (catastrophe)
et une nouvelle défaite, il ne se laissera pas déraciner une nouvelle
fois, mais luttera jusqu’à ce qu’il recouvre ses droits légitimes",
a-t-elle assuré.
Dans un rapport publié à l’occasion des 46 ans d’occupation de la
Cisjordanie, l’organisation israélienne de défense des droits de l’Homme
B’Tselem reproche à Israël d’avoir "réalisé l’annexion de fait de la
zone C", soit les 60% sous son contrôle total de ce territoire
palestinien, et créé les conditions qui contribueront à perpétuer cette
situation et influencer le statut final de la zone" lors de négociations
de paix.
"En théorie, Israël ne conserve une autorité complète que sur la zone C.
En pratique, le contrôle israélien de cette zone nuit à tous les
habitants palestiniens de Cisjordanie", soit plus de 2,5 millions de
personnes, souligne l’ONG, rappelant qu’elle couvre en grande partie
"les réserves foncières entourant les secteurs bâtis des villes et
villages de Cisjordanie", alors que "la construction et le développement
par les Palestiniens y est interdit, ou sévèrement restreint".
"Dans le même temps, contrairement au droit international, Israël
encourage ses propres citoyens à s’installer en Cisjordanie", selon le
rapport, "allouant d’importantes portions de la zone C et de généreux
approvisionnements en eau à ces colonies".
Le vice-ministre des Affaires étrangères Zeev Elkin a réaffirmé mercredi
le refus d’Israël de négocier à partir des lignes de 1967, au diapason
de l’opinion qui, si elle approuve à 67% l’idée d’un partage territorial
entre deux États, israélien et palestinien, rejette cette référence.
Seuls 8% s’y déclarent prêts, contre 40% favorables à une annexion des
blocs d’implantations rassemblant la grande majorité des colons, voire
19% soutenant l’annexion de la quasi totalité de la zone C.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a mis en garde lundi Israël
contre le risque de laisser passer la dernière "chance" de faire la paix
avec les Palestiniens, tandis que le secrétaire général de l’ONU Ban
Ki-moon prévenait que "le conflit israélo-palestinien approchait d’un
point de non-retour".
"L’occupation, qui dure depuis près d’un demi-siècle, n’est pas
acceptable, moralement, politiquement, stratégiquement ou humainement", a
rappelé M. Ban.
(05-06-2013 - Assawra)
(*) Invitation à lire :
Sandrine Mansour-Mérien L’Histoire occultée des Palestiniens, Éditions Privat.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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