jeudi 21 février 2013

Yémen : 4 morts à Aden au premier anniversaire du départ de Saleh

Quatre personnes ont été tuées dont trois militants séparatistes lors de heurts avec la police à Aden, où se tiennent deux manifestations rivales pour le premier anniversaire du départ du président Ali Abdallah Saleh, illustrant les profonds clivages divisant le Yémen.
Les trois militants "ont été tués par des tirs de la police" alors qu’ils tentaient de gagner la principale place de la ville d’Aden (sud) pour un rassemblement réclamant l’indépendence du sud du Yémen, a accusé un responsable du Mouvement sudiste, Fathi Ben Lazraq, faisant état également d’un passant tué par les tirs.
Les policiers voulaient empêcher les partisans du Mouvement sudiste, arrivés des provinces proches par milliers depuis la nuit, de parvenir à la place des Parades à Aden, de crainte d’affrontements avec les sympathisants du parti islamiste Al-Islah.
Ces derniers organisent au même moment, jeudi après-midi, et sur la même place un rassemblement pour soutenir l’unité du pays et appuyer le président Abd Rabbo Mansur Hadi.
Selon le Mouvement sudiste, 28 de ses partisans ont en outre été blessés par des tirs de la police à Aden.
Une source des services de sécurité a de son côté indiqué que deux policiers avaient été blessés par des balles de tireurs embusqués sur les toits d’immeubles donnant sur la place des parades.
Les forces de sécurité étaient déployées en force à Aden, plus grande ville du sud du Yémen, où la vie était paralysée, selon le correspondant de l’AFP.
Des milliers de partisans d’Al-Islah étaient déjà réunis en milieu de journée sur la place, sur laquelle flottaient des drapeaux yéménites. Ils brandissaient des portraits de M. Hadi et des banderoles proclamant "l’unité est notre force", a indiqué le correspondant.
Pour leur part, les militants sudistes qui tentaient de gagner la place brandissaient des drapeaux de l’ex-Yémen du sud et des portraits de l’ancien vice-président Ali Salem Al-Baïd. "Révolution dans le sud, occupants dehors", répétaient-ils.
La tendance dure du Mouvement sudiste, dirigée Ali Salem Al-Baïd, réclame la sécession du Sud et refuse de prendre part au dialogue national qui doit s’ouvrir le 18 mars.
Des factions plus modérées, qui revendiquent l’autonomie du Sud, ont pour leur part annoncé leur intention de participer à ce dialogue qui doit rassembler les forces politiques et vise à élaborer une nouvelle Constitution et à préparer des élections législatives et présidentielle pour février 2014.
M. Al-Baïd est en exil depuis la répression d’une éphémère tentative de sécession du Sud en 1994 qu’il avait dirigée, quatre ans après l’unification du Yémen.
Le 15 février, il avait été montré du doigt par le Conseil de sécurité de l’ONU qui avait salué la convocation du dialogue national et menacé de sanctions ceux qui perturberaient la transition politique, citant nommément l’ex-président et M. Al-Baïd.
Le dialogue national est prévu par l’accord de transition en vertu duquel l’ancien président contesté a remis le pouvoir, après plus d’un an de contestation dans la rue, à son ancien vice-président Abd Rabbo Mansur Hadi.
Ce dernier a été élu le 21 février 2012 à la tête du pays lors d’une élection symbolique dont il était le seul candidat.
Le problème du Sud est l’un des plus épineux auxquels est confronté M. Hadi, outre l’insécurité dans le pays, où Al-Qaïda a renforcé sa présence, et la persistance de l’influence des partisans de M. Saleh.
D’ailleurs Wahid Salam, un avocat et figure de la société civile à Aden, est convaincu : "Ali Abdallah Saleh et Salem Al-Baïd sont désormais alliés pour entraver la transition".

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