Abolir la détention « administrative »
Samer Issawi, dont la grève de la faim a dépassé les 209 jours,
sera-t-il finalement libéré ? Dans un message adressé au peuple
palestinien, il déclare que son martyre sera la bombe lancée à la face
de l’occupation. Il déclare : « je suis plus fort que l’armée de
l’occupation et ses lois racistes, je suis Samer Issawi, fils de la
ville d’al-Quds. Je vous demande, lorsque je tombe martyr, de porter mon
âme comme un cri en faveur de tous les prisonniers et prisonnières, que
ce soit le cri pour la liberté, la libération et la fin du cauchemar
des prisons et de leurs ténèbres étouffantes. Mon combat est plus grand
qu’une question de liberté individuelle. Moi-même et mes compagnons
héroïques, Tareq, Ayman et Jaafar, menons une lutte pour tout le peuple
palestinien, contre l’occupation et ses prisons, afin que nous soyions
libres et maîtres dans notre Etat libéré et dans notre ville d’al-Quds….
Ne craignez pas pour mon cœur s’il s’arrête de battre, ni pour mes
mains si elles deviennent paralysées, je suis vivant et je vivrai après
ma mort, car al-Quds bouge dans mon sang, dans ma foi et ma doctrine ».
Devenu le symbole de la résistance palestinienne à l’occupation, Samer
Issawi sacrifie sa vie pour que la Palestine vive et se libère. Samer
Issawi, cadre dirigeant du FDLP, a été emprisonné par les forces de
l’occupation pour acte de résistance. Il fut libéré dans le cadre de
l’accord d’échange en octobre 2011. Revenu dans sa ville, al-Qods, il a
refusé le diktat sioniste l’empêchant de se rendre en Cisjordanie. Il
est arrêté par l’occupation et placé en « détention administrative », ce
qui signifie que sa simple présence hors de prison constitue, pour les
services sécuritaires sionistes, une menace à leur domination. Cette
forme de détention est barbare (torture physique, morale et psychique)
et humiliante (tout Palestinien qui « gêne » l’occupation est menacé
d’arrestation et de détention). Abolir la détention administrative en
Palestine occupée est devenue une priorité. D’où la nécessité de lancer
une large campagne de dénonciation et d’explication sur ce qu’est cette
forme de détention, et exiger son abolition. Le centre palestinien
Addameer a décidé de lancer une nouvelle campagne internationale dans ce
sens, à partir du 17 avril prochain, qui correspond à la Journée du
Prisonnier palestinien.
Shadi Issawi, le frère de Samer Issawi, a été arrêté le 17 février
dernier par les forces de l’occupation. La tente de la solidarité avec
les prisonniers en lutte installée à Issawiya dans al-Quds a été
détruite pour la 24ème fois. Les forces de l’occupation ont attaqué une
manifestation allant de Sheikh Jarrah à Issawiya. L’Etat sioniste craint
le développement de la solidarité avec les prisonniers en lutte et
croit qu’en arrêtant les membres de la famille Issawi, la révolte
croissante des Palestiniens prendra fin. Mais c’est le contraire,
puisque sheikh Khodr Adnane a appelé les Palestiniens, lors d’une
journée de solidarité dans la ville d’al-Khalil, à entrer en
confrontation avec les soldats de l’occupation.
Ce cadre dirigeant du mouvement du Jihad islamique, déclencheur de la
lutte des prisonniers pour la dignité, a entamé la grève de la faim, en
solidarité avec les prisonniers en lutte. Il a annoncé sa participation à
la grève de la faim au lendemain d’une journée nationale de solidarité,
tenue à Bethlelem, en Cisjordanie, réclamant la libération immédiate
des prisonniers grévistes et l’abolition de la détention
« administrative ». Réalisant que l’ennemi sioniste profite du silence
et de la complicité internationale, il a décidé de réagir en appelant
les Palestiniens à accentuer leur soutien et leur lutte contre
l’occupation. La mère et les deux frères de Ayman Sharawneh ont entamé
la grève de la faim. Au cours d’une journée organisée dans la ville
d’al-Khalil en soutien aux grévistes, les membres de la famille de Ayman
Sharawneh ont décidé de rejoindre la lutte pour la dignité.
Le CICR réagit de manière honteuse à la lutte des prisonniers et du
soutien de leurs familles. Prétextant la présence de sheikh Khodr Adnane
dans ses locaux, il a décidé d’empêcher les familles des prisonniers de
s’y rassembler, que ce soit à Gaza ou à Ramallah. Bilal Diab,
prisonnier libéré ayant également une grève de la faim pour obtenir sa
libération, a commenté : « le CICR devrait plutôt fermer ses locaux qui
se trouvent dans Tel Aviv ». Le CICR prétend que la présence de sheikh
Khodr Adnane gêne les parents des prisonniers, qui souhaitent recevoir
leur autorisation pour les visites. La tentative du CICR de diviser
entre les grévistes de la faim et les familles de prisonniers a été
refusée par les familles même, qui ont affirmé leur soutien à sheikh
Khodr Adnane, tout comme les prisonniers ont soutenu la démarche du
résistant du Jihad islamique.
L’attitude de l’équipe du CICR installée en Palestine soulève colère et
indignation au sein des familles des prisonniers, et de larges couches
du peuple palestinien. A l’exception d’un communiqué laconique
s’inquiétant de la santé des prisonniers en lutte, le CICR n’a apporté
aucune aide et n’a fourni aucun effort pour interpeller les instances
internationales sur le sort des prisonniers palestiniens. Il continue à
être le fidèle serviteur de l’occupation, et sous prétexte de
« neutralité », poursuit une politique de collaboration indigne de
quiconque prétend vouloir servir la cause de la liberté et de la justice
dans le monde.
Il faut rappeler que les locaux du CICR dans al-Quds ont été envahis par
les forces sécuritaires sionistes pour enlever les députés maqdisis qui
s’y étaient réfugiés, ayant cru à la « neutralité » du CICR. Mais au
fur et à mesure que le peuple palestinien se soulève et revendique son
droit à la liberté, il se heurte à tous ces organismes soi-disant
humanitaires et droits de l’hommi(stes), internationaux et locaux, qui
ont, pendant des années, assuré une couverture légale à l’occupation.
La détention « administrative » des professeurs et journalistes
palestiniens : Le dr. Muhammad Izzat Mohammad Yahya, 47 ans, de la ville
de Jénine, a été arrêté la première fois en 2000, pendant deux mois.
Professeur à l’université al-Qods (université ouverte), il a de nouveau
été arrêté le 30 janvier 2012, et détenu « administratif » pendant 7
mois. A la date prévue pour sa libération, sa détention est renouvelée
le 8/8/2012, puis de nouveau renouvelée le 5/11/2012 pour 6 mois. Le
tribunal sioniste a refusé l’appel de la famille. Le professeur utilise
sa détention pour enseigner et diffuser son savoir auprès des autres
détenus. ‘Amer Abou Arfa (29 ans), journaliste, est détenu depuis le 21
août 2011 dans les prisons de l’occupation, en tant que détenu
« administratif ». Sa détention a été renouvelée le 6 février dernier.
Il avait été détenu « administratif » pendant 4 ans, lorsqu’il fut
arrêté en 2003.
L’Etat de l’occupation vient de décider que tous les prisonniers libérés
au cours de l’accord d’échange en octobre 2011 sont sous la menace de
la détention « administrative » prétextant l’existence de « preuves
secrètes » pouvant entraîner l’arrestation et la détention. La nouvelle
déclaration des sionistes menace également les prisonniers libérés de
les obliger à « accomplir » les peines pour lesquelles ils avaient été
arrêtés auparavant. Ce qui signifie que l’Etat de l’occupation bafoue,
une fois de plus, ses propres engagements, ce qui n’est pas étonnant ni
surprenant d’un Etat colonial illégal, mais c’est à l’Egypte qui a
supervisé l’accord d’échange, de faire pression pour l’obliger à les
respecter.
Statistiques
Le nombre de prisonniers détenus dans les geôles de l’occupation
depuis plus de 20 ans s’est élevé à 73 prisonniers. Deux prisonniers de
Jénine ont rejoint la liste : Ahmad Sa’îd Qassem Abdel Aziz, détenu
depuis le 10 février 1993 a été condamné à la perpétuité pour acte de
résistance, et Usama Khaled Silawi, détenu depuis le 16 février 1993, a
été condamné à 4 perpétuités et 55 ans, pour avoir mené des opérations
de résistance et dirigé le groupe « Panthère noire » dans la province de
Jénine. Le combattant prisonnier Usama Silawi a récement réussi, avec
trois autres camarades prisonniers, à briser les barreaux pour pratiquer
une insémination artificielle de leurs épouses. Il sera, si Dieu le
veut, bientôt père.
Portrait
Le combattant prisonnier Khaled Daoud Azraq (43 ans) du camp de ‘Aïda
près de Bethlehem est détenu depuis le 12 février 1991. Il a été
condamné à la perpétuité pour résistance à l’occupation. Le combattant
prisonnier a été détenu alors adolescent, en 1982, pendant deux ans et
demi dans la prison de Damon, qui était réservé aux enfants
palestiniens. Khaled s’est ensuite marié à Amal Utabi qui l’a secondé
dans la résistance. Deux mois après leur mariage, et au cours d’une
opération armée contre l’occupation, en décembre 1990, Amal Utabi,
enceinte, tombe martyre. Khaled fut arrêté deux mois après. Il a subi un
interrogatoire très douloureux.
Prisons secrètes
Une nouvelle fois, est soulevée la question des prisons secrètes dans
l’entité sionite occupante. D’après les sources sionistes elles-mêmes,
les services de renseignements ainsi que le ministère de l’intérieur ont
emprisonné un ancien membre du Mossad, qui aurait participé à
l’assassinat de Mahmoud al-Mabhouh, cadre dirigeant du Hamas à Dubaï. De
nationalité australienne, cet agent du Mossad aurait communiqué, ou
aurait eu l’intention de communiquer, des informations sur l’assassinat,
aux autorités de Dubaï. Il fut enfermé dans une prison secrète, et son
nom changé. Le prisonnier X se serait suicidé. Cette information
confirme l’existence de prisons secrètes et soulève à nouveau des
questions sur le sort du prisonnier libanais Yahya Skaf, combattant du
Fateh ayant participé à l’opération Kamal Adouane, en mars 1978, à
propos duquel les sionistes refusent jusqu’à présent de communiquer des
nouvelles, et sur le sort des diplomates iraniens, enlevés au Liban par
les Forces Libanaises et livrés aux sionistes.
Solidarité
Le soulèvement du peuple palestinien est en cours. Il affronte
vaillamment les forces de l’occupation, du nord au sud de la
Cisjordanie, et dans la ville meurtrie d’al-Quds. Autour des prisonniers
et de leur lutte, il s’est uni contre l’occupation. C’est la voie de
l’unité, la seule qui puisse mobiliser l’ensemble du peuple palestinien.
L’unité recherchée dans les pourparlers du Caire, de Doha ou de Riyad
apparaît aussi creuse que l’attente de la « communauté internationale ».
1000 prisonniers palestiniens détenus dans les prisons de l’occupation entament la grève de la faim, ce mardi 19 février.
Les étudiants de Biz-Zeit tentent de fermer les locaux de la
représentation de l’ONU à Ramallah, protestant contre cet organisme
accusé de compromission avec l’occupant sioniste. Plusieurs étudiants
ont déclaré la grève de la faim, en soutien aux prisonniers en lutte.
Le vendredi de « brisons les chaînes » (15 février) a été organisé en
Palestine en soutien aux prisonniers en lutte. Que ce soit à Gaza, en
Cisjordanie, dans la ville d’al-Quds ou dans les territoires occupés en
48, le peuple palestinien s’est soulevé. Devant la prison de Ofer, les
militaires de l’occupation ont tiré : plus de 200 Palestiniens furent
blessés. A Bethlehem, les manifestants se sont rassemblés pour la prière
du vendredi. Les réfugiés du camp de Ayda ont affronté les soldats de
l’occupation aux abords du camp. D’autres manifestants se sont dirigés
vers le barrage de Jalame, et ont coupé la route Nasra-Jénine. Sheikh
Khodr Adnane, en grève de la faim, a déclaré : « le meilleur soutien aux
combattants grévistes de la faim consiste à affronter l’occupation. ».
360 prisonniers palestiniens détenus dans la prison Ramon, aux côtés des
prisonniers du mouvement du Jihad islamique, ont déclaré la grève de la
faim, le 15 février, en solidarité avec les prisonniers en lutte. Mais
plusieurs mouvements de protestation dans les prisons de l’occupation se
poursuivent, soit par prisons ou sections, soit par formations
politiques. Certains expliquent ces luttes sectorielles et le manque de
coordination par la situation désastreuse de la division
inter-palestinienne.
Pendant plusieurs jours, les Palestiniens vivant dans les territoires
occupés en 48 manifestent devant la prison de Ramleh, en soutien aux
prisonniers en lutte. Mais des voix s’élèvent de plus en plus pour
réclamer des députés (arabes palestiniens) qui siègent à la Knesset
sioniste de boycotter les séances de cet organisme, en signe de
solidarité avec les prisonniers. Il est vrai cependant que les députés
agissent mais leurs actions ne dépassent pas celles des militants ou
dirigeants des mouvements politiques. A quoi sert-il d’être député dans
cet organisme sioniste, s’ils ne profitent pas pour élever la voix et
mobiliser les députés européens ou autres dans le monde ?
A Tulkarm, une journée de grande mobilisation autour de la lutte des
prisonniers le 14 février dernier a réuni des milliers de personnes. Des
photos des prisonniers en lutte ainsi que des fleurs ont été distribués
aux passants. Selon un responsable de la mobilisation, même les forces
de sécurité de l’AP ont rejoint le rassemblement central, en vêtements
civils, cependant.
Plus de 200 jours de grève de la faim pour faire réagir l’ONU, l’Union
européenne et malheureusement, quelques forces politiques arabes et
leurs médias. La commission des droits de l’homme à l’ONU a publié une
lettre de solidarité avec les détenus en lutte.
Au moment où le peuple palestinien se soulève en Cisjordanie occupée
réclamant la libération des prisonniers en lutte, les services
sécuritaires de l’Autorité palestinienne de Ramallah arrête les
militants. Deux militants du mouvement du Jihad islamique de la ville
d’al-Khalil ont été arrêtés le lundi 18 février. De nombreux militants
du Hamas avaient également été arrêtés dès le début du mois de février,
dont des prisonniers libérés.
("Baladi", Février 2013)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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