jeudi 28 février 2013

Syrie : Bientôt plus d’un million de réfugiés syriens

Plus de 40 000 Syriens fuient leur pays chaque semaine et le total des exilés passera probablement le million dans moins d’un mois, a déclaré mercredi António Guterres, haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés, devant le Conseil de sécurité. Pour le moment, 936 000 réfugiés syriens ont été recensés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Leur nombre a été multiplié par trente depuis avril.
"Nous nous attendons à avoir 1,1 million de réfugiés syrien d’ici juin. Si les choses continuent à s’accélérer de cette façon, il faudra moins d’un mois pour atteindre ce chiffre. Rien que la nuit dernière, 4 585 personnes ont fui le pays vers la seule Jordanie", a-t-il déploré. "Le nombre de réfugiés est stupéfiant, mais il ne donne pas la pleine mesure de la tragédie. Les trois quarts sont des femmes et des enfants. Beaucoup ont perdu des membres de leur famille. La plupart ont tout perdu", a-t-il souligné.
Valerie Amos, secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires également entendue mercredi par le Conseil de sécurité, a quant à elle invité les pays donateurs ayant pris des engagements lors de la conférence du 30 janvier au Koweït à débloquer les fonds. Sur le milliard et demi de dollars promis, seuls 200 millions ont effectivement été versés, a-t-elle précisé. "Il s’agit d’une crise qui dépasse complètement nos capacités. Je suis extrêmement inquiète de son coût croissant. Nous avons sollicité 1,5 milliard de dollars pour les six prochains mois. Ce chiffre n’est déjà plus d’actualité", a-t-elle poursuivi.
Zainab Hawa Bangura, représentante spéciale de l’ONU chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, a quant à elle fait état d’exactions à grande échelle. "Les violences sexuelles, en particulier pour les hommes et les garçons, sont un moyen d’obtenir des informations en cas d’arrestation", a-t-elle souligné. Bachar Djaafari, ambassadeur de Syrie à l’ONU, a promis que Damas ferait le nécessaire pour que les auteurs de ces crimes soient remis à la justice.

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Rome accueille une réunion internationale pour doper l’opposition
Une réunion internationale des Amis du peuple syrien se tient jeudi à Rome entre onze pays et l’opposition syrienne, en présence du secrétaire d’État américain John Kerry qui a plaidé la veille pour doper l’aide à la rébellion et hâter la transition politique. Le chef de la diplomatie américaine doit rencontrer pour la première fois le chef de la Coalition de l’opposition syrienne, Ahmed Moaz al-Khatib, à 8 heures, avant des entretiens avec des représentants de dix autres pays (Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Turquie, Égypte, Jordanie, Arabie saoudite, Qatar et Émirats arabes unis) qui soutiennent les opposants au président Bashar el-Assad. Des points de presse de Kerry et Khatib sont programmés à la mi-journée.
L’activité diplomatique sur la Syrie s’est intensifiée cette semaine avec le premier voyage à l’étranger du nouveau secrétaire d’État. La communauté internationale a mis Damas et l’opposition sous pression pour qu’il amorce des négociations afin de trouver une issue à la guerre, qui a fait 70 000 morts en deux ans. En visite à Paris mercredi, Kerry a déclaré aux côtés de son homologue Laurent Fabius "étudier les moyens d’accélérer la transition politique" en Syrie. Washington réclame le départ de Assad. Par ailleurs, sur le terrain, "l’opposition a besoin de davantage d’aide (...) dans les zones libérées", a martelé le ministre américain, sans dire quelle assistance serait apportée.
Les Amis du peuple syrien à Rome est le point d’orgue de la tournée en Europe de Kerry et il a réussi à convaincre Khatib de revenir sur son boycott de ce rendez-vous. Le chef de l’opposition voulait protester contre l’inaction internationale face au conflit. Khatib a dit avoir finalement accepté de venir après que les États-Unis et le Royaume-Uni ont "promis des aides spécifiques pour soulager la souffrance de (son) peuple".
Les Américains s’en tiennent depuis des mois à une aide "non létale" à la rébellion, la Maison-Blanche refusant toute assistance militaire. Mais le gouvernement de Barack Obama a été divisé à l’été 2012 sur l’opportunité ou non d’armer la rébellion. Selon le Washington Post, les États-Unis envisagent un changement majeur de leur stratégie et pourraient fournir directement aux insurgés des gilets pare-balles, des véhicules blindés et des formations militaires. Avant Rome, Kerry avait rencontré à Berlin son homologue russe Sergueï Lavrov, dont le pays est le dernier grand soutien à Damas. Moscou a pressé cette semaine l’opposition et le régime syrien d’entamer un dialogue. Damas s’est dit prêt à discuter, même avec des groupes armés, une offre rejetée par la rébellion tant que Assad ne sera pas parti.

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Hollande espère une "solution politique" rapide
Le président français, François Hollande, a déclaré espérer une "solution politique" rapide pour mettre fin à l’escalade du conflit en Syrie, peu avant une rencontre au Kremlin jeudi à Moscou avec son homologue russe, Vladimir Poutine.
"Je pense que dans les prochaines semaines nous pourrons trouver une solution politique qui permettra de mettre fin à l’escalade du conflit" en Syrie, a déclaré François Hollande dans une interview à la radio Echo de Moscou, selon des propos traduits du russe. Le président français a ajouté avoir "constaté des progrès" en faveur d’un dialogue politique entre le régime de Damas et l’opposition. "Beaucoup dépend de la position du président Poutine", a-t-il dit en référence au rôle de la Russie, un des derniers soutiens du régime d’Assad, qui insiste sur la nécessité d’un dialogue entre le pouvoir et l’opposition.
François Hollande, qui effectue sa première visite en Russie en tant que chef de l’État, a indiqué qu’il comptait aborder lors de ses entretiens avec Vladimir Poutine dans l’après-midi la transition politique en Syrie et le départ du président Bashar el-Assad. "Nous allons discuter de cette question et j’espère qu’on pourra établir un dialogue concernant la transition du pouvoir en Syrie", a-t-il dit.
François Hollande a réaffirmé que la France demandait le départ du président Assad, comme d’autres pays occidentaux, alors que la Russie estime que seuls les Syriens doivent décider du sort de leur pays. "Nous comprenons très bien que l’opposition syrienne s’élargit et devient de plus en plus légitime, elle prend ses responsabilités pour l’avenir du pays. Et cette opposition ne peut pas envisager un dialogue avec Bashar el-Assad", a-t-il dit. Un responsable de la Coalition de l’opposition syrienne a déclaré le 15 février que tout dialogue en vue d’une solution au conflit devait exclure le président Assad et les piliers de son régime, estimant qu’ils devaient être "punis pour ce qu’ils ont commis". La révolte en Syrie a fait près de 70 000 morts en deux ans, selon l’ONU.
Lundi, le régime du président Assad s’est dit pour la première fois prêt au dialogue avec les rebelles armés pour mettre fin au conflit, mais ces derniers ont rejeté toute négociation avant le départ du chef de l’État et le retrait de l’armée des villes. La Russie, seule grande puissance à encore entretenir des relations étroites avec Damas à qui elle livre des armes, a récemment invité à Moscou le chef de la Coalition de l’opposition syrienne, Ahmed Moaz, et insiste beaucoup sur la nécessité d’un dialogue entre les deux parties. La Russie a jusqu’ici bloqué, avec la Chine, tous les projets de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant le régime du président Assad.

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