Plus de 40 000 Syriens fuient leur pays chaque semaine et le total
des exilés passera probablement le million dans moins d’un mois, a
déclaré mercredi António Guterres, haut-commissaire de l’ONU pour les
réfugiés, devant le Conseil de sécurité. Pour le moment, 936 000
réfugiés syriens ont été recensés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Leur nombre a été multiplié par trente depuis avril.
"Nous nous attendons à avoir 1,1 million de réfugiés syrien d’ici juin.
Si les choses continuent à s’accélérer de cette façon, il faudra moins
d’un mois pour atteindre ce chiffre. Rien que la nuit dernière, 4 585
personnes ont fui le pays vers la seule Jordanie", a-t-il déploré. "Le
nombre de réfugiés est stupéfiant, mais il ne donne pas la pleine mesure
de la tragédie. Les trois quarts sont des femmes et des enfants.
Beaucoup ont perdu des membres de leur famille. La plupart ont tout
perdu", a-t-il souligné.
Valerie Amos, secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires
également entendue mercredi par le Conseil de sécurité, a quant à elle
invité les pays donateurs ayant pris des engagements lors de la
conférence du 30 janvier au Koweït à débloquer les fonds. Sur le
milliard et demi de dollars promis, seuls 200 millions ont effectivement
été versés, a-t-elle précisé. "Il s’agit d’une crise qui dépasse
complètement nos capacités. Je suis extrêmement inquiète de son coût
croissant. Nous avons sollicité 1,5 milliard de dollars pour les six
prochains mois. Ce chiffre n’est déjà plus d’actualité", a-t-elle
poursuivi.
Zainab Hawa Bangura, représentante spéciale de l’ONU chargée de la
question des violences sexuelles commises en période de conflit, a quant
à elle fait état d’exactions à grande échelle. "Les violences
sexuelles, en particulier pour les hommes et les garçons, sont un moyen
d’obtenir des informations en cas d’arrestation", a-t-elle souligné.
Bachar Djaafari, ambassadeur de Syrie à l’ONU, a promis que Damas ferait
le nécessaire pour que les auteurs de ces crimes soient remis à la
justice.
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Rome accueille une réunion internationale pour doper l’opposition
Une réunion internationale des Amis du peuple syrien se tient jeudi à
Rome entre onze pays et l’opposition syrienne, en présence du secrétaire
d’État américain John Kerry qui a plaidé la veille pour doper l’aide à
la rébellion et hâter la transition politique. Le chef de la diplomatie
américaine doit rencontrer pour la première fois le chef de la Coalition
de l’opposition syrienne, Ahmed Moaz al-Khatib, à 8 heures, avant des
entretiens avec des représentants de dix autres pays (Royaume-Uni,
France, Allemagne, Italie, Turquie, Égypte, Jordanie, Arabie saoudite,
Qatar et Émirats arabes unis) qui soutiennent les opposants au président
Bashar el-Assad. Des points de presse de Kerry et Khatib sont
programmés à la mi-journée.
L’activité diplomatique sur la Syrie s’est intensifiée cette semaine
avec le premier voyage à l’étranger du nouveau secrétaire d’État. La
communauté internationale a mis Damas et l’opposition sous pression pour
qu’il amorce des négociations afin de trouver une issue à la guerre,
qui a fait 70 000 morts en deux ans. En visite à Paris mercredi, Kerry a
déclaré aux côtés de son homologue Laurent Fabius "étudier les moyens
d’accélérer la transition politique" en Syrie. Washington réclame le
départ de Assad. Par ailleurs, sur le terrain, "l’opposition a besoin de
davantage d’aide (...) dans les zones libérées", a martelé le ministre
américain, sans dire quelle assistance serait apportée.
Les Amis du peuple syrien à Rome est le point d’orgue de la tournée en
Europe de Kerry et il a réussi à convaincre Khatib de revenir sur son
boycott de ce rendez-vous. Le chef de l’opposition voulait protester
contre l’inaction internationale face au conflit. Khatib a dit avoir
finalement accepté de venir après que les États-Unis et le Royaume-Uni
ont "promis des aides spécifiques pour soulager la souffrance de (son)
peuple".
Les Américains s’en tiennent depuis des mois à une aide "non létale" à
la rébellion, la Maison-Blanche refusant toute assistance militaire.
Mais le gouvernement de Barack Obama a été divisé à l’été 2012 sur
l’opportunité ou non d’armer la rébellion. Selon le Washington Post, les
États-Unis envisagent un changement majeur de leur stratégie et
pourraient fournir directement aux insurgés des gilets pare-balles, des
véhicules blindés et des formations militaires. Avant Rome, Kerry avait
rencontré à Berlin son homologue russe Sergueï Lavrov, dont le pays est
le dernier grand soutien à Damas. Moscou a pressé cette semaine
l’opposition et le régime syrien d’entamer un dialogue. Damas s’est dit
prêt à discuter, même avec des groupes armés, une offre rejetée par la
rébellion tant que Assad ne sera pas parti.
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Hollande espère une "solution politique" rapide
Le président français, François Hollande, a déclaré espérer une
"solution politique" rapide pour mettre fin à l’escalade du conflit en
Syrie, peu avant une rencontre au Kremlin jeudi à Moscou avec son
homologue russe, Vladimir Poutine.
"Je pense que dans les prochaines semaines nous pourrons trouver une
solution politique qui permettra de mettre fin à l’escalade du conflit"
en Syrie, a déclaré François Hollande dans une interview à la radio Echo
de Moscou, selon des propos traduits du russe. Le président français a
ajouté avoir "constaté des progrès" en faveur d’un dialogue politique
entre le régime de Damas et l’opposition. "Beaucoup dépend de la
position du président Poutine", a-t-il dit en référence au rôle de la
Russie, un des derniers soutiens du régime d’Assad, qui insiste sur la
nécessité d’un dialogue entre le pouvoir et l’opposition.
François Hollande, qui effectue sa première visite en Russie en tant que
chef de l’État, a indiqué qu’il comptait aborder lors de ses entretiens
avec Vladimir Poutine dans l’après-midi la transition politique en
Syrie et le départ du président Bashar el-Assad. "Nous allons discuter
de cette question et j’espère qu’on pourra établir un dialogue
concernant la transition du pouvoir en Syrie", a-t-il dit.
François Hollande a réaffirmé que la France demandait le départ du
président Assad, comme d’autres pays occidentaux, alors que la Russie
estime que seuls les Syriens doivent décider du sort de leur pays. "Nous
comprenons très bien que l’opposition syrienne s’élargit et devient de
plus en plus légitime, elle prend ses responsabilités pour l’avenir du
pays. Et cette opposition ne peut pas envisager un dialogue avec Bashar
el-Assad", a-t-il dit. Un responsable de la Coalition de l’opposition
syrienne a déclaré le 15 février que tout dialogue en vue d’une solution
au conflit devait exclure le président Assad et les piliers de son
régime, estimant qu’ils devaient être "punis pour ce qu’ils ont commis".
La révolte en Syrie a fait près de 70 000 morts en deux ans, selon
l’ONU.
Lundi, le régime du président Assad s’est dit pour la première fois prêt
au dialogue avec les rebelles armés pour mettre fin au conflit, mais
ces derniers ont rejeté toute négociation avant le départ du chef de
l’État et le retrait de l’armée des villes. La Russie, seule grande
puissance à encore entretenir des relations étroites avec Damas à qui
elle livre des armes, a récemment invité à Moscou le chef de la
Coalition de l’opposition syrienne, Ahmed Moaz, et insiste beaucoup sur
la nécessité d’un dialogue entre les deux parties. La Russie a jusqu’ici
bloqué, avec la Chine, tous les projets de résolution du Conseil de
sécurité de l’ONU condamnant le régime du président Assad.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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