Alors que Carla del Ponte, membre de la commission d’enquête de
l’ONU, a demandé que la justice internationale soit saisie des crimes de
guerre commis en Syrie, le président Bashar el-Assad s’est dit certain
de la victoire de ses troupes contre les rebelles. L’Union européenne ne
s’est pas prononcée sur une levée de l’embargo sur les armes réclamée
par Londres, mais a prolongé de trois mois les sanctions contre la
Syrie. Sur le terrain, les rebelles continuent leur avancée vers
l’aéroport d’Alep et la base aérienne militaire de Nairab, attenante,
selon une ONG syrienne et une source militaire, les loyalistes
bombardant les zones insurgées dans ce secteur du nord du pays.
Se montrant tout aussi inflexible qu’au début de la révolte, le
président Bachar el-Assad a affirmé avoir la "certitude" de pouvoir
gagner la guerre, des propos tenus devant des hommes politiques libanais
et repris lundi par un quotidien pro-syrien à Beyrouth. "Nous avons la
certitude de gagner", a dit Bashar el-Assad, soulignant, selon le
journal As-Safir, les "exploits politiques et militaires" du régime.
"Cela ne veut pas dire que tout est réglé, nous avons encore beaucoup à
faire en politique et dans le combat contre les groupes terroristes
extrémistes", a-t-il ajouté. Le régime de Bashar el-Assad assimile les
rebelles à des terroristes et les accuse d’être financés et soutenus par
l’étranger, en particulier par l’Arabie saoudite, le Qatar et la
Turquie. En 23 mois, le conflit a fait 70 000 morts, selon l’ONU.
À Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont décidé de
prolonger jusqu’à fin mai les sanctions contre Damas et de "fournir un
soutien non létal plus important et une assistance technique pour la
protection des civils". Sur fond de profondes divergences entre les
capitales sur l’opportunité d’assouplir l’embargo sur les armes à
destination des rebelles, les Européens se donnent ainsi trois mois
supplémentaires pour régler cette question, tout en renouvelant leur
soutien à la Coalition de l’opposition syrienne.
Devant l’horreur des violences qui ont coûté la vie à 70 000 personnes
et poussé à l’exode des centaines de milliers de réfugiés, Carla del
Ponte a affirmé à Genève qu’il était temps de "mettre en route la
justice" internationale. Elle a suggéré de saisir la Cour pénale
internationale en présentant un nouveau rapport de la commission
d’enquête indépendante de l’ONU dénonçant l’escalade des crimes de
guerre commis aussi bien par le régime que les rebelles. Selon elle, "il
est incroyable que le Conseil de sécurité de l’ONU n’ait pris aucune
décision" depuis deux ans.
L’ex-procureur a rappelé que la commission avait dressé une liste,
gardée secrète, des responsables de crimes de guerre en Syrie. Dans ce
nouveau rapport, la commission, créée en 2011 et qui n’a jamais pu se
rendre en Syrie, condamne les deux protagonistes pour les crimes de
guerre, tout en soulignant que le camp gouvernemental reste le principal
responsable des atrocités. Lundi, les rebelles se sont emparés d’un
barrage militaire sur la route de l’aéroport international d’Alep, dans
le cadre de la "bataille des aéroports" dans la zone, rapporte
l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). L’armée syrienne a
affirmé de son côté qu’elle se préparait à "nettoyer" dans les 48
prochaines heures la zone tenue par les insurgés.
Selon l’OSDH, les rebelles se sont emparés d’un dépôt de carburant
proche des aéroports d’Alep avant de s’en retirer après de féroces
combats. Le 12 février, les rebelles ont lancé une offensive dans la
région d’Alep pour tenter de neutraliser le principal atout du régime :
sa puissance de feu aérienne. Pour la journée du lundi, l’OSDH, qui
s’appuie sur un réseau de militants et de médecins à travers le pays,
recense dans un bilan provisoire 94 morts dans les violences à travers
le pays.
**
Moscou accélère ses manoeuvres en vue d’une évacuation de Russes
La Russie a affrété mardi deux avions vers la Syrie qui pourraient
rapatrier des Russes dans la journée et annoncé l’envoi de quatre
navires de guerres supplémentaires en mer Méditerranée pour une
éventuelle évacuation de plus grande ampleur de ses ressortissants.
Deux avions russes du ministère des Situations d’urgence, un
Iliouchine-62 et un Iliouchine-76, avec à bord 46 tonnes d’aide
humanitaire, ont décollé dans la matinée de la banlieue de Moscou en
direction de l’aéroport de Lattaquié, sur la côte nord-ouest du pays.
Cette région est un bastion du président syrien Bashar al-Assad.
Le ministère a informé que les deux appareils pouvaient ramener des
ressortissants de Russie désireux de quitter le pays en proie à une
guerre civile depuis près de deux ans.
Des sources au sein de la communauté russe de Syrie, citées par l’agence
Interfax, ont indiqué que 150 personnes pourraient repartir à bord de
ces avions.
Quasiment au même moment, le ministère russe de la Défense a indiqué
qu’il allait envoyer quatre navires de guerre supplémentaires "en
mission opérationnelle" en mer Méditerranée, sans donner plus de détails
sur la teneur de cette mission.
Les navires de transport de troupes Kaliningrad, Chabaline, Saratov et
Azov doivent rejoindre le patrouilleur Smetlivyi et d’autres navires de
ravitaillement déjà sur place, a précisé le ministère, cité par les
agences russes.
Mais une source militaire, citée par Ria Novosti, a pour sa part déclaré
que leur principale tâche pourrait être d’évacuer des citoyens russes
de Syrie.
"Même si les missions de ces navires de guerre russes n’ont pas été
révélées, compte-tenu du développement de la situation dans la région et
de la présence parmi ces bateaux de gros navires de transport de
troupes, on peut supposer que la principale tâche de la marine russe
sera de participer à une évacuation des citoyens russes de Syrie", a
déclaré cette source.
Le 23 janvier, la Russie avait déjà rapatrié 77 Russes habitant en Syrie
à bord de deux avions affrétés par le ministère des Situations
d’urgence pour apporter de l’aide humanitaire. Mais ces appareils
avaient atterri à Beyrouth et non en Syrie. Les personnes évacuées,
essentiellement des femmes et des enfants, avaient rejoint la capitale
libanaise par la route.
Des observateurs avaient alors supposé que Moscou se préparait à une
évacuation de grande ampleur, signe que la Russie, un des derniers
allées de Damas auquel elle vend toujours des armes, reconnaît que les
jours de Bashar al-Assad au pouvoir sont comptés.
Mais la diplomatie russe s’était empressée de nier qu’il s’agissait du
début d’un rapatriement massif. Elle avait indiqué que Moscou pourrait
envoyer d’autres avions à l’avenir et permettre à ses ressortissants le
désirant de rentrer en Russie.
Huit mille Russes sont enregistrés au consulat en Syrie, selon l’agence
publique Ria Novosti, mais il y a jusqu’à 25.000 femmes russes mariées à
des Syriens dans le pays.
La révolte populaire contre le régime de Bashar al-Assad, déclenchée en
mars 2011, s’est militarisée au fil des mois face à la répression. Les
violences ont fait environ 70.000 morts en 23 mois selon l’ONU.
Seule grande puissance à encore entretenir des relations étroites avec
Damas, la Russie s’oppose à toute ingérence dans le conflit. Elle a
jusqu’ici bloqué, avec la Chine, tous les projets de résolution du
Conseil de sécurité de l’ONU condamnant Bashar al-Assad.
Se montrant tout aussi inflexible qu’au début de la révolte, ce dernier a
affirmé lundi avoir la "certitude" de pouvoir gagner la guerre, alors
que sur le terrain, les rebelles continuent leur avancée vers l’aéroport
d’Alep et la base aérienne militaire de Nairab, attenante, selon une
ONG syrienne et une source militaire.
Carla del Ponte, membre de la commission d’enquête de l’ONU, a de son
côté demandé que la justice internationale soit saisie des crimes de
guerre commis dans le pays.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire