La Cisjordanie risque-t-elle de s’embraser, un mois avant la venue de
Barack Obama au Proche-Orient ? Les accrochages entre militaires
israéliens et manifestants palestiniens sont de plus en plus fréquents.
Cela se passe devant la prison militaire israélienne d’Ofer, près de
Ramallah, à Hébron ou à proximité de Naplouse. À l’origine de cette
recrudescence de tension, la grève de la faim entamée il y a plusieurs
mois par quatre Palestiniens détenus en Israël. Samer Issaoui, dont
l’état de santé est très préoccupant, et Aymane Charawneh avaient été
relâchés en octobre 2011, lors de l’échange de prisonniers palestiniens
contre le soldat Gilad Shalit. Quelques mois plus tard, ils sont de
nouveau arrêtés.
Selon les autorités israéliennes, ils auraient violé les conditions de
leur libération. Jaafar Ezzeddine et Tariq Qaadane ont été emprisonnés
il y a trois mois dans le cadre de la détention administrative,
c’est-à-dire sans inculpation ni jugement. Une disposition renouvelable
tous les six mois, sans date butoir. Selon l’organisation israélienne
des droits de l’homme B’Tselem, il y aurait actuellement plus de 4 500
Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.
Jusqu’à présent, le gouvernement israélien est resté sourd aux appels
lancés par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui, tout en en
exprimant son inquiétude quant au sort des prisonniers grévistes de la
faim, a demandé qu’ils soient inculpés et jugés ou libérés. Même son de
cloche de la part de la France, qui a appelé Israël à "être sensibleºau
risque d’une issue tragique" et à "prendre d’urgence les mesures
appropriées". Pour Catherine Ashton, ministre des Affaires étrangères de
l’Union européenne, "Israël se doit de respecter ses obligations
internationales en matière de droits de l’homme".
Cette agitation croissante se déroule dans un contexte difficile. Le
processus de paix est dans une impasse totale depuis plusieurs années,
alors que les colonies juives se développent en Cisjordanie et à
Jérusalem-Est. L’Autorité autonome de Mahmoud Abbas connaît une crise
financière gravissime. Les salaires de ses 100 000 fonctionnaires sont
versés sporadiquement, en fonction du transfert de fonds par les
donateurs internationaux. Mais la générosité s’est tarie au fil des
années. La plupart des pays arabes n’ont pas tenu leurs promesses. Et
les États-Unis, pourtant parrain du processus de négociations, ne
versent toujours pas les 500 millions de dollars promis. Ils sont
bloqués au Congrès par la droite républicaine. Et Salam Fayyad, Premier
ministre palestinien, n’exclut pas la faillite pure et simple. D’autant
plus que le gouvernement Netanyahou retient régulièrement les diverses
taxes qu’il perçoit pour le compte de l’Autorité autonome. Certains
commentateurs n’hésitent pas à évoquer le caractère inéluctable d’une
troisième Intifada.
(22-02-2013 - Assawra)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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