Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a réussi à convaincre lundi
l’opposition syrienne et son chef de participer à une réunion
internationale prévue jeudi à Rome avec onze pays afin de "décider des
prochaines étapes" qui permettraient de mettre fin à la guerre.
Les premières 24 heures passées à Londres d’une tournée marathon de dix
jours de M. Kerry en Europe et dans des pays arabes a été totalement
dominée par la crise syrienne. Cela devrait encore être le cas mardi à
Berlin, où le secrétaire d’Etat est arrivé lundi soir.
Publiquement et en coulisses, la diplomatie américaine s’est acharnée
pendant deux jours à persuader le chef de la Coalition de l’opposition
syrienne, Ahmed Moaz al-Khatib, de revenir sur sa décision annoncée
samedi de boycotter la réunion des Amis du peuple syrien le 28 février à
Rome.
Ce rendez-vous est le point d’orgue du premier voyage du secrétaire d’Etat John Kerry.
Les efforts ont payé puisque M. Khatib a annoncé in extremis lundi soir
sur sa page Facebook que sa Coalition se rendrait finalement dans la
capitale italienne. D’après lui, MM. Kerry et Hague ont "promis des
aides spécifiques pour soulager la souffrance de notre peuple".
Pour convaincre M. Khatib de faire le voyage à Rome, M. Kerry a même dû
prendre son téléphone dans l’avion qui l’emmenait de Londres à Berlin,
selon un haut responsable du département d’Etat.
"J’appelle l’opposition syrienne à se joindre à nous pour des raisons
pratiques, pour nous informer", avait déclaré à la mi-journée le chef de
la diplomatie américaine au cours d’une conférence de presse avec son
homologue britannique, William Hague.
"C’est le bon moment pour nous pour réfléchir à ce que nous pouvons
faire de plus", avait assuré John Kerry, sans être plus précis.
Washington s’en tient depuis des mois à une aide "non létale" à la
rébellion syrienne, mais l’administration de Barack Obama a été divisée
pendant l’été 2012 sur l’opportunité ou non d’armer l’opposition
syrienne.
"Je veux que nos amis au sein de la Coalition de l’opposition syrienne
sachent que nous ne venons pas à Rome simplement pour parler. Nous
allons à Rome pour prendre une décision sur les prochaines étapes", a
insisté M. Kerry, qui avait parlé il y a quelques jours d’une initiative
"diplomatique" pour mettre fin à une conflit qui a fait 70 000 morts en
près de deux ans, selon l’ONU.
En menaçant de boycotter la réunion de Rome, M. Khatib voulait dénoncer
le "silence international sur les crimes" commis par le régime de Damas,
après des tirs meurtriers de missiles contre Alep (nord).
M. Kerry les a condamnés avec force, y voyant "une nouvelle preuve qu’Assad doit partir".
"Face à de tels meurtres et à la menace d’instabilité, notre politique ne peut pas rester inchangée", a renchéri William Hague.
Lundi dernier, Londres avait plaidé à Bruxelles en faveur d’un
assouplissement de l’embargo européen sur les armes à destination des
rebelles, mais n’a pas obtenu gain de cause, l’Union européenne décidant
d’autoriser un "soutien non létal" plus important à l’opposition et de
se donner trois mois supplémentaires, jusqu’à fin mai, pour trancher la
question des armes.
La Syrie devrait aussi monopoliser l’étape berlinoise de M. Kerry avec
un face-à-face mardi avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, dont le
pays est l’un des derniers soutiens au régime du président Bashar
al-Assad.
"Nous avons le sentiment que la Russie peut jouer un rôle crucial pour
convaincre le régime (syrien) (...) de la nécessité d’une transition
politique", a plaidé un responsable du département d’Etat, qui ne table
toutefois pas sur une "grande percée" à l’issue de cette rencontre
bilatérale.
M. Lavrov a averti, en recevant lundi à Moscou son homologue syrien
Walid al-Mouallem, qu’il n’y avait "aucune alternative acceptable au
règlement politique par un dialogue entre le gouvernement et
l’opposition".
M. Mouallem a répondu que Damas était "prêt au dialogue avec tous ceux qui veulent le dialogue, y compris les groupes armés".
"Il me semble plutôt difficile de comprendre comment —quand vous voyez
des missiles Scud tomber sur des innocents à Alep— on peut croire très
sérieusement qu’ils sont prêts au dialogue", a fustigé M. Kerry.
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Kerry rencontre Lavrov à Berlin pour trouver une issue au conflit
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry rencontre mardi à Berlin son
homologue russe Sergueï Lavrov pour tenter de trouver une issue en
Syrie, à deux jours d’une réunion internationale à Rome à laquelle le
chef de la diplomatie américaine a convaincu l’opposition syrienne de
participer.
Ces tractations diplomatiques en Europe se déroulent au moment où le
régime du président Bashar al-Assad se dit prêt, pour la première fois, à
dialoguer avec les rebelles armés pour mettre fin à la guerre. Cette
offre de négociations a toutefois été rejetée par les insurgés tant qu'Assad restera au pouvoir.
M. Kerry effectue jusqu’au 6 mars sa première tournée à l’étranger de
ministre des Affaires étrangères et profite de l’étape berlinoise pour
rencontrer en tête-à-tête M. Lavrov. Les deux hommes se connaissent du
temps où le nouveau secrétaire d’Etat était président de l’influente
commission des Affaires étrangères du Sénat.
Dernière grande puissance à entretenir des liens étroits avec Damas à
qui elle livre des armes, Moscou a bloqué, avec Pékin, les trois projets
de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU contre la Syrie.
Washington a fustigé pendant des mois l’intransigeance russe, avant
d’adoucir un peu ses critiques. Un responsable du département d’Etat a
ainsi expliqué aux journalistes accompagnant M. Kerry que "la Russie
peut jouer un rôle crucial pour convaincre le régime (syrien) (...) de
la nécessité d’une transition politique".
Le diplomate américain ne compte cependant pas sur une "percée majeure" à l’issue du face-à-face Kerry-Lavrov.
Le Russe a d’ailleurs averti, en recevant lundi à Moscou son homologue
syrien Walid al-Mouallem, qu’il n’y avait "aucune alternative acceptable
au règlement politique par le dialogue entre le gouvernement et
l’opposition".
Le conflit a fait, selon l’ONU, 70.000 morts depuis mars 2011, mais
M. Lavrov a répété que c’était au peuple syrien de "décider de son sort,
sans intervention extérieure".
La Coalition de l’opposition syrienne réclame justement davantage à la
communauté internationale et menaçait depuis samedi de boycotter la
réunion des Amis du peuple syrien à Rome jeudi. Ce rendez-vous entre des
opposants syriens et les 11 pays qui les soutiennent doit être le point
d’orgue de la tournée de M. Kerry en Europe et dans des pays arabes.
Au terme de 36 heures de déclarations et de tractations en coulisses,
le secrétaire d’Etat a réussi lundi soir à persuader au téléphone le
chef de la Coalition, Ahmed Moaz al-Khatib, de faire le voyage à Rome.
M. Khatib a assuré qu’il irait finalement en Italie —et un responsable
du département d’Etat l’a confirmé— parce que M. Kerry et son homologue
britannique William Hague avaient "promis des aides spécifiques pour
soulager la souffrance de notre peuple".
"Je veux que nos amis du Conseil de l’opposition syrienne sachent que
nous ne venons pas à Rome simplement pour parler. Nous allons à Rome
pour prendre une décision sur les prochaines étapes (...), même si je
tiens à souligner que la politique des Etats-Unis est de rechercher une
solution politique", avait déclaré auparavant à Londres M. Kerry, aux
côtés de M. Hague.
En prenant ses fonctions début février, le secrétaire d’Etat avait évoqué une prochaine initiative "diplomatique" sur la Syrie.
Washington s’en tient depuis des mois à une aide "non létale" à la
rébellion syrienne, mais l’administration de Barack Obama a été divisée
pendant l’été 2012 sur l’opportunité ou non d’armer l’opposition
syrienne.
Les 27 de l’Union européenne ont également de profondes divergences sur
un assouplissement de l’embargo sur les armes pour les opposants
syriens.
Londres avait plaidé pour, mais sans succès : le 18 février, l’UE a
accordé un "soutien non létal" plus conséquent aux rebelles, se donnant
jusqu’en mai pour trancher sur la levée de l’interdiction de livrer des
armes.
En attendant, le régime syrien, par la voix du ministre des Affaires
étrangères Walid al-Mouallem a déclaré être "prêt au dialogue avec tous
ceux qui veulent le dialogue, y compris les groupes armés". Mais le chef
d’état-major de l’armée rebelle en Syrie, Sélim Idriss, a rétorqué
qu’il négocierait seulement "après l’arrêt de toutes les tueries et le
retrait de l’armée des villes" et après le départ d'Assad.
لافروف : المتطرفون يسيطرون على المعارضة السورية ويعرقلون الحوار
أعلن وزير الخارجية الروسي سيرغي لافروف أن المتطرفين يسيطرون في صفوف
المعارضة السورية بما فيها "الائتلاف الوطني"، وهم يعرقلون الحوار.
وقال لافروف في مؤتمر صحافي مشترك مع نظيره الهولندي فرانس تيميرمانس في
موسكو، "يبدو أن المتطرفين تغلبوا في صفوف المعارضة، بما فيها الائتلاف
الوطني السوري المعارض، وهم يراهنون على الحل العسكري لحل الأزمة السورية
ويعرقلون أية مبادرات تؤدي إلى بدء الحوار".
وأضاف "بدا لنا منذ أيام أن الظروف لجلوس الأطراف إلى طاولة المفاوضات باتت
جليّة أكثر، وظهرت أصوات لصالح هذا الحوار دون شروط مسبقة؛ ثم تم إنكار
هذه المواقف".
وأعرب لافروف عن قلق موسكو "من استمرار الوضع الراهن"، لافتاً إلى أن
"العديد من ممثلي المجتمع الدولي يتفقون على ضرورة التأثير على الحكومة
والمعارضة، وإقناعهما بعدم التقدم بطلبات غير واقعية كشروط مسبقة لبدء
الحوار".
وأعلن وزير الخارجية الروسي أنه سيبحث الملف السوري خلال لقائه مع نظيره
الأميركي جون كيري المقرر عقده في برلين، مضيفاً "بدا لي من مكالمتنا
الهاتفية الأخيرة أنه يدرك حدة الوضع".
("روسيا اليوم")
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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