Les autorités libyennes ont promis d’accélérer les réformes, à
l’occasion du deuxième anniversaire de la révolte populaire qui a
renversé en 2011 le régime de Muammar Kadhafi, sur fond de craintes de
violences dans un pays en proie à l’insécurité.
Des feux d’artifice et des chants révolutionnaires ponctuent depuis
vendredi des célébrations spontanées dans toutes les villes du pays,
tandis que des avions de chasse et hélicoptères de l’armée survolent
régulièrement le ciel de la capitale.
Les festivités se déroulent sous haute surveillance, les autorités ayant
mis en garde une nouvelle fois contre les tentatives de partisans de
l’ancien régime de profiter de l’occasion pour "semer le chaos".
Les services de sécurité, l’armée et d’anciens rebelles ont été
mobilisés pour sécuriser les villes libyennes, où les points de contrôle
ont été multipliés. Le gouvernement a fermé les frontières terrestres
durant quatre jours et suspendu plusieurs vols internationaux.
Le clou des célébrations officielles a été un rassemblement dimanche sur
la place Tahrir à Benghazi, bastion de la révolution, en présence de
Mohamed al-Megaryef, président de l’Assemblée nationale, la plus haute
autorité du pays.
Les accès à la place ont été fermés à la circulation dès l’aube et des
dizaines de membres des services de sécurité et de l’armée surveillaient
le périmètre, a constaté un journaliste de l’AFP.
M. Megaryef a rendu hommage aux "martyrs de la révolution" et aux "vrais
révolutionnaires" qui ont combattu le régime de Kadhafi.
Il a toutefois reconnu que le pays faisait face à de nombreux défis, notamment au niveau de la sécurité.
"Le chaos sécuritaire coûte énormément au pays", en empêchant notamment
le retour des sociétés étrangères qui ont quitté la Libye lors de la
révolution, a-t-il déclaré devant quelques centaines de personnes.
Il a promis d’accélérer la rédaction de la Constitution ainsi que les
réformes dans les domaines de la justice et de la réconciliation
nationale. M. Megaryef a promis de mettre fin à la marginalisation de
plusieurs régions en Libye, en particulier dans l’est, et d’améliorer le
niveau de vie des habitants.
"Le gouvernement n’épargnera aucun effort pour consolider la
souveraineté, l’indépendance et la stabilité du pays", a déclaré de son
côté le Premier ministre Ali Zeidan, dans un discours à la télévision
nationale, soulignant que "toutes les dispositions seront prises en
faveur d’une décentralisation du pouvoir".
Les responsables libyens réagissaient aux appels à des manifestations
contre les autorités, lancés par plusieurs groupes et organisations de
la société civile, dont des partisans du fédéralisme dans l’est du pays,
qui ont décidé finalement de reporter leurs mouvements de protestation,
par crainte des violences.
A Benghazi, l’ambiance festive spontanée n’a pas empêché des
manifestants de critiquer les nouvelles autorités, appelant en
particulier "à corriger le processus de la révolution" et réclamant plus
de décentralisation du pouvoir.
Selon les protestataires, les nouvelles autorités n’ont pas avancé dans
la réalisation des "objectifs de la révolution". Le nouveau régime a
tardé selon eux à mettre en place une justice, relancer l’économie et
rédiger une Constitution.
Le militant des droits humains Nasser Houari a ainsi déploré le fait que
"la démocratie, que réclament les Libyens est encore un objectif
lointain".
Il a estimé que "les milices armées (contrôlaient) des organes de l’Etat
et (étaient) devenues partie prenante du processus de prise de
décision", ce qui représente, selon lui "le plus grand danger auquel
fait face le pays".
Organisés en milices, les "thowar" (révolutionnaires), qui ont combattu
les forces de Muammar Kadhafi jusqu’à la mort de l’ancien dirigeant le
20 octobre 2011, sont considérés comme responsables de l’insécurité
ambiante et comme une entrave au processus de reconstruction de l’Etat.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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