lundi 18 février 2013

Libye : le pouvoir promet des réformes au deuxième anniversaire de la révolution

Les autorités libyennes ont promis d’accélérer les réformes, à l’occasion du deuxième anniversaire de la révolte populaire qui a renversé en 2011 le régime de Muammar Kadhafi, sur fond de craintes de violences dans un pays en proie à l’insécurité.
Des feux d’artifice et des chants révolutionnaires ponctuent depuis vendredi des célébrations spontanées dans toutes les villes du pays, tandis que des avions de chasse et hélicoptères de l’armée survolent régulièrement le ciel de la capitale.
Les festivités se déroulent sous haute surveillance, les autorités ayant mis en garde une nouvelle fois contre les tentatives de partisans de l’ancien régime de profiter de l’occasion pour "semer le chaos".
Les services de sécurité, l’armée et d’anciens rebelles ont été mobilisés pour sécuriser les villes libyennes, où les points de contrôle ont été multipliés. Le gouvernement a fermé les frontières terrestres durant quatre jours et suspendu plusieurs vols internationaux.
Le clou des célébrations officielles a été un rassemblement dimanche sur la place Tahrir à Benghazi, bastion de la révolution, en présence de Mohamed al-Megaryef, président de l’Assemblée nationale, la plus haute autorité du pays.
Les accès à la place ont été fermés à la circulation dès l’aube et des dizaines de membres des services de sécurité et de l’armée surveillaient le périmètre, a constaté un journaliste de l’AFP.
M. Megaryef a rendu hommage aux "martyrs de la révolution" et aux "vrais révolutionnaires" qui ont combattu le régime de Kadhafi.
Il a toutefois reconnu que le pays faisait face à de nombreux défis, notamment au niveau de la sécurité.
"Le chaos sécuritaire coûte énormément au pays", en empêchant notamment le retour des sociétés étrangères qui ont quitté la Libye lors de la révolution, a-t-il déclaré devant quelques centaines de personnes.
Il a promis d’accélérer la rédaction de la Constitution ainsi que les réformes dans les domaines de la justice et de la réconciliation nationale. M. Megaryef a promis de mettre fin à la marginalisation de plusieurs régions en Libye, en particulier dans l’est, et d’améliorer le niveau de vie des habitants.
"Le gouvernement n’épargnera aucun effort pour consolider la souveraineté, l’indépendance et la stabilité du pays", a déclaré de son côté le Premier ministre Ali Zeidan, dans un discours à la télévision nationale, soulignant que "toutes les dispositions seront prises en faveur d’une décentralisation du pouvoir".
Les responsables libyens réagissaient aux appels à des manifestations contre les autorités, lancés par plusieurs groupes et organisations de la société civile, dont des partisans du fédéralisme dans l’est du pays, qui ont décidé finalement de reporter leurs mouvements de protestation, par crainte des violences.
A Benghazi, l’ambiance festive spontanée n’a pas empêché des manifestants de critiquer les nouvelles autorités, appelant en particulier "à corriger le processus de la révolution" et réclamant plus de décentralisation du pouvoir.
Selon les protestataires, les nouvelles autorités n’ont pas avancé dans la réalisation des "objectifs de la révolution". Le nouveau régime a tardé selon eux à mettre en place une justice, relancer l’économie et rédiger une Constitution.
Le militant des droits humains Nasser Houari a ainsi déploré le fait que "la démocratie, que réclament les Libyens est encore un objectif lointain".
Il a estimé que "les milices armées (contrôlaient) des organes de l’Etat et (étaient) devenues partie prenante du processus de prise de décision", ce qui représente, selon lui "le plus grand danger auquel fait face le pays".
Organisés en milices, les "thowar" (révolutionnaires), qui ont combattu les forces de Muammar Kadhafi jusqu’à la mort de l’ancien dirigeant le 20 octobre 2011, sont considérés comme responsables de l’insécurité ambiante et comme une entrave au processus de reconstruction de l’Etat.

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