dimanche 17 février 2013

Tunisie : le président de la Ligue de protection de la révolution démissionne

Le président de la Ligue de protection de la révolution (LPR), Mohamed Maalej, un groupe accusé d’être une milice brutale liée au parti islamiste Ennahda au pouvoir en Tunisie, a démissionné afin de former un parti politique, a indiqué samedi l’organisation. "Le bureau exécutif a accepté la démission du président de la LPR, Mohamed Maalej", a indiqué cette organisation sur sa page Facebook, soulignant que ce dernier comptait former un parti politique. Elle ne donne aucune autre précision.
La LPR, créée en mai 2012 pour "défendre les acquis de la révolution", est largement considérée par la société civile et l’opposition comme une milice aux méthodes brutales favorable aux islamistes au pouvoir. Une large frange de la classe politique tunisienne et de nombreuses ONG appellent depuis des mois à la dissolution de cette organisation, une mesure que bloquent Ennahda et le Congrès pour la République (CPR) du président Moncef Marzouki.
Selon des médias tunisiens et des opposants, elle fait partie des suspects dans l’assassinat de l’opposant anti-islamiste Chokri Belaïd le 6 février, un crime qui a plongé la Tunisie dans sa plus grave crise depuis la révolution qui a renversé le pouvoir de Zine el-Abidine Ben Ali en janvier 2011. La LPR est aussi accusée de plusieurs attaques retentissantes, comme le lynchage en octobre 2012 de Lotfi Naguedh, représentant de Nida Tounes (opposition laïque) et l’attaque contre le siège du principal syndicat, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) début décembre.

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Les islamistes donnent de la voix
Des milliers de partisans du parti islamiste Ennahda, au pouvoir, manifestaient samedi dans le centre de Tunis pour défendre le droit de leur mouvement à diriger le pays qui traverse sa pire crise politique depuis la révolution de janvier 2011. "Dieu est le plus grand", "Avec la légitimité et pour l’unité nationale", "Le peuple veut Ennahda de nouveau", "Le peuple veut un Ennahda en acier", a notamment scandé la foule sur l’avenue centrale Habib-Bourguiba, haut lieu de la révolution.
Les manifestants, dont les rangs ne cessent de grossir, brandissent des dizaines d’étendards du parti islamiste, de drapeaux nationaux, ainsi que quelques bannières noires de la mouvance salafiste. La manifestation, prévue pour durer jusqu’à 15 heures (16 heures locales), vise à défendre le droit d’Ennahda à diriger le pays alors que le Premier ministre, Hamadi Jebali, essaye depuis le 6 février et l’assassinat de l’opposant anti-islamiste Chokri Belaïd de former un gouvernement apolitique, contre l’avis de ce parti dont il est le numéro deux.
Ce meurtre a plongé le pays dans une profonde crise politique en raison de l’incapacité des partis à s’entendre sur un nouveau cabinet et de trouver les tueurs de l’opposant. Après avoir rencontré les chefs des principaux partis, Hamadi Jebali a annoncé vendredi de nouvelles consultations lundi sur son initiative, reportant sine die la composition du gouvernement, dont l’annonce était prévue samedi, et prolongeant la crise politique dans le pays.
La manifestation de samedi est la seconde à l’initiative d’Ennahda depuis l’assassinat. La première avait lieu le 9 février avec une mobilisation de seulement 3 000 personnes, alors que les funérailles de l’opposant anti-islamiste la veille avaient réuni des dizaines de milliers de personnes.

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