samedi 23 février 2013

Syrie : L’opposition syrienne va former un gouvernement pour gérer les zones "libérées"

L’opposition syrienne a annoncé vendredi son intention de former un gouvernement chargé de gérer les territoires contrôlés par les rebelles en Syrie, dont la deuxième ville, Alep, a été frappée par plusieurs missiles, faisant au moins douze morts et des dizaines de blessés. Ces nouvelles violences interviennent au lendemain de la mort à Damas d’une centaine de personnes dans une série d’attentats qualifiée de "crime de guerre" par le médiateur de l’ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi. "Nous nous sommes mis d’accord sur la nécessité de former un gouvernement pour gérer les affaires dans les territoires libérés", a annoncé Walid al-Bounni, porte-parole de la Coalition nationale de l’opposition, réunie au Caire. La Coalition se réunira le 2 mars pour décider de la composition de ce cabinet et choisir son chef, a-t-il ajouté.
M. Bounni a espéré que ce gouvernement puisse être basé dans les territoires aux mains des rebelles, qui contrôlent de larges secteurs du nord et de l’est du pays. L’opposition était réunie depuis jeudi pour discuter notamment de la proposition de son chef, Ahmed Moaz al-Khatib, d’entamer des discussions directes avec des représentants du régime n’ayant pas "de sang sur les mains". M. Khatib avait précisé que tout dialogue devait nécessairement porter sur le départ du président Bashar el-Assad. Le régime syrien avait répliqué en se disant prêt à dialoguer avec l’opposition, mais sans "conditions préalables".
L’offre de M. Khatib avait reçu l’aval des États-Unis, de la Ligue arabe et des deux alliés de la Syrie, la Russie et l’Iran. Mais le Conseil national syrien (CNS), principale composante de la Coalition que préside M. Khatib, l’a rejetée en bloc. M. Brahimi a suggéré dimanche au Caire qu’un dialogue entre l’opposition et une délégation "acceptable" du régime de Damas se tienne dans un siège de l’ONU. Il a en outre appelé jeudi la Russie et l’Iran à faire pression sur leur allié syrien en vue de s’asseoir à la table du dialogue, des propos rejetés vendredi par Damas qui a estimé que la Syrie était un pays "souverain".
Sur le terrain, trois missiles tirés sur le quartier de Tariq al-Bab, dans l’est d’Alep (nord), ont tué au moins 12 civils, dont des enfants, et fait au moins 50 blessés, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui s’appuie sur un large réseau de militants et de sources médicales civiles et militaires à travers la Syrie. Dans une vidéo diffusée sur YouTube par des militants, un nuage de fumée dense s’élevait du quartier après la chute du premier missile. "Des missiles sol-sol", crie notamment une voix. Lundi, 33 personnes, dont 15 enfants, avaient été tuées et des dizaines d’autres blessées par la chute d’un missile sur un autre quartier d’Alep, selon l’ONG. Ces attaques interviennent au lendemain d’un attentat à Damas près de l’entrée du siège du parti Baas, au pouvoir depuis un demi-siècle, et de trois autres ayant visé des sièges des services de sécurité, selon l’OSDH.
M. Brahimi a dénoncé un "crime de guerre", parlant d’un bilan d’environ 100 morts et 250 blessés. L’OSDH avait fait état de 83 morts. Plusieurs attentats ayant frappé ces derniers mois Damas avaient été revendiqués par les djihadistes du Front Al-Nosra. Comme tous les vendredis depuis le début de la révolte, en mars 2011, de nombreux Syriens ont bravé les violences à travers le pays pour manifester contre le régime. Reporters sans frontières a en outre annoncé vendredi qu’un reporter-photographe français indépendant, Olivier Voisin, avait été grièvement blessé fin janvier dans le nord de la Syrie et se trouvait dans un état critique dans un hôpital turc.

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