Plus de 300 civils, dont des femmes et des enfants, ont été enlevés en
deux jours dans le nord-ouest de la Syrie, des rapts à caractère
confessionnel sans précédent depuis le début du conflit il y a bientôt
deux ans, ont rapporté samedi une ONG et des habitants.
Dans le même temps, de violents combats entre rebelles et troupes du
régime de Bashar al-Assad se poursuivaient samedi autour de plusieurs
aéroports, notamment militaires, dans la région d’Alep (nord), selon
l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Les enlèvements, impliquant pour la première fois un grand nombre de
femmes et d’enfants, ont commencé jeudi. Plus de 40 civils des villages
chiites d’al-Fuwa et Kafraya dans la région d’Idleb ont d’abord été
kidnappés par un groupe armé, puis plus de 70 personnes originaires de
villages sunnites ont été enlevées en représailles par des groupes
pro-régime.
Plus tard, des dizaines de sunnites ont été enlevés dans d’autres
localités de la région par des groupes pro-régime, a précisé l’OSDH.
"En deux jours, le nombre de personnes enlevées a augmenté jusqu’à
dépasser les 300 personnes", a affirmé Rami Abdel Rahman, président de
l’ONG qui s’appuie sur un large réseau de militants et de médecins.
La majorité des rebelles combattant le régime sont des sunnites, tandis
que le clan d'Assad est alaouite, une branche du chiisme.
Un habitant du village d’al-Foua a fait état de l’enlèvement de
centaines de sunnites après celui de plus de 40 chiites, tout en
précisant que les femmes et enfants sunnites avaient été ensuite
libérés. Selon lui, les rapts sont fréquents dans la région et les
victimes sont souvent libérées dans un échange.
Les enlèvements sont quasi-quotidiens depuis la militarisation du
conflit déclenché en mars 2011 par une révolte populaire durement
réprimée, mais l’ampleur de ces rapts est sans précédent, estime l’OSDH
qui dénonce un "crime de guerre".
"Il n’y a plus d’autorité centrale, et en particulier dans cette région", dit-il.
A l’est d’Alep, deuxième ville du pays, des affrontements violents ont
éclaté à la mi-journée aux abords de l’aéroport militaire de Kuweirés,
accompagnés d’intenses bombardements et raids aériens des troupes
loyalistes, a précisé l’OSDH.
Des combats intermittents secouaient aussi les abords de l’aéroport
international d’Alep et l’aéroport militaire d’al-Naïrab tout proche,
d’après l’ONG.
Le 12 février, les rebelles ont lancé "la bataille des aéroports" dans
la région d’Alep, afin de neutraliser la puissance de feu aérienne du
régime, son principal atout dans sa guerre contre les insurgés.
Ces derniers, bien moins équipés, sont parvenus à contrôler l’aéroport
militaire de Jarrah, la base aérienne de Hassel et la base 80, chargée
de la sécurité de l’aéroport d’Alep et de celui de Naïrab, à l’est
d’Alep. Ils assiègent également l’aéroport militaire de Mingh, au nord
de la ville. Leur but principal est de prendre le contrôle de l’aéroport
international.
En Turquie voisine, des manifestants ont protesté à Ankara dans deux
rassemblements distincts contre le déploiement de missiles américains
Patriot près de la frontière syrienne et contre "le soutien" de la Chine
à Assad.
"Chassons les Etats-Unis et l’Otan de notre pays et de notre région",
ont-ils scandé. L’Otan a accepté en décembre le déploiement de missiles
Patriot pour soutenir son allié turc après que des obus tirés de Syrie
sont tombés du côté turc de la frontière, tuant cinq civils.
Alors que l’opposition syrienne a réaffirmé que tout dialogue en vue
d’une solution en Syrie devrait exclure Assad et les piliers de son
régime, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a prôné
également une action en Syrie pour favoriser une transition sans
M. Assad.
Le changement en Syrie, où environ 70.000 personnes ont péri en près de
deux ans de conflit selon l’ONU, devrait être "une transition où le
président Assad n’aura pas sa place", a dit M. Le Drian.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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