mercredi 20 février 2013

Syrie : angoissés, les réfugiés ont du mal à laisser leur vie derrière eux

Amal, 18 ans, refuse d’entrer en Jordanie après être descendue d’un bus chargé de réfugiés syriens qui vient d’arriver à la frontière : elle est inquiète de la nouvelle vie qui l’attend et regrette d’avoir abandonné son perroquet à la maison.
"Je veux retourner à la maison pour retrouver mon perroquet. Soit je rentre, soit j’entre (en Jordanie) avec mon perroquet", insiste la jeune fille auprès de sa mère, avant qu’on la persuade de franchir la frontière, sans son animal de compagnie.
Amal a fui la Syrie en guerre à la faveur de la nuit, comme des dizaines de civils, en majorité des femmes et des enfants, escortés par des rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) qui combattent le régime de Bashar al-Assad.
Les réfugiés sont accueillis par des bus de l’armée jordanienne, des ambulances et des camions-citernes remplis d’eau qui stationnent à la frontière.
"Les réfugiés entrent en Jordanie par 45 points de passage le long de la frontière de 375 km", déclare le chef des gardes-frontières jordaniens, le brigadier Hussein Zayud, lors d’une visite de nuit d’un groupe de photographes.
"Plus de 89.000 réfugiés, parmi lesquels 2.786 blessés, sont arrivés en Jordanie depuis le début de l’année", ajoute-t-il.
Epuisés et couverts de poussière après avoir fui en emportant avec eux le peu qu’ils pouvaient, les réfugiés syriens se recroquevillent dans le froid glacial, attendant leur transfert au camp de Zaatari.
Situé en plein désert, le camp héberge déjà plus de 80.000 personnes et des émeutes y ont plusieurs fois éclaté en raison des mauvaises conditions de vie.
Lundi soir, une fillette de sept ans est morte après que sa tente a pris feu, déclenchant la colère des résidents.
"Nous rassemblons les réfugiés dans des petites maisons des villages frontaliers, avant de les emmener en groupe en Jordanie", explique à l’AFP un membre de l’ASL, Abu Chafiq.
A un point de passage situé près du village jordanien de Wehdeh Dam, les rebelles syriens ont dû utiliser des bateaux pour faire traverser les réfugiés, après des pluies torrentielles qui ont inondé les routes.
Même si le brigadier Zayud nie toute collaboration avec l’ASL, les rebelles eux saluent "la grande coopération" de la Jordanie.
"Nous sommes en contact avec les gardes-frontière jordaniens pour faire passer en toute sécurité des réfugiés et pour la prise en charge des blessés", affirme Imad Abu Zreiq, autre combattant de l’ASL.
Les rebelles de l’ASL ont aidé les réfugiés à transporter leurs maigres possessions, les accompagnant jusqu’à l’autre côté de la frontière.
"Les Forces armées jordaniennes ont dépensé plus de 250 millions de dinars (353 millions de dollars) pour aider à l’accueil des réfugiés syriens et nous nous attendons à un doublement de ce chiffre, parce qu’ils continuent d’affluer", estime le brigadier Zayud.
La Jordanie accueille désormais quelque 340.000 réfugiés syriens, dont plus de 200.000 enregistrés auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
"A plus d’une reprise, l’armée (du régime) syrien a bombardé notre territoire, visant les réfugiés. Nous avons riposté, mais certains de nos soldats ont été blessés", indique le brigadier Zayud sans autre détails.
L’ONU s’attend à ce que le nombre de Syriens réfugiés dans les pays voisins double, pour atteindre un total de 1,1 million d’ici juin.

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Moscou met en garde contre une "destruction mutuelle"
La Russie a mis en garde mercredi le régime syrien et les rebelles contre la poursuite de leur conflit militaire qui mènera à "une destruction mutuelle".
"Aucune des parties en conflit ne peut se permettre de miser sur une solution militaire. C’est une voie qui ne mène nulle part, une voie vers la destruction mutuelle", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov au cours d’une conférence de presse.
"Il est temps de mettre un terme à ce conflit long de deux ans", a-t-il poursuivi.
"Nous voyons des signaux positifs, une tendance vers le dialogue de la part du gouvernement et de la part de l’opposition", a d’ailleurs noté le chef de la diplomatie russe.
Le vice-ministre des Affaires étrangères Guennadi Gatilov a annoncé mardi que le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem se rendrait à Moscou le 25 février pour tenter de trouver une issue à la crise, ajoutant que la date pour des négociations séparées avec l’opposition syrienne n’avait pas encore été fixée.
La Russie, un des derniers soutiens du régime syrien auquel elle livre des armes, s’oppose à toute ingérence dans le conflit, qui a fait, selon l’ONU, près de 70.000 morts depuis son commencement il y a près de deux ans.
Seule grande puissance à encore entretenir des relations étroites avec Damas, la Russie a jusqu’ici bloqué, avec la Chine, tous les projets de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant le président Bashar al-Assad.

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