mercredi 1 avril 2015

Yémen: Des dizaines de civils tués dans le bombardement d'une laiterie

Au moins 37 civils ont été tués tôt mercredi dans le bombardement, à l'origine indéterminée, d'une laiterie de l'ouest du Yémen, au septième jour de la campagne aérienne de la coalition militaire arabe contre des rebelles chiites soutenus par l'Iran.
Ce lourd bilan est venu confirmer les inquiétudes d'organisations humanitaires sur le sort des civils de ce conflit, marqué aussi ces dernières heures par une intensification des attaques à Aden, la grande ville du sud.
40 civils avaient déjà péri lundi dans un raid contre un camp de déplacés dans le nord-ouest, une attaque imputée à la coalition dirigée par l'Arabie Saoudite qui a admis que des "dommages collatéraux pouvaient se produire".
Le bombardement de la laiterie a fait "37 morts et 80 blessés" parmi les employés, a déclaré le gouverneur de Hodeida, Hassan Ahmed al-Haï, sans préciser si l'usine avait été touchée par un raid de la coalition ou par des tirs des rebelles chiites Houthis qui tiennent une position proche.
Le directeur des services de santé de la province, Abdel Rahmane Jarallah, a indiqué à l'AFP que "35 personnes étaient mortes et des dizaines d'autres blessées".
Selon le médecin de garde de l'hôpital où ont été conduites les victimes, les employés ont été victimes de l'explosion d'un réservoir de gaz touché par un bombardement.
Une partie de l'usine a été détruite et des recherches étaient en cours mercredi pour tenter de dégager d'autres victimes éventuelles, a-t-il précisé à l'AFP.
Les circonstances exactes de ce bombardement restent imprécises. Des témoins ont affirmé que des Houthis avaient tiré des obus en direction de l'usine après que leur position proche a été visée par un raid aérien de la coalition.
D'autres, au contraire, ont indiqué que la laiterie avait été touchée par un missile tiré par un avion. Un officier basé à Hodeida, qui n'a rallié ni les Houthis ni les forces loyales au président, a écarté la thèse d'un raid aérien.
Le bombardement de Hodeida a coïncidé avec une intensification des raids de la coalition, notamment à Aden.
L'aviation et la marine ont bombardé tôt des positions rebelles dans ce grand port du sud, après une nuit de raids contre de nombreux autres objectifs notamment dans la capitale Sanaa.
Le principal objectif à Aden est un complexe de l'administration provinciale à Dar Saad, à l'entrée nord de la ville, dont s'étaient emparés les Houthis, a indiqué à l'AFP un officier resté loyal au président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié en Arabie Saoudite.
Il a évoqué de "nombreux morts et blessés" parmi les Houthis, tout en se disant incapable d'avancer un bilan précis.
Le QG de la 5ème Brigade, loyale à l'ex-président Ali Abdallah Saleh allié aux Houthis, a été visé dans le nord d'Aden, ainsi que l'aéroport international, dans le centre-ville, selon la même source.
Les supplétifs de l'armée, fidèles au président Hadi et qui sont appelés "Comités populaires", ont fait prisonniers 26 rebelles pendant des combats dans Aden, a assuré un de leurs chefs.
Ailleurs, l'aviation de la coalition a pris pour cible dans la nuit des camps de la Garde républicaine (pro-Saleh) dans les environs de Sanaa et dans la région d'Ibb (centre), selon des habitants. Plusieurs positions des Houthis ont été également visées dans les provinces de Hajja et de Saada, des fiefs de la milice chiite dans le nord du Yémen.
Dans la nuit, six civils ont péri dans un raid aérien visant le port de Maydi dans la province de Hajja (nord-ouest), selon des sources médicales.
Les agences des Nations unies et plusieurs organisations humanitaires se sont inquiétées mardi du prix payé par les civils dans ce conflit où les belligérants n'hésitent pas à se mêler à la population.
Ces agences et ONG ont donné de nombreux exemples de pertes civiles durant la première semaine d'hostilités, l'Unicef évoquant notamment la mort de 62 enfants.
A cela s'ajoute la difficulté d'acheminer de l'aide et des médicaments dans un pays où l'espace aérien reste très risqué et où les ports sont bloqués par la marine de la coalition qui veut empêcher que des armes soient livrées aux rebelles, notamment depuis l'Iran.
Les conditions de vie se sont notamment dégradées à Aden, la deuxième ville du pays, affectée par des coupures d'électricité et d'eau et où les vivres commencent à manquer.

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